Nobel de la paix : la foi dans l’Europe

Le drapeau européen
(AFP)

Le Comité du Nobel a remis le prix pour la Paix à l’Union européenne (UE). Le président du Comité, Thorbjoen Jagland, est un europhile convaincu, mais la Norvège, paradoxalement, n’est pas dans l’UE. Son gouvernement, tout en approuvant la décision du Comité Nobel, a répété aujourd’hui qu’il continuerait à rester en dehors de l’UE.

TOUTES LES ATTRIBUTIONS du prix Nobel de la Paix n’ont pas été judicieuses, par exemple celle qui a couronné Barack Obama alors qu’il avait à peine commencé à exercer le pouvoir. L’hommage que le Comité vient de rendre à la construction européenne a été en revanche salué dans le monde entier. Et pour cause : le Nobel a voulu encourager politiquement et renforcer moralement une entreprise géopolitique sans précédent. Il a voulu insister sur une démarche, fondée sur la seule imagination humaine, qui tend à réunir cinq cent millions de citoyens européens dont les ascendants n’ont cessé de se faire la guerre et qui, aujourd’hui tentent, malgré d’immenses difficultés, à se rassembler économiquement et politiquement. Le Nobel de la Paix, c’est un coup porté aux euro-sceptiques.

La crise renforce le projet européen.

Le moment choisi est essentiel : la crise, avec ses conséquences insupportables pour les Européens, a affaibli l’euro, la zone euro et l’Union. Elle a introduit le doute chez des peuples qui se demandent légitimement s’ils n’iraient pas mieux après avoir quitté l’Union. Elle a donné aux euro-sceptiques une tribune qui leur permet d’influencer les foules. Elle a entraîné la montée de l’intolérance et l’apparition de mouvements qui ont la nostalgie du fascisme ou de la xénophobie. Elle a fait reculer le respect des droits de l’homme. Elle a permis aux forces centrifuges anti-européennes d’exposer une théorie dangereuse de la réversibilité des acquis de l’Union et de l’ euro.

Le Nobel de la Paix amènera les peuples européens à y réfléchir deux fois avant de chercher leur salut dans le nationalisme et l’isolement. Il apporte à l’Europe une caution : les erreurs commises pendant la construction européenne, loin de créer, comme l’affirment ses adversaires, des difficultés qui auraient conduit à la crise, montrent que les obstacles seront franchis grâce à une intégration accrue. Encore une fois, c’est plus d’Europe qu’il nous faut. Couronnée par le Nobel, l’UE apparaîtra comme un rempart contre les tentations fasciste et anti-démocratique.

Le Nobel ridiculise les régimes semi-dictatoriaux qui ont émergé en Russie, en Ukraine, au Belarus, mélanges de totalitarisme nostalgique, de corruption et de course à l’argent facile au détriment d’une population constamment menacée de répression. Il stigmatise la montée des mouvements d’extrême droite en France, en Italie, en Hongrie, en Belgique, en Hollande et même en Finlande, dès lors que ces partis associent l’intolérance ou la xénophobie à leur rejet de l’Union. Il indique clairement que la construction européenne représente le projet historique le plus sensé, le plus utile, le plus complexe aussi, de tous les temps.

RICHARD LISCIA

 

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à Nobel de la paix : la foi dans l’Europe

  1. FifiHand dit :

    L’UE est victime de sa monnaie trop forte qui menace ses fondements. On
    Voit que l’euro trop fort ne profite qu’à une poignée de nantis et jette
    sur le pavé des centaines de milliers de pauvres. Donc la zone euro, au lieu de représenter
    un eldorado, n’est plus en fait qu’un guet-apens qui deviendra un enfer pour les peuples.
    C’est mon avis personnel, l’avenir nous le dira.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.