La France en récession

La ménagère réduit ses achats
(Photo AFP)

Pour le deuxième trimestre consécutif, le produit intérieur brut  (PIB) a diminué, ce qui place la France en situation de récession. La baisse est de 0,2 % pour le premier trimestre de 2013, après celle, identique, de 0,2% lors du dernier trimestre de 2012. Ces chiffres ne sont pas surprenants car ils ont été précédés par de nombreux signes avant-coureurs, notamment la baisse du pouvoir d’achat, qui atteint 0,9 % en 2012.

LA RÉCESSION est de faible ampleur, mais elle aggrave un peu plus le marché de l’emploi. Si la création d’emplois exige un minimum de croissance, une croissance négative ne peut que créer du chômage. Ce sombre tableau résulte du choix du gouvernement, en 2012, d’augmenter fortement la pression fiscale. Les consommateurs, confrontés à une baisse quantifiable de leur pouvoir d’achat et peu rassurés sur l’avenir de leur emploi, ont préféré l’épargne pour les mauvais jours aux dépenses du présent. On a le droit de penser que, pour lutter contre les inégalités de revenus, les pouvoirs publics n’aient eu que le choix de redistribuer une partie des revenus des riches et de la classe moyenne aux foyers précaires. Mais, s’ils avaient déclenché dès juin dernier une diminution de la dépense publique, ils auraient pu limiter les hausses d’impôts dont l’effet sur le pouvoir d’achat aurait été moins violent.

Une contradiction.

On reconnaît sans peine que, dans une situation de grand endettement et de chômage prononcé, le gouvernement se retrouvait entre Charybde et Scylla. Il ne s’en est pas moins plongé dans une contradiction criante : tout en affichant sa volonté de contribuer par tous les moyens possibles à la croissance, il a consacré la première année du mandat présidentiel à des mesures susceptibles de freiner la même croissance (tant que nous ne rétablirons pas l’équilibre du commerce extérieur, la relance ne peut venir que de la consommation intérieure) ; et il vient d’en avoir la confirmation avec les chiffres publiés ce matin par l’INSEE.

La crainte de la déflation.

Il doit maintenant veiller à ce que la France n’entre pas dans un cycle déflationniste : la baisse des prix a été de 0,1 % en avril et, sur les douze derniers mois, la hausse des prix à la consommation n’a pas dépassé les 0,7 %, soit une inflation trois fois inférieure aux critères de Maastricht. Le phénomène est connu : face à une baisse continue des prix (ce qui n’est pas encore le cas en France), le consommateur diffère ses achats parce que ce qu’il veut acquérir sera moins cher ultérieurement. La stabilité des prix est nécessaire pendant un période d’expansion, elle est moins souhaitable quand elle accompagne une baisse de l’activité économique, comme on l’a vu au Japon où le cycle déflationniste, qui a duré vingt ans, a empêché l’activité de rebondir, en dépit d’énormes injections de capital dans l’économie japonaise. L’endettement, qui atteint 245 % au Japon, n’est pas un levier de croissance.

Cette série de constats ne justifie en aucun cas le découragement national. Le gouvernement doit s’orienter vers une politique de l’offre : il s’agit d’améliorer la compétitivité de nos produits pour regagner des parts de marchés et de compenser par l’exportation l’atonie du marché intérieur. Le pouvoir a pris des dispositions dans ce sens, à la fois en réduisant le coût du travail par son projet de flexibilité-sécurité de l’emploi et par le crédit compétitivité accordé aux entreprises. Il doit maintenant s’atteler à la tâche qui rebute le plus les ministres : la réduction drastique de la dépense publique, seul moyen de dégager du capital à investir dans des projets créateurs d’emplois. Dans ce domaine, beaucoup de temps a été perdu. Les dépenses de l’État continuent à augmenter et la pression fiscale ne cesse de croître. Il s’agit, hélas, de deux ingrédients dont la récession se nourrit  avec voracité.

RICHARD LISCIA

 

 

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Une réponse à La France en récession

  1. geyl dit :

    Réduire en bloc d’au moins 25 % toute la masse « salariale » de nos élus et dirigeants politiques et supprimer leurs « fromages », retraites faciles et quotas hors impôts.

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