Le PS uni par l’adversité

Martine Aubry à Toulouse
(Photo AFP)

Réunis pendant trois jours au Congrès de Toulouse, les socialistes ont élu Harlem Désir premier secrétaire, ce qui n’aura surpris personne. Ils ont, aussi et surtout, exprimé leur soutien unanime à Jean-Marc Ayrault, Premier ministre quelque peu malmené, ces jours-ci, par les médias et par les couacs de son gouvernement.

ON NE S’ÉTENDRA PAS sur l’élection de Harlem Désir, plus imposé à la base que vraiment choisi par elle. Il fera du parti l’instrument docile de François Hollande, même si, dans son discours, il a érigé le PS en force de proposition. M. Désir a été préféré à Jean-Christophe Cambadélis, ancien strauss-kahnien, dont la pensée nous semble plus élaborée et en tout cas exprimée dans un langage moins superficiel que celui de la détestation pure et simple de Nicolas Sarkozy, des attaques répétées contre une droite pourtant reléguée dans l’opposition et de la réaffirmation permanente des vertus de la gauche à comparer avec les tares de ses adversaires. Bon nombre de militants socialistes, quand ils parlent sous le couvert de l’anonymat, n’hésitent pas à railler M. Désir, en qui ils voient un premier secrétaire plus accommodant pour le pouvoir que dangereux pour la droite.

Soutien massif à Ayrault.

Le soutien massif au Premier ministre est plus intéressant, au moins parce qu’il indique implicitement que M. Ayrault en a furieusement besoin. Il eût été inconcevable qu’il en fût autrement puisque la défense du chef du gouvernement protège en même temps le président, lequel n’aura trouvé, dans ce congrès, que des raisons de se réjouir, au moment où sa cote de popularité, comme celle du Premier ministre, atteint les profondeurs. Cependant, un congrès moins policé aurait soulevé diverses questions, non pas sur la communication du pouvoir, bien qu’elle accumule les contradictions, mais sur sa gestion, qui n’est guère convaincante dès lors que les dossiers les plus lourds, comme celui de la compétitivité française, sont remisés. S’il est logique que le PS aide le gouvernement issu de ses rangs, il n’est pas bon que tous les socialistes du pays s’auto-congratulent et nous présentent leur travail comme s’il ne méritait aucune critique.

En approuvant l’action du gouvernement Ayrault, Martine Aubry a exprimé une solidarité indispensable. Elle ne s’en est pas moins présentée comme une alternative distante au Premier ministre actuel, ce qui pourrait accentuer la dimension idéologique des choix faits par M. Hollande. Encore que l’on accorde trop d’importance au rôle joué par le chef du gouvernement. Il ne fait que traduire la volonté, plus autoritaire qu’on ne le croit, du président de la République. Dans ce refus de tenter quelques unes des solutions proposées par les différents acteurs de la société civile, sinon par la droite, il y a, chez M. Hollande, l’entêtement de celui qui a défini son action au préalable et ne veut pas la modifier au gré des événements. C’est le syndrome de la plupart des présidents, arrivés au pouvoir avec les méthodes qu’ils ont imaginées et qui sont censées laisser une marque dans l’histoire, alors que les problèmes qui surgissent exigent un traitement immédiat et adapté. L’autorité ne consiste pas à ignorer le sujet qui n’entre pas dans le schéma préparé. Elle consiste à le prendre à bras-le-corps et sans préjugé.

Une fiscalité trop lourde ? Promesse électorale. Le droit de vote des étrangers ? Idem. Le mariage homosexuel et surtout les questions de filiation qui s’ensuivent ?  Promesse électorale. Le choc de productivité, lui, n’a pas lieu d’être puisque ce n’était pas une promesse électorale. L’imperméabilité du président au déluge de suggestions venues de l’extérieur de la galaxie PS s’explique par la rigidité d’un programme, conçu pour cinq ans et qui ne souffrirait aucune altération, alors que, chaque jour, il y a une nouvelle urgence, que les forces économiques mondiales sont indifférentes aux pouvoirs nationaux et que la crise ne désarme pas.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Le PS uni par l’adversité

  1. vultaggio-lucas dit :

    Mais pourquoi s’évertuer à qualifier les libéraux de gauche du PS de « socialistes »? Ils ne le sont plus si tant est que la SFIO le fut, depuis le congrès d’Epinay et encore moins depuis 1984, année de la première rigueur libérale de gauche. « 1984 » est le titre d’un roman de science-fiction de George Orwell, lequel se qualifiait de « anarchist tory » (anarchiste conservateur). Il savait parler de la décence commune des gens ordinaires, Ces mêmes gens que le réservoir d’idée Terra Nova conseille « d’abandonner » mais à qui? A la famille Le Pen? A la Droite forte de M. Peltier ou celle de Mme Morano? Et il ne suffit pas de se dénommer « populaire » pour rassembler sous sa bannière, les gens ordinaires…car ils n’ont pas la mémoire si courte que cela et ils comprennent que le libéralisme économique de droite ou de gauche avec la fameuse main invisible, ne régule que du côté des profits plutôt que de celui de leurs salaires ou diverses allocations. Malheureusement les sirènes de l’extrémisme de droite avec leur musique pseudo-sociale voire socialiste peuvent être tentantes, comme cela est déjà arrivé dans l’histoire. A moins que les idées de Friedrich Hayek ne l’emportent avec sa « dictature libérale provisoire », comme au Chili entre 1973 et 1990. M. Copé ne menace-t-il pas le pouvoir légitimement élu?

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