Dépenses : une bonne résolution

Bernard Cazeneuve
(Photo AFP)

On mettra au crédit de Bernard Cazeneuve, ministre du Budget, la déclaration de ce matin où il affirme que le manque à gagner créé par la suppression de certaines recettes fiscales sera exclusivement compensé par une réduction de la dépense publique de 2015 à 2017. Voilà une excellente résolution, un infléchissement sérieux de la politique budgétaire du gouvernement et, peut-être, le début de la fin du cauchemar fiscal.

« EN 2014, déclare M. Cazeneuve, 80 % des efforts budgétaires proviennent des économies et ce sera 100 % pour l’année suivante ». Une promesse vaut ce qu’elle vaut, mais M. Cazeneuve est un homme sérieux, peu intéressé par les effets médiatiques, et il vient de montrer qu’il est au moins aussi déterminé en matière d’économies que son prédécesseur, Jérôme Cahuzac. Il est peu probable, en outre, qu’il se prononce sur cette question sans avoir l’aval de l’exécutif. Le ministre du Budget n’en est pas moins hostile au « poujadisme fiscal » et dénonce la surenchère de l’opposition dans ce dossier. Aussi bien personne, y compris dans l’opposition, ne croit possible une politique budgétaire où la pression fiscale diminuerait. Tout ce qui est demandé au gouvernement, c’est une pause fiscale, à laquelle il s’y était lui-même engagé.

Un État obèse.

S’agit-il pour autant d’un changement radical de politique ? M. Cazeneuve répondait de façon conjoncturelle à une question conjoncturelle. Néanmoins, il faut s’empresser d’ajouter que la contraction de la dépense a toujours figuré au programme du gouvernement. C’est plutôt le dosage entre impôts et économies qui fait défaut. L’effet psychologique des annonces d’impôts cumulées à des reports d’économies (pourquoi n’en a-t-on pas fait en 2013 ?) a fait douter de la volonté du gouvernement de faire maigrir un État obèse. Stabiliser les impôts, au moment où l’INSEE découvre que les salaires n’augmentent pratiquement plus, c’est rendre du pouvoir d’achat aux Français et encourager la consommation, donc la croissance.

Mais il est infiniment plus difficile de tailler dans les dépenses que d’accroître la pression fiscale. D’autant que les économies budgétaires pèsent tout autant que les impôts sur la consommation et les emplois. Par exemple, priver les collectivités locales d’une partie de leurs fonds publics, c’est mettre en danger l’emploi dans les mairies ou dans les projets locaux de développement. Il est vraisemblable que le gouvernement rencontrera autant de difficultés dans la réduction de la dépense que dans la hausse des impôts. Il se heurtera à une vive hostilité des élus de tout bord et à la grogne de ceux, salariés territoriaux, qui risquent de se retrouver au chômage. Certes, on connaît les excès commis par l’État et par les régions. Mais il faut une chirurgie de précision pour couper dans les abus et éviter d’atteindre les dépenses légitimes.

Un chantier énorme.

La simplification du fameux « mille feuille » administratif permettrait de mettre de la cohérence dans les coupes budgétaires. Et il y a d’autres sources d’économies, par exemple la formation professionnelle, qui coûte quelque 25 milliards par an et ne qualifie pas beaucoup de personnes. Justement, le gouvernement s’apprête à la réformer, preuve qu’il ne se contente pas de remèdes superficiels : c’est un chantier énorme dont le remaniement va bousculer beaucoup d’intérêts et pas mal de rentes de situation. D’une certaine manière, la lutte contre le chômage passe, hélas, par la destruction d’emplois publics dont l’utilité est faible ou nulle. Il appartient au gouvernement de trouver le courage de lancer cette immense réforme.

RICHARD LISCIA

 

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2 réponses à Dépenses : une bonne résolution

  1. Herodote dit :

    En l’état actuel du gouvernement, faire appel à son courage pour traiter un chantier de cette nature revient à allumer un cierge pour accompagner ce voeu pieux le 1er janvier. Il est plus vraisemblable qu’ une opportunité naîtra d’un conflit social. C’est de l’isoloir que viendra la solution.

  2. Chambouleyron dit :

    Un commentaire sur les faits inqualifiables et indignes qu’a subis Mme Taubira. Est-il vrai que l’hémicycle entier n’a pas fait une standing ovation à Mme Taubira ? Que l’opposition s’est cantonnée dans un silence profond et misérable aprés l’intervention de Jean Glavany ?
    La chronique de François Morel sur « la petite conne » de 10 ans entendu sur France Inter devrait être lu dans toute les écoles. Bien sûr ce sont les parents d’une ignorance crasse qui devraient être au pilori. Mais au fond toute la sainte soirée n’écoutons-nous pas un ramassis de plaisanteries lourdes, bêtes, de caniveaux qu’écoutent aussi nos enfants ?

    Réponse : je vous renvoie à mon article du 31 octobre dans « le Quotidien du médecin » intitulé « Du racisme en politique ».

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