Un sérieux revers pour Obama


Un débat à l’avantage de Romney
(Photo AFP)

De l’avis d’une majorité écrasante d’observateurs, Barack Obama a largement perdu son premier débat télévisé avec Mitt Romney. Si le débat en direct a montré le candidat républicain plus offensif, plus disert, plus efficace que son adversaire démocrate, la lecture des arguments invoqués par l’un et par l’autre ne changera rien à ce que pense l’électeur averti. Mais les électeurs avertis sont rares.

POURQUOI M. Obama a-t-il adopté une posture décente, trop calme, insuffisamment agressive à l’égard d’un rival tellement affaibli par d’incohérentes déclarations qu’il lui suffisait de l’achever? Mystère. Le président en exercice a répété le premier (sur trois au total) débat télévisé avec, pour sparring-partner, l’ancien candidat démocrate à la présidence, John Kerry. Mauvais  choix ? A-t-il reçu le conseil de ne perdre en aucun cas sa dignité présidentielle ? Croyait-il qu’il disposait d’une avance suffisante pour ne pas avoir à fournir d’efforts ? Aucune de ces explications ne nous convainc vraiment. M. Obama n’aura pas été bon, c’est entendu. Mais ce qui s’est vraiment passé pendant ce débat, c’est que Mitt Romney s’est recentré, en allant même jusqu’à défendre le principe de la régulation gouvernementale, idée détestée par le Tea Party. C’est probablement cette posture inattendue qui a déstabilisé M. Obama.

Les conséquences d’une mauvaise prestation.

On ne reviendra pas, dans cette courte chronique, sur les choix économiques et sociaux de chacun des deux candidats. M. Obama a défendu les classes moyennes et les pauvres, son projet d’assurance-maladie universelle, son bilan. M. Romney lui a fait porter tout le poids de la crise, alors qu’elle résulte de l’incroyable laxisme budgétaire et monétaire des républicains pendant les huit ans de George W. Bush. C’est sûr, les Américains ne sont pas plus heureux aujourd’hui qu’il y a quatre ans. Le tour était joué. On se perdra en conjectures sur l’incapacité de M. Obama à prévenir une argumentation dont il savait avec certitude que M. Romney l’utiliserait. La question ne porte plus sur ce qui s’est passé pendant le débat. Elle porte sur la préparation du prochain et du dernier. Elle porte sur les conséquences du match pour les chances du républicain ou du démocrate d’être élu.

Barack Obama bénéficiait, avant mercredi, d’une avance d’environ 4 points, en moyenne des sondages, sur Mitt Romney. Il semblait, en outre, en mesure de l’emporter dans les swing states, les États qui changent de couleur politique à chaque affrontement électoral et dont le comportement influe lourdement sur le résultat. Un débat ne suffit pas à inverser la tendance,  c’est sans doute ce que l’on se dit dans le camp démocrate qui a assisté à la confrontation avec douleur.

Nous nous en tiendrons, pour notre part, à l’analyse qui est la nôtre depuis le début de la campagne. Si Mitt Romney s’est recentré, est-ce pour emporter le match ou parce que, après une multitude de prises de position irréalistes, il a changé de programme ? Tout au long de son dialogue, il ne s’est pas contenté d’attaquer le bilan de son adversaire,  et s’il a fait quelques concessions à la régulation par l’État des discordances économiques, il a maintenu ses positions habituelles. Prenons un exemple : les assurances privées n’assurent pas, ou assurent très mal, une personne qui veut signer un contrat avec elle mais qui est déjà malade. Elles s’appuient sur le principe des conditions pré-existantes, c’est-à-dire sur leur droit à ne pas assurer un risque déjà établi. L’assurance universelle permettra, au contraire, à des millions de foyers, d’obtenir une couverture en dépit d’une grave maladie. Le pays le plus puissant du monde serait-il incapable de protéger sa population contre l’adversité ? Le débat qui agite les États-Unis est simplement inimaginable en Europe. Et la raison essentielle pour laquelle nous préférons M. Obama, c’est parce qu’il veut introduire dans la société américaine ce minimum de solidarité sans lequel les rapports sociaux sont violents. Car il y a de la violence dans le refus d’accorder à un  citoyen pauvre le droit de survivre à une maladie, quand un autre sera guéri parce qu’il a de l’argent.

Nous en conclurons que M. Obama, bien qu’il n’ait pas su foncer dans la polémique, n’en reste pas moins porteur d’espoir pour un peuple dont les fragments libéraux-jusqu’à-la-folie, le Tea Party, les banquiers qui font payer leurs pertes par les contribuables, les responsables de l’appauvrissement de la classe moyenne ou des guerres inutiles qui ont accumulé une dette insoutenable, sont représentés par Mitt Romney.

RICHARD LISCIA

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