Une femme pour Paris

Nathalie Kosciusko-Morizet
(Photo S. Toubon)

Il pourrait ne pas y avoir de primaire, à droite ou à gauche, pour l’élection du maire de Paris et le prochain maire pourrait être une femme. À gauche, le départ de Bertrand Delanoë est certain, et la candidate indiscutée sera Anne Hidalgo. À droite, la candidature de Nathalie Kosciusko-Morizet semble irrésistible.

FRANÇOIS FILLON, conformément à son habitude, n’a pas dit clairement qu’il renonçait à la mairie de Paris, mais il a encouragé Nathalie Kosciusko-Morizet à présenter sa candidature, ce que l’on peut considérer comme un renoncement. L’ancien Premier ministre hésite, de toute évidence, à établir sa stratégie de conquête du pouvoir : il n’a pas le sentiment que la mairie de la capitale soit un bon tremplin vers la présidentielle, pas plus qu’il n’est convaincu, apparemment, que la présidence de l’UMP, à prendre en septembre prochain, soit, elle non plus, le bon vecteur vers la magistrature suprême. De son côté, Jean-Louis Borloo (UDI), a renoncé à se présenter, alors que Rachida Dati confirmait sa candidature au début du mois.

Un bon parcours.

L’ancienne ministre, maire de Longjumeau, réélue députée en juin 2012, a accompli un excellent parcours politique. Si M. Fillon n’est pas candidat, elle n’a plus qu’un obstacle à franchir : il lui faut écarter Rachida Dati, dont on sait qu’elle se battra jusqu’au bout, ce qui implique une primaire à droite. Mais les sondages auront tôt fait de démontrer que l’ancienne ministre de la Justice, maire du VIIè arrondissement de Paris et députée européenne, ne fait pas le poids face à NKM. La candidature de Mme Dati était surtout destinée à barrer la route à François Fillon. Elle le déteste depuis que cet ancien député sarthois est venu se présenter sur ses terres parisiennes. Mais il est probable que ses chances de battre Anne Hidalgo sont nulles.

Malgré la désorganisation de la droite, ses querelles de personnes et son incapacité actuelle à tracer un chemin pour la reconquête du pouvoir, la candidature de NKM, qui a eu la présence d’esprit de se détourner de la guerre entre François Fillon et Jean-François Copé, apporte un peu d’oxygène à l’UMP. Elle trouverait sans doute son salut si elle changeait complètement de leadership. Certes, en politique, les échecs ne sont jamais durables et les carrières rebondissent souvent. Il n’empêche que, derrière Copé et Fillon, progressent des personnalités qui ont échappé aux batailles meurtrières de la droite à la fin de l’an dernier : François Baroin, Bruno Le Maire, qui soutient à fond la candidature de Mme Kosciusko-Morizet (de même que Pierre Lellouche), et NKM.

Pas une partie de plaisir.

La gauche craint de devoir payer, lors des municipales de 2014, les graves difficultés sociales du pays. Pour le moment, le gouvernement engrange peu de succès, sauf en politique étrangère : la question de la dette reste lancinante, le chômage s’accroît, l’économie est atone. Il n’est donc pas impossible que l’électorat fasse payer à la majorité son échec principal : elle n’a pas réussi à stabiliser et encore moins à redresser l’économie du pays. Toutefois, ce ne sera pas une partie de plaisir pour la droite, qui a perdu toutes les élections depuis 2007 et n’a pas gagné en crédibilité depuis sa défaite de 2012. Quelques mairies de grandes villes, Lyon ou Dijon par exemple, sont des places fortes de la gauche. À Paris, M. Delanoë peut se targuer d’un bilan écologique et culturel satisfaisant, même si ses mesures contre la circulation automobile font grincer des dents. Mme Hidalgo, en outre, est une personnalité équilibrée et modérée, bien qu’elle soit très engagée idéologiquement.

En d’autres termes, les Parisiens auront le choix entre deux ou trois femmes, dont deux au moins, Mme Hidalgo et NKM, sont des personnalités fortes et brillantes. Le pedigree de NKM est cependant plus convaincant et pourrait aider la droite à gagner. Il est bon en tout cas que la mairie de Paris ne soit pas une étape vers l’Élysée, bon que le prochain maire soit une femme, bon que les candidats aux municipales ne s’occupent que du sort de leurs électeurs.

RICHARD LISCIA

 

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