Otages : un moment de bonheur

Trois des sept otages
(Photo AFP)

La libération de sept otages français au Nigeria est un moment de bonheur indescriptible pour la famille rendue à la France après deux mois de captivité et de soulagement pour tous les Français. François Hollande peut se targuer de son efficacité, d’autant qu’il a juré de ne plus payer de rançon et que la famille Moulin-Fournier a été ramenée à Yaoundé, probablement en échange de terroristes détenus par le Nigeria et le Cameroun.

LA RESTITUTION  des otages à la France n’aurait pas été possible sans l’extrême discrétion exigée par le président de la République, sans une coopération étroite entre la France, le Cameroun, le Nigeria et d’autres États africains (M. Hollande a mentionné l’Éthiopie), sans la détermination du gouvernement à dicter ses conditions et les limites du compromis. Pour le pouvoir, le succès est immense et incontestable. Dans une conjoncture particulièrement sombre, il apporte une lueur d’espoir. M. Hollande n’oublie pas les sept otages français toujours détenus au Sahel. Compte tenu du résultat des négociations avec le mouvement terroriste nigérian Boko Haram, on lui fera plutôt confiance pour les autres affaires en cours.

Deux formes de prévention.

Il est essentiel que nos démocraties, combattues avec cruauté par des groupes qui, précisément, répudient nos systèmes politiques, continuent à faire de la vie humaine l’alpha et l’oméga de leur action politique ou sociale. Mais le meilleur moyen de lutter contre le terrorisme reste la prévention. Il existe une sorte de macro-prévention fondée sur la coordination de la lutte contre le terrorisme entre les pays ciblés par Al-Qaïda et ses affidés. Et une micro-prévention qui repose sur la surveillance permanente des conditions de sécurité sur le territoire français. L’attentat de Boston, qui a fait trois morts et des centaines de blessés, montre que des cellules dites dormantes ou des individus qui se réinventent en terroristes peuvent causer de graves dégâts, physiques ou psychiques, aux populations des sociétés ouvertes. Les Américains ont réagi à la double explosion du marathon de Boston comme une résurgence du 11 septembre et ont établi un rapprochement, improbable, avec l’explosion de l’usine d’engrais de Waco, au Texas.

En France, nous devons donc rester sur nos gardes et envisager toutes les hypothèses. Al-Qaïda a été vaincue sur le plan militaire mais elle reste une référence pour nombre d’illuminés. Le pouvoir de ces hommes est infiniment supérieur à ce qu’ils représentent. Ils nous forcent à prendre des mesures de précaution qui sont autant d’atteintes à la vie privée. Ils mettent des milliards de personnes en état d’alerte. Ils augmentent la suspicion des gens envers d’autres. Ils alimentent l’intolérance. Ils font régner une paranoïa dont on se permettra de dire qu’elle est salutaire si elle nous permet d’éviter des attentats. Ils compliquent singulièrement la vie quotidienne des citoyens et, plus spécifiquement, celle des voyageurs.

Pas de date-limite.

Le pire, peut-être, c’est qu’il n’existe aucune date limite pour les efforts de prévention. Il ne s’agit pas d’une guerre circonscrite dans le temps. Cette bataille, qui engage les civils, peut durer indéfiniment. Même la destruction de mouvements terroristes constitués n’empêchera pas la vocation délétère d’individus mal à l’aise dans la société ou simplement motivés par la haine, dénominateur commun de la plupart des crimes. Il n’empêche que la bonne méthode pour combattre et même ridiculiser le terrorisme, c’est de continuer à vivre et d’accepter des contraintes sans lesquelles nous serions encore plus vulnérables. Les terroristes n’empêchent rien, ni les échanges de personnes et de biens, ni la poursuite du bien-être, ni la résistance des institutions démocratiques, ni la routine quotidienne. Ils peuvent faire du mal, mais le mal qu’ils infligent est d’autant plus inutile qu’il ne change rien à ce que nous sommes.

RICHARD LISCIA 

 

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