Iran, Syrie : espoirs ou illusions ?

Rohani, nouvel homme fort
(Photo AFP)

La diplomatie américaine a obtenu deux succès importants cette semaine : elle a trouvé avec la Russie un compromis au sujet de la destruction des armes chimiques syriennes et le secrétaire d’État John Kerry a eu avec son homologue iranien un entretien assez positif pour que l’Iran parle d’un accord possible sur le nucléaire d’ici à un an.

DANS LES DEUX CAS, la presse a souligné que la France, très active dans les deux dossiers, n’a pas participé aux négociations. Lors de l’assemblée générale de l’ONU, le président Obama n’a pas souhaité rencontrer le président iranien, Hassan Rohani, avec lequel François Hollande avait eu un entretien au début de la semaine. Ce sont pourtant les États-Unis qui semblent avoir progressé dans leurs relations avec l’Iran. Bien entendu, après tant d’années de tension entre l’Iran et le monde, on est en droit de se demander si l’Iran, accablé économiquement par l’embargo, ne cherche pas à améliorer ses rapports avec le monde occidental pour faire annuler les sanctions, en contrepartie de mesures superficielles qui cacheraient la mise au point d’une arme nucléaire. Les Iraniens ont toujours affirmé qu’ils voulaient seulement construire une centrale atomique civile. Personne ne les a jamais crus. Ils pourraient  proposer maintenant des contrôles internationaux en échange de la levée des sanctions. Il n’est pas sûr que ces contrôles soient efficaces.

Le scepticisme de Hollande. 

Tout en serrant la main de M. Rohani à New York, M. Hollande a exprimé son scepticisme. Sa position est celle de la prudence et de la fermeté et il pèsera sur les Américains pour qu’ils ne se laissent pas entraîner dans un marché de dupes. Sa fermeté diplomatique à l’égard de la Syrie a accentué la chute de sa popularité, les Français étant hostiles à tout engagement de leur pays dans un nouveau conflit. Mais au moment d’une détente apparente avec l’Iran et la Syrie, elle sera très utile.

Toute la question, bien sûr, est de savoir s’il y a autant de risques à négocier avec Damas et Téhéran qu’à entrer en guerre. Israël ne cache pas son mécontentement face à une évolution des positions occidentales qui, en échange de concessions de forme, renforce le pouvoir de Bachar Al-Assad et ne fait rien pour affaiblir celui des mollahs à Téhéran. Pour le gouvernement israélien, ni Bachar ni le nouveau président iranien ne sont sincères. Et quand on voit ce que le dictateur syrien peut faire à ses propres concitoyens, on n’a pas de mal à imaginer comment il se conduirait s’il avait les moyens d’envahir Israël. De la même manière, les insurgés syriens constatent, avec consternation, que le recours à la négociation, les prive d’une perspective du départ de Bachar. Il n’est pas M. Rohani : ses crimes l’ont disqualifié définitivement.

Mais il n’y a pas d’action diplomatique qui se fonde sur la sincérité. Bachar sait très bien qu’il a déclenché un scandale mondial en tuant 1 500 syriens au moyen des gaz. Il a besoin d’une porte de sortie et les Russes la lui ont trouvée. Nul doute qu’il apparaîtra, une fois de plus, comme un maître de la procrastination et qu’il fera tout pour ne sacrifier que quelques armes et en conserver d’autres. Il faudra de la persévérance aux Occidentaux à la fois pour le confondre et pour résister aux ratiocinations russes. Il a en va de même avec l’Iran, dont le régime est cependant plus rationnel que celui de Damas. En même temps, il appartient aux États-Unis d’apporter à Israël toutes les garanties requises. M. Netanyahou tire de cette séquence diplomatique l’amère conviction que, décidément, il est seul face à des régimes qui ont juré la destruction de l’État juif.

RICHARD LISCIA

 

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Une réponse à Iran, Syrie : espoirs ou illusions ?

  1. A3ro dit :

    Il est amusant de constater que les plus grands succès objectifs de nos derniers présidents ont été à l’international : Kosovo, Irak en 2003, Géorgie, Libye, Mali, et maintenant, même s’il reste pas mal de boulot, Syrie et Iran. Si seulement ils pouvaient mettre la même adresse dans les réformes !

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