Terrorisme : la menace africaine

Le Drian, ministre de la Défense
(Photo S. Toubon)

La prise de sept otages français, dont quatre enfants, au Cameroun, complique la formidable empoignade géostratégique entre la France et les mouvements terroristes en Afrique. C’est la première fois que des enfants sont pris en otages. La cruauté des djihadistes va maintenant jusqu’à « l’odieux », comme l’a dit le président Hollande. Les mesures de précaution doivent être étendues à un territoire beaucoup plus vaste que le Sahel.

LA FAMILLE de Français qui a été enlevée faisait du tourisme au Cameroun, dans une région considérée jusqu’à présent comme très sûre. Il est probable que les otages, qui se trouvent maintenant au Nigéria, ont été les victimes d’une opération de la secte Boko Haram, en guerre contre le pouvoir à Lagos. Cela montre qu’un lien existe entre tous les djihadistes de la région, en dépit du nombre de leurs mouvements et de ce qui les divise parfois. François Hollande a fait remarquer, à juste titre, que les enlèvements de ressortissants français en Afrique ont commencé longtemps avant l’intervention de l’armée française au Mali. Cependant, il est clair que les terroristes de tout poil ressentent durement leurs pertes et leur lourde défaite au Mali. Ils essaient désespérément d’étendre le conflit à d’autres pays et ont recours au procédé classique de la prise d’otages, car ils sont inévitablement battus dans la guerre classique.

Des terroristes de plus en plus dangereux.

Ce désespoir explique aussi qu’ils abandonnent leurs derniers et rares scrupules. Ils n’ont pas craint d’enlever des enfants, acte abominable qui donne la mesure pleine et entière de leur dangerosité. Cela fait des années que la France apparaît comme leur cible prioritaire. Et si notre armée n’était pas allée au Mali, ils auraient transformé en otages les 6 000 Français de Bamako. Dès lors qu’ils ne peuvent pas vaincre nos soldats, tous nos ressortissants sont des cibles potentielles. Ce qui implique que les touristes et hommes d’affaires français prennent des précautions exceptionnelles quand ils se rendent n’importe où en Afrique. Ils n’y sont pas en sécurité dès lors que l’on s’en prend à eux par procuration, de simples bandits s’emparant d’eux pour les « vendre » à des djihadistes.

Le gouvernement n’a pas d’autre choix que de poursuivre son opération au Mali, notamment dans l’extrême-nord où se déroulent des combats particulièrement meurtriers. Un légionnaire français y a perdu la vie, mais les pertes des djihadistes sont infiniment plus élevées, bien que le relief montagneux où ils se sont réfugiés leur soit favorable. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, rendra à ce sous-officier un hommage solennel à Paris, mardi prochain.

Les prises d’otages sont spectaculaires à cause de leur force émotionnelle, propre à faire douter l’opinion française de l’intérêt d’aller se battre dans le désert. Mais les djihadistes n’ont pas attendu que nous allions les chercher pour harceler nos intérêts et nos concitoyens. Ils sont les agresseurs et ils guettent le moindre signe de faiblesse ou de lassitude pour nous attaquer de nouveau et encore plus impitoyablement.

Nos soldats ne rentreront pas vite en France. Une fois qu’ils auront « nettoyé » le Mali, il faudra que l’armée africaine chargée de maintenir l’ordre soit constituée, qu’elle tienne toutes les villes du Mali et que des élections libres soient organisées. Ce n’est pas parce que la tâche est ardue qu’elle ne mérite pas d’être accomplie.

RICHARD LISCIA

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