Les Verts cassent la baraque

Daniel Cohn-Bendit
(Photo AFP)

On les savait incorrigibles, mais là, ils atteignent le comble de l’irresponsabilité : les Verts ont décidé de dire non au traité européen, ce qui a entraîné le départ de Daniel Cohn-Bendit (sans doute une fausse sortie) et l’exaspération des dirigeants de la majorité socialiste. Certes, le gouvernement n’a pas besoin de leurs voix au Parlement, qui est certain de faire adopter le traité par la plupart des députés socialistes et une bonne partie de la droite. Mais, au moment où la cote de popularité de François Hollande est en chute libre (moins 11 % en septembre selon un sondage IFOP pour le « le Journal du Dimanche »), cette défection embarrassante jette un doute supplémentaire sur la capacité du pouvoir à rassembler sa majorité.

DANIEL COHN-BENDIT, pro-européen partisan de la coopération franco-allemande ne pouvait qu’être ulcéré par cette nouvelle dérive de son propre camp. Il ne voulait pas être candidat à la présidence de la République, estimant que ce serait une mésaventure et qu’un bon accord électoral avec le PS suffisait. Il a été le premier à dire que la campagne d’Eva Joly finirait dans le mur. Il ne cessait de rappeler, à bon droit, que les Verts avaient remporté un beau succès lors des élections européennes et qu’ils devaient poursuivre dans une voie qui les crédibilisât. Dire qu’il est déçu par son propre parti, Europe Écologie les Verts, est un euphémisme.

Mais surtout, les écologistes ont pris une décision incompatible avec leur engagement aux côtés des socialistes. Ils ont passé un accord qui leur a permis, grâce à la générosité du PS, d’avoir plus de sièges à l’Assemblée qu’ils ne pouvaient en espérer. Les socialistes leur reprochent donc aujourd’hui leur ingratitude. Les écolos rétorquent que le traité européen ne faisait pas partie de sujets sur lesquels EELV et PS se sont entendus. Au nom de la pureté idéologique (le traité, à leurs yeux, n’accorde aucune part à la croissance et continue à faire le jeu des banques), ils retournent à leur défaut originel : ils sont une instance de débat, d’agitation d’idées, de liberté presque anarchique, de confrontation idéologique, ils ne forment pas un parti de gouvernement.

Une pantalonnade.

Ce qui est curieux, c’est que leur attitude injuste, et en somme sectaire, ne leur vaut aucun retour de bâton. Les ministres écologistes,  Cécile Duflot et Pascal Canfin, resteront en poste. Les dirigeants socialistes, sans cacher leur amertume, ne souhaitent pas en découdre avec eux. Daniel Cohn-Bendit est parti, mais il reviendra.  Nous avons donc un gouvernement qui soumet au Parlement un traité international désavoué par deux de ses membres, pour autant que la discipline de parti joue plus, pour ces deux ministres, que la discipline de gouvernement. Avec les Verts, rien n’est jamais grave, sauf leurs appels lancinants à priver la société française de tous les instruments de la modernité et de la croissance. Après tout, rien n’empêche Mme Duflot, qui n’était pas à la réunion des Verts de samedi dernier, ni M. Canfin de dénoncer la position de leur parti. Voilà pour le mouvement qui devait changer le monde et nous enseigner la nouvelle démocratie. Animés par l’ascétisme le plus rigoureux, par le renoncement presque théologique à la modernité, par la volonté impérieuse de nous dire comment nous devons vivre, ils nous offrent, comme pour affaiblir encore leur autorité, la plus ridicule des pantalonnades.

Si ce n’était que çà… M. Hollande ne parvient pas à freiner sa dégringolade dans les sondages d’opinion. Il ne tiendra pas ses engagements budgétaires s’il ne taxe pas excessivement la classe supérieure et la classe moyenne. Sa majorité craque de toutes parts. Son projet d’inverser la courbe du chômage dans un an est insoutenable. C’était si bon de conquérir le pouvoir et, quatre mois, plus tard, c’est si pénible de l’exercer !

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Les Verts cassent la baraque

  1. Herodote dit :

    Tout le monde sait que faire alliance avec les Verts en France, c’est comme marcher avec un caillou dans sa chaussure : plus il est petit plus il est incommode. On peut sautiller un moment mais la solution passe par le retrait de l’objet. Au delà de la « pantalonnnade » actuelle, si l’inaction devient un mode de gouvernement, le couple Hollande- Ayrault aura du mal à passer l’hiver.
    Voila un reproche qu’on ne peut faire au président Sarkozy.

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