Nathalie présidente (de l’UMP) ?

NKM : une ambition (Photo AFP)

Ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet, vient d’annoncer sa candidature à la présidence de l’UMP. Son nom s’ajoute à une liste qui risque d’être longue. L’ancien Premier ministre, François Fillon, est lui aussi candidat et Jean-François Copé ne fait pas mystère de ses intentions. D’autres personnalités, parmi lesquelles Alain Juppé et Bruno Le Maire, ancien ministre de l’Agriculture pourraient entrer dans une compétition qui s’annonce disputée.

NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET est jeune, brillante (ses propos dans « L’Express » de la semaine dernière étaient remarquables de cohérence) et dispose d’un pedigree considérable. Elle représente à elle seule, si l’UMP ressemblait au PS, un courant différent de celui de M. Fillon ou de M. Copé. Sans rien renier de son soutien à Nicolas Sarkozy, elle apporte, en matière d’éthique politique, de laïcité, de tolérance à l’égard des minorités, des idées fortes et rebelles au compromis. Elle a consacré un livre à son aversion pour le Front national qui a tout fait, mais en vain, pour l’empêcher d’être réélue députée de Longjumeau. C’est donc une survivante : elle semblait condamnée par la radicalisation d’une campagne électorale particulièrement violente, elle émerge de la bataille comme une sage capable d’avoir le dernier mot.

Il nous semble qu’elle a raison au moins sur un point (mais aussi sur d’autres) : les conseillers les plus proches de M. Sarkozy, les Patrick Buisson, les Henri Guaino, les Emmanuelle Mignon l’ont engagé dans une voie sans issue. Ils ont mis au point une stratégie électorale, reprendre au Front les voix qui manquaient à l’UMP, qui, pour avoir été efficace en 2007, ne pouvait duper ceux que Marine Le Pen a fascinés. Aller dans le sens de l’extrême droite, c’était dénaturer la droite, même si beaucoup de militants et de d’élus UMP qui travaillent sur le terrain rapportent la droitisation croissante des électeurs ; c’était aussi faire des mamours à un mouvement qui a juré de détruire l’UMP et de la remplacer ; c’était oublier le centre, qui a bien du mal à exister dans les chiffres mais n’en représente pas moins un courant fort en France.

La sensibilité politique de Mme Kosciusko-Morizet ne saurait être écartée de l’évolution politique de l’UMP dont on sait qu’elle a relativement bien résisté au changement voulu et obtenu par la gauche : l’écart entre le président sortant et le président élu était faible et il n’y a pas eu de déferlante socialiste à l’Assemblée, même si le PS a remporté la majorité absolue. Aussi bien Jean-François Copé a-t-il accueilli avec sérénité et même avec une joie contenue (plus il y a de candidats, moins la position de M. Fillon sera forte) l’annonce de la candidature de Mme Kosciusko-Morizet à la présidence du parti.

D’autres candidatures en vue.

Il est peu probable, toutefois, que l’ancienne ministre parvienne à ses fins. M. Copé dispose de puissants réseaux et son leadership n’est pas contesté par les élus UMP. M. Fillon est en tête dans les sondages et bénéficie du prestige de ses anciennes fonctions. C’est lui, en outre, qui a su réparer les pots cassés quand les élus se sont rebellés contre les propos ou attitudes indifférents ou méprisants de M. Sarkozy à l’égard de ses propres troupes. Et, bien entendu, si la jeune ancienne ministre fait acte de candidature, elle donnera des idées à d’autres jeunes anciens ministres, par exemple Bruno Le Maire ou François Baroin, dont l’appétit de pouvoir n’est pas inférieur au sien.

La question est moins de savoir si Mme Kosciusko-Morizet parviendra à se faire élire que    que si sa candidature influencera le mouvement et favorisera un rassemblement indispensable avec les centristes. Comme Jean-François Copé l’a fait remarquer à François Fillon, il ne s’agit pas, pour le moment, de désigner le candidat à la présidence de la République en 2017, mais de donner un mandat (pour trois ans) à un homme capable d’unir un parti qui vient de subir une lourde défaite et de l’élargir à d’autres courants politiques. Bien entendu, tout le monde sait que, derrière la bataille pour direction de l’UMP, il y a des ambitions encore plus grandes dont ne se cachent, d’ailleurs, ni M. Copé, ni M. Fillon.

RICHARD LISCIA

 

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2 réponses à Nathalie présidente (de l’UMP) ?

  1. Bernard RIPOLL dit :

    qui est Mr COPPE ?

    • admin dit :

      Jean-François Copé est secrétaire général de l’UMP. Merci à ce lecteur de nous rappeler qu’il faut toujours indiquer le titre et les fonctions des personnalités dont en parle, ce que, par distraction, nous avons omis de faire cette fois-ci.

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