L’UMP sombre dans le ridicule

Amère victoire en perspective
(Photo AFP)

L’élection du président de l’UMP, de son vice-président et de son secrétaire général  a abouti à une impasse, les assesseurs étant incapables de fournir un résultat. On saura sans doute dans quelques heures qui a remporté l’élection, mais, d’ores et déjà, la piètre organisation de la consultation, la hâte avec laquelle Jean-François Copé, puis François Fillon, ont cru bon d’annoncer chacun sa victoire, le chaos qui régnait lundi matin au terme d’une nuit houleuse, le désarroi des militants venus voter massivement ont déstabilisé, peut-être durablement, le premier parti de l’opposition.

LA PREMIÈRE tentative de démocratie interne à l’UMP s’est transformée en désastre. Sans nul doute parce que l’élection a été très mal organisée. Le nombre de bureaux de vote était insuffisant, le nombre d’électeurs beaucoup plus élevé que prévu. La critique s’adresse d’abord à Jean-François Copé, secrétaire général, qui n’a pas su anticiper le succès de la consultation, mais aussi à l’UMP, dont les assesseurs n’étaient toujours pas en mesure, cet après-midi, de désigner le vainqueur. Ce qui souligne un fait relativement grave, à savoir que le parti est divisé en deux grandes tendances. M. Copé et M. Fillon, en fin de campagne, se sont lancés dans l’invective, ils ont exprimé leurs différences, ils ont introduit dans le débat des éléments de forte tension,  ce qui a alourdi le climat et montré que Fillon et Copé, ce n’est pas bonnet blanc et blanc bonnet.

Une fracture.

Il en résultera nécessairement, quel que soit l’élu, une fracture de l’UMP, alors que la campagne, notamment lors du débat télévisé, reposait sur le principe que les escarmouches du combat électoral seraient vite effacées grâce à un rassemblement sous la houlette du vainqueur. Rien n’est moins sûr aujourd’hui. M. Copé a perdu l’espoir de se lancer dans une course irrésistible vers la présidence de la République. M. Fillon a perdu l’aura que lui conférait son ancien poste de Premier ministre, censé lui assurer un ascendant sur son rival plus jeune et portant moins de galons que lui.

Tout ce que l’on peut dire, c’est que la bataille Copé-Fillon a créé assez d’amertume à droite pour qu’un troisième larron, par exemple Alain Juppé, tire les marrons du feu. Le maire de Bordeaux n’a pas perdu de temps. Il s’est aussitôt présenté comme l’homme capable, dans la tempête, de maintenir l’unité de l’UMP. Il a lancé des appels au calme répétés.

Les militants sont écoeurés, les leaders de l’UMP sont inquiets : c’est un beau gâchis. Par comparaison, les divisions du PS semblent moins graves. La référence aux déchirements des congrès socialistes passés (sauf le plus récent) n’a plus aucune signification. Eux-mêmes mis en difficulté par une gestion à hauts risques des deniers publics, les socialistes n’hésitent pas à enfoncer davantage encore leurs adversaires et à démontrer que leurs postures les disqualifient. Si l’on percevait des différences sensibles entre les divers courants socialistes, on perçoit maintenant, avec tout ce qui a été dit pendant la campagne de l’UMP, une opposition idéologique entre M. Copé et M. Fillon, à propos notamment de ce qu’il faut faire avec le centre et avec le Front national, qui nous semble tout aussi importante qu’entre le PS et son aile gauche ou entre les socialistes et les mélenchonistes.

Le marasme soudain de l’UMP se produit à l’occasion d’une méthode de choix du président qui ressemble à une primaire ou annonce l’inévitable recours à la primaire pour désigner le candidat à la présidence en 2017. Or les socialistes ont démontré qu’ils pouvaient organiser des primaires, en faire un grand succès moral et politique et s’unir ensuite pour engager le combat présidentiel. Ils ont tracé une voie dans laquelle la droite devra s’engager à son tour. On veut croire, mais on n’en est pas sûr, que, forte de cette expérience négative, l’UMP saura, la prochaine fois, organiser une consultation interne avec un minimum d’ordre.

RICHARD LISCIA

 

 

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4 réponses à L’UMP sombre dans le ridicule

  1. DELTEIL CHRISTIAN dit :

    Pas plus ridicule que le PS aprés le congrès de Reims (2008) où Martine Aubry et Sègolène Royal se sont déchirées pour la première place. Le PS s’est trouvé au bord de l’éclatement tout comme l’UMP aujourd’hui, et se retrouve maintenant aux commandes. Je souhaite à l’UMP, ou à son successeur, la même trajectoire. Rien n’est jamais perdu ni irrémédiable en politique.

  2. vultaggio-lucas dit :

    La guerre des ego au sein de l’UMP, certains en ayant plus que d’autres, se solde ici et maintenant par une union mal partie…et des militants sans doute désemparés et à nouveau complexés.
    Cette étrange mascarade politico-médiatique ne serait-elle pas le résultat de luttes intestines dans un clan que le grand Manitou manipulateur a abandonné à son sort comme il avait rompu avec tous les tabous/interdits nécessaires à la cohésion de tout groupe humain, qu’il soit un parti politique, une équipe gouvernementale voire une nation?

  3. geyl dit :

    Lamentable et déstabilisant : cela peut pousser autant à quitter le pays que le vérin fiscal de la gauche.

    • vultaggio-lucas dit :

      Quel bel exemple de patriotisme (médical) pour les immigrés de deuxième génération comme moi! Et partir pour si peu, à savoir l’égocentrisme de quelques-uns donné en modèle, car la vie continue, et pas seulement la politique comme l’écrit notre confrère, à condition de la vivre avec et pour les autres, surtout lorsqu’on a la chance d’exercer la médecine et non contre les autres avec toute la haine décomplexée de certains. Quelle époque formidable!

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