UMP : dernier coup de théâtre

Bataille au finish
(Photo AFP)

Un nouveau coup de théâtre a eu lieu cet après-midi à l’UMP : Jean-François Copé a finalement accepté la création d’une instance collégiale, dirigée par Alain Juppé, pour réviser soigneusement les résultats de l’élection interne et désigner le président de l’UMP.

SI D’AUCUNS espéraient une rapide résolution de la crise de l’UMP, ils en sont pour leurs frais. Il faudra du temps à l’instance collégiale pour procéder à un nouveau comptage, qu’elle ne fera pas forcément mieux que la commission des recours à laquelle M. Copé envisageait de s’adresser. Or chaque jour qui passe apporte son cortège de déclarations venimeuses, surtout exprimées par les lieutenants de M. Fillon, dont Éric Ciotti : il se contente de défendre le camp qu’il a choisi alors que ses idées sont plus proches de celles de M. Copé que de celles de M. Fillon. Le fossé qui sépare les deux camps ne fait que s’élargir et menace l’UMP de scission.

Il n’est pas excessif de dire que, dans cette affaire, l’intérêt bien compris de l’UMP a été sacrifié sur l’autel des ambitions personnelles. Les deux grands protagonistes de l’affaire, et pas seulement M. Fillon, qui, mercredi soir sur TF1, a annoncé qu’il ne briguait plus la présidence de l’UMP, auraient dû ensemble et spontanément se retirer de la course . Elle se révèle délétère pour plusieurs raisons : elle décourage les militants, scandalisés par ce que l’amateurisme, la désorganisation, l’imprévision ont fait à leurs suffrages ; elle donne du tonus au pouvoir socialiste à un moment où il est très contesté ; elle stimule d’autres appétits, au Front national, à l’UDI de Jean-Louis Borloo et même à l’extrême gauche où l’on mise sur un chaos général, celui d’un pouvoir vacillant et d’une opposition en déroute, pour avancer les pions de la démagogie.

Ce que Copé n’a pas compris.

M. Fillon a fort bien compris que, s’il était désigné président, il arriverait amoindri à la tête de l’UMP ; M. Copé a tardé à reprendre à son compte la même analyse. Il mise sur un nouveau comptage des voix pour améliorer son avance sur son adversaire, là où des fraudes électorales ont pu être commises, quitte à réintégrer les suffrages des trois départements d’outremer qui ont été oubliés à la fois par la Commissions des contrôles électoraux (Cocoe) et par les amis de M. Fillon, lesquels, rappelons-le, ont accepté le résultat en première intention. En refusant d’emblée (pour se raviser ensuite) l’intégration dans le comptage des voix des suffrages de trois départements d’outremer (Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna, Mayotte), M. Copé a aggravé le schisme qui sépare les deux clans égaux en nombre de l’UMP alors que, en réalité, aucune différence idéologique ne les éloigne l’un de l’autre. M. Fillon, gaulliste social, est soutenu par des sarkozystes ou des ultras plus proches du FN que de la droite classique. M. Copé s’est « droitisé » pour tenter d’effacer l’avance de M. Fillon, mais il se recentrera s’il devient président du parti.

Il ne reste plus qu’à espérer que la victoire définitive de l’un ou l’autre des deux adversaires ne renforcera pas la scission. Le clan Fillon espére moins conquérir la présidence de l’UMP qu’empêcher M. Copé d’être désigné. Tout à coup, se sont créées deux terres ennemies au sein de l’UMP.

RICHARD LISCIA

 

 

 

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Une réponse à UMP : dernier coup de théâtre

  1. vultaggio-lucas dit :

    Dans notre incomparable société de la consommation et du spectacle, ze show must go on! Et il y va, avec des coups de théâtre en sus! Et nos narcisses et autres égocentristes peuvent en profiter (en jouir) autant que le droit procédural et les lois du marché les y autoriseront. Est-ce ainsi que les êtres humains vont devoir vivre?

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