Hollande-Merkel : une longue nuit

 

Merkel et Hollande hier à Bruxelles
(Photo AFP)

Ce sommet européen, à Bruxelles, devait se dérouler dans un climat apaisé. C’était en effet une réunion de routine, pas de crise. Nous devions bénéficier des progrès accomplis dans la résolution de la crise de la zone euro. Le dîner des Vingt-Sept, rassemblés cette fois pour mettre au point une supervision bancaire de l’ensemble des 6 000 établissements de l’Union européenne, fut pourtant interminable.

LES PROPOS TENUS par François Hollande et Angela Merkel avant même leur rencontre laissaient prévoir un nouvel affrontement entre la France et l’Allemagne. La chancelière, en effet, insistait sur le renforcement de la discipline budgétaire avant de mettre en place une union bancaire. Le président français mettait l’accent sur l’urgence qu’il y a à empêcher, de façon structurelle, toute faillite de banque. Il précisait que « les temps électoraux » ne coïncidaient pas entre la France et l’Allemagne, manière de dire : « Je suis élu, alors que Mme Merkel, elle, doit gagner les élections générales de 2013 en Allemagne, et ce ne sera pas facile ». Bref, on butait sur un simple problème de timing, mais qui a son importance : car le compromis trouvé entre la France et l’Allemagne dans la nuit de jeudi à vendredi, laisse l’Europe exposée pendant toute une année encore à une défaillance des banques toujours possible.

La montée de l’euroscepticisme allemand.

Ce que révèle la nuit du 18 et 19 octobre, c’est que la chancelière est de plus en plus confrontée à l’euroscepticisme allemand. Logiquement, elle devrait applaudir des deux mains au contrôle, par une autorité supérieure, de la gestion des banques. La crise grecque a entraîné une méfiance croissante des Allemands à l’égard de partenaires européens qu’ils ne considèrent pas comme sérieux ou fiables. Mme Merkel doit en tenir compte si elle ne veut pas perdre les élections de 2013.

Elle s’est donc efforcée d’expliquer qu’il n’était pas possible d’adopter l’union bancaire dans les deux mois qui viennent, qu’il faudrait plusieurs mois pour installer l’organisme européen de contrôle et que, entretemps, il fallait renforcer la discipline budgétaire, c’est-à-dire la résorption des déficits publics. Ce qui, il est vrai, est tout aussi indispensable.

M. Hollande ne rentrera pas aujourd’hui à Paris en criant victoire. Il a, à la fois, insisté sur les différences franco-allemandes et sur le compromis qui a été conclu et permet à Mme Merkel de souffler un peu par rapport aux frondes intérieures. Sa stratégie européenne, avec le temps, se précise. En signant les yeux fermés le traité européen de cette année, en échange d’une relance économique avec des fonds existants, il a prêté le flanc aux attaques de ceux qui estiment qu’il a tout bonnement approuvé le texte négocié par Nicolas Sarkozy. On peut penser maintenant qu’il n’hésite plus à établir une distinction entre la France et l’Allemagne, qu’il n’y aura pas de couple franco-allemand dominateur ni de « Merkhollande » et que la France, comme elle le fait depuis quatre mois, renforcera le dialogue avec l’Italie et l’Espagne. Inversement, on peut penser que, par goût de l’apaisement, il finit toujours par s’entendre avec l’Allemagne.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Hollande-Merkel : une longue nuit

  1. vultaggio-lucas dit :

    Pourvu que ce ne soit qu’une longue nuit, mais le brouillard qui entoure tout cela, le flou dirait certaine dès lors qu’elle voit le lupus, laisse craindre que la démocratie en Europe ne soit plus qu’un lointain souvenir que les moins de vingt ans ne connaitront pas…

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