UMP : il y aura une sortie de crise

NKM, la « non alignée »
(Photo AFP)

Ce n’est pas parce que la crise de l’UMP est infiniment grave qu’elle est irrémédiable. L’intensité exceptionnelle du choc provoqué par la scission du parti est due uniquement au double refus de François Fillon et de Jean-François Copé de se sacrifier au nom de l’unité. D’eux ne viendra pas le salut. Ce sont donc les « non alignés » (Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire, Xavier Bertrand, entre autres) qui finiront par imposer une solution.

ALORS QUE la sécession (confirmée) des fillonnistes plonge dans l’accablement les militants de l’UMP et dans le malaise la plupart des Français, on trouvera curieux que nous avancions une hypothèse concernant une sortie de crise. Il nous semble cependant que l’enjeu est tel, la responsabilité si grande pour chacun des deux adversaires, la perspective si catastrophique pour la droite en général et pour l’UMP en particulier que se dégage aujourd’hui l’ardente nécessité d’en finir et vite. Qui, au sein du mouvement, apparaît aujourd’hui doué de préscience et d’objectivité? Ceux qui, justement, n’ont pas voulu s’engager en faveur de M. Fillon ou de M. Copé avant l’élection ; ceux qui souhaitaient présenter leur candidature, mais ont vu leur projet sombrer dans les méandres d’une procédure anti-démocratique ; ceux qui, s’ils avaient été candidats, auraient évité de couper l’UMP en deux parties égales.

Sarkozy et Juppé affaiblis.

À noter que, désireux de ne condamner ni M. Copé ni M. Fillon, un peu comme s’il comprenait l’ambition qui les dévore, Nicolas Sarkozy, dont la solution compliquée du référendum est déjà périmée, ne sort pas grandi de la partie qui se joue. Pas plus d’ailleurs qu’Alain Juppé, qui, soucieux de rester au-dessus de la mêlée, a préféré interrompre sa médiation à l’instant même où elle commençait. Même devant l’intransigeance de M. Copé, il aurait dû continuer à négocier. La crise de l’UMP a ainsi dévoré en moins de quinze jours quatre des plus éminents de ses dirigeants. En politique, on ne meurt jamais, mais les quatre hommes sortent très affaiblis de l’affaire. Il suffit d’observer leur chute de popularité dans les sondages.

Le cadavre de leur ennemi.

Mais la scission n’a pas fait que détruire des hommes, elle a accru l’appétit des partis concurrents, à savoir le Front national et l’UDI de Jean-Louis Borloo. Ils tirent avantage d’une tempête qui favorise leurs propres ambitions, mais s’en réjouissent avec une joie à la fois cruelle et grotesque, un peu comme si, comme dans l’adage arabe, ils s’étaient assis au bord de l’oued pour voir passer le cadavre de leur ennemi. Le souci bien superficiel exprimé par M. Borloo au sujet de la décomposition de la droite cachait mal son triomphalisme, nourri, dit-il, par un afflux extraordinaire de nouveaux militants, comme si quelques centaines d’adhérents, dont on ne sait s’ils sont venus pour s’intégrer à ce nouveau parti du centre ou parce que l’UMP les dégoûte, allaient faire de l’UDI le parti dominant de la droite. Il va plus vite en besogne dans sa propre tête que sur le terrain.

Bien sûr, si ça continue, ça finira par une sorte de suprématie du centre et de l’extrême droite, ce qui modifierait en profondeur toutes les élections des prochaines années. Comme on n’en est pas encore là, et qu’il n’y a pas que des fous à l’UMP, on peut compter sur les « non alignés » pour exercer sur MM. Fillon et Copé des pressions suffisantes pour qu’ait lieu une nouvelle élection du président et, cette fois, sans référendum préalable. Sûr et certain, les non alignés constituent une minorité. Mais une minorité qui a acquis du poids depuis le vote du 19 novembre et qui, en outre, est dotée de l’intelligence qui manque aux autres. Bref, la « famille », comme dit M. Copé, n’a pas le choix. Elle doit exiger et obtenir rapidement un nouveau vote transparent, immédiat, définitif, indiscutable, sans appel. Si des ego sont broyés dans cette démarche, ce sera beaucoup moins grave que de laisser le champ libre au FN.

RICHARD LISCIA

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