Le blues de la droite

Sarkozy en vacances
(Photo AFP)

La rentrée de la droite n’est pas plus excitante que celle de la majorité : la bataille pour la présidence de l’UMP risque de creuser des divisions qui inquiètent déjà les militants du mouvement, déjà sonnés par la défaite électorale. Il leur sera difficile de choisir entre François Fillon et Jean-François Copé, distincts par leurs styles plus que par leurs idées. 

COPÉ, FILLON, Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire sont candidats à la présidence de l’UMP qui fera l’objet, en novembre, d’un vote des 264 000 militants que compte le parti. Et la liste n’est pas close. On se doutait bien qu’il y aurait des primaires en 2016 pour désigner le candidat de la droite à la prochaine présidentielle, on n’avait pas idée qu’il faudrait départager les trop nombreux hommes forts (ou femmes fortes) qui considèrent que la présidence de l’UMP est le tremplin vers la magistrature suprême. En même temps, il ne faut pas dramatiser un processus qui, somme toute, est démocratique, juste et efficace. Tout le monde connaît les qualités et les défauts des candidats, qui ont besoin, chacun, de 8 000 parrainages pour pouvoir se présenter. Diable ! La recherche des soutiens risque d’être plus malaisée encore que celle des candidats à la présidence de la République.  Mais l’avènement d’un nouveau chef de l’UMP sera incontestable au terme  de la procédure.

L’exemple du PS.

Cette bataille au sein de la droite est-elle prématurée ? Les Français se sont largement convaincus que la présidentielle est la clé de tout l’exercice du pouvoir, qu’elle ne saurait être improvisée, qu’elle exige la légitimité irréfutable du candidat et que cette légitimité ne s’acquiert que par la multiplication des scrutins, internes ou nationaux. De ce point de vue, le PS a donné l’exemple. Et il l’a si bien fait que plus personne, à droite ou à gauche, ne discute plus la nécessité des primaires quand il n’y a pas de candidat « naturel ». Les militants socialistes, il y a quelques mois encore, ne craignaient-ils pas les divisions qu’entraînerait la primaire? Il n’y a donc aucune raison de croire que la lutte pour la présidence de l’UMP laissera le parti exsangue. Il faudra bien, tôt ou tard, que les battus se fassent une raison et rallient le président choisi, comme il faudra qu’ils se rallient au candidat qui sera désigné en 2016.

Ce raisonnement ne lève aucune des incertitudes sur ce qui va se passer dans les cinq ans à venir. Il est vrai que la raccourcissement du mandat présidentiel, passé de sept à cinq ans à partir de 2002, ne laisse aucun répit aux stratèges des partis. Mais personne ne peut dire aujourd’hui qui sera élu président de l’UMP en novembre, même si M. Fillon semble bénéficier d’une avance irrésistible. A fortiori, personne ne peut dire qui sera désigné candidat à la présidence par la droite. Pour commencer, Nicolas Sarkozy a-t-il renoncé à la politique ? On ne le voit certes pas se battre pour regagner la présidence de son parti. On ne le voit même pas participer un jour à une primaire. Mais on peut imaginer que, après s’être ennuyé dans les affaires ou le droit, il sera repris par le démon de la politique. Il est surprenant qu’il ait tenu, en plein mois d’août, à critiquer sévèrement la politique syrienne de François Hollande, lui qui n’a pas émis le moindre murmure pendant que le nouveau président taillait en pièces les réformes sarkozystes. Surprenant, mais bien joué. Car il s’est donné le beau rôle et a contraint le gouvernement à réactiver sa diplomatie, alors que que, sous Sarkozy, la France n’a en a pas fait plus pour la Syrie martyrisée que sous Hollande. Mais le loup est sorti du bois.

RICHARD LISCIA

 

 

 

 

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