Ni TVA, ni CSG

Le père de la réforme
(Photo AFP)

Le ministre des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies a confirmé aujourd’hui ce que disait hier Jérôme Cahuzac : il n’y aura pas de hausse de la CSG en 2013. Ce qui laisse perplexe quant aux 33 milliards d’euros que le gouvernement doit trouver l’an prochain pour  ramener le déficit budgétaire à 3%.

CERTES, M. Cahuzac a promis qu’il s’emploierait à diminuer la dépense publique, ce qui aurait dû être fait déjà, plutôt que de réformer la réforme des retraites et de distribuer des cadeaux correspondant aux promesses électorales. Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a augmenté les impôts de quelque 7,5 milliards pour  atteindre l’objectif budgétaire de 2012 dans le cadre d’un collectif qui doit être voté aujourd’hui par l’Assemblée nationale. Il taxe les heures supplémentaires et la participation, ce qui n’apparaît pas, au premier coup d’oeil, comme généreux à l’égard des travailleurs. Les efforts, ou plutôt les pistes sur lesquelles travaillerait le gouvernement, ne sont pas convaincants. On pense par exemple qu’il existe un gisement d’économies substantielles dans une réorganisation des territoires,  en supprimant les préfectures qui ont moins leur raison d’être depuis la décentralisation. Laquelle a ajouté de nouvelles  strates de dépenses. Aussi bien, les préfets diront qu’il faut commencer par diminuer le nombre d’élus et de salariés des collectivités territoriales. Si le gisement est là, il ne sera pas facile à forer.

Les difficultés qui attendent Jean-Marc Ayrault sont considérables. Il ne les sous-estime pas, mais il croit fermement en sa bonne étoile, sous le prétexte que François Hollande aurait apporté aux Français un certain apaisement et une forme de sérénité. Ils sont, à n’en pas douter, sensibles à une façon de gouverner beaucoup plus calme et digne que celle de Nicolas Sarkozy. Mais ils ont eu l’occasion de s’inquiéter quand Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, s’est livré à une sorte d’agression contre PSA. On ne dresse plus les citoyens contre les corps constitués, mais on a fait des riches des parias, alors qu’ils sont indispensables au développement économique. On peut craindre les comportements, évasion fiscale, exil, refus d’entreprendre ou d’investir auxquels l’amertume peut les conduire. Tout n’est pas aussi réjouissant que le président Hollande, qui va par monts et par vaux serrer des pinces et pratiquer l’art de la conversation avec ses administrés, veut bien nous le faire croire.

Question de vie ou de mort financière.

Il ne suffit pas que le chef de l’État nous répète à satiété qu’il est conscient des difficultés financières de la France. Il ne suffit qu’il dresse de ses 70 premiers jours un bilan positif, apaisement national, rôle européen fort depuis qu’il a obtenu son pacte de croissance, justice sociale sous la forme d’un matraquage contre les riches et de quelques babioles offertes aux pauvres. Il ne suffit pas davantage que M. Cahuzac ou M. Vidalies affirment qu’ils n’augmenteront pas la CSG après avoir aboli la hausse de la TVA. Il faut qu’ils nous disent comment ils vont trouver 33 milliards en 2013 (c’est une question de vie ou de mort financière) et s’ils sont en mesure de prendre des décisions susceptibles de créer des emplois alors que le taux de chômage atteint les 10%.

Mais non. Les emplois qu’ils vont créer dans la justice, la police et l’éducation aggraveront les déficits publics. Les contrats de génération coûteront beaucoup d’argent. Et, sans reprocher à M. Montebourg de ne pas accomplir la tâche dont il a été chargé, car elle est insurmontable, on peut lui demander s’il est capable d’amorcer la réindustrialisation du pays ou s’il ne va pas simplement courir comme un pompier derrière les incendies. Dans ce sombre tableau, ne voilà-t-il pas qu’on apprend que tout l’argent levé par le Grand emprunt n’a pas été dépensé et que, ô miracle, il reste 8 milliards, déjà mis à toutes les sauces dans le vaste imaginaire de nos gouvernants ? Cette somme-là serait la bienvenue pour relancer l’industrie automobile (après que M. Ayrault, imprudemment, a demandé des comptes à PSA au sujet des sommes prêtées par le gouvernement Fillon et que PSA a remboursées avec intérêts) ou pour les hôpitaux, très endettés. Il y avait donc du bon dans ce que faisait la droite ? On n’entendra pas cette phrase dans la bouche du président dont l’action la plus sûre, la plus déterminée, la plus acharnée depuis qu’il est entré à l’Élysée, a consisté à détruire tout ce qu’avait fait Nicolas Sarkozy, comme si la tâche nationale la plus urgente à accomplir était non seulement d’incinérer le cadavre mais de disperser les cendres.

RICHARD LISCIA

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