Sur la prostate du président

Hollande en février 2011
(Photo AFP)

L’Élysée a confirmé ce matin, à la suite d’une révélation de France Info, que François Hollande a été opéré en février 2011 d’une hypertrophie bénigne de la prostate « qui n’a nécessité aucun suivi médical ». À l’époque, M. Hollande n’avait pas encore annoncé sa candidature à la présidence. Un vaste débat radiophonique et télévisuel s’en est suivi mercredi matin, qui n’était pas vraiment nécessaire.

LA QUESTION de l’état de santé d’un président ne se pose vraiment que lorsqu’il est en exercice. M. Hollande était-il obligé, par son sens de l’État, sinon par la loi, de révéler en juin 2012 tous les petits tracas de santé qu’il avait pu avoir auparavant ? Ce n’est vrai que dans le cas des pathologies sérieuses susceptibles d’avoir des effets négatifs pendant l’exercice du mandat présidentiel. Un rhume ou une grippe guérie ne font pas partie de ces maladies, et pas davantage une hypertrophie bénigne de la prostate qu’une opération rondement menée soulage durablement. L’information valait peut-être son pesant d’or en termes journalistiques, elle ne vaut rien pour ce qui concerne tout le reste : la transparence du pouvoir, le secret médical, la santé présidentielle.

Obligé de s’expliquer.

Mais lorsqu’on descend de la hauteur des principes, on comprend sans difficulté le bruit produit par la caisse de résonance médiatique : le besoin d’en savoir plus, par exemple. L’hypertrophie était-elle bénigne ? Tout le laisse croire dès lors que, depuis le début de la campagne présidentielle, François Hollande a toujours paru en pleine forme. Et on établit un parallèle entre Mitterrand qui, lui, souffrait d’un cancer de la prostate, l’a longtemps tenu secret et a fini par en mourir. Enfin, on constate que, chaque fois qu’il est question de la santé d’un président, le premier réflexe du pouvoir, c’est d’en parler le moins possible. Fair play, M. Hollande a fait publier un communiqué ce matin qui reconnaît l’épisode prostatique. Il n’aurait pas fait la lumière sur cette affaire s’il n’y avait pas été contraint.

Dans « le Quotidien du médecin » et ailleurs, j’ai toujours milité, avec un succès nul, pour que les présidents ne cachent rien de leur état de santé. Contre le point de vue de l’Ordre, j’ai exprimé ma stupéfaction lorsque le Dr Claude Gubler qui, pendant des années, a caché le cancer de Mitterrand sans que cela le lui fût reproché, a été sanctionné parce que, lorsque le secret fut levé par la force des choses, il a fini par dire la vérité. Je ne crois pas que le secret médical soit applicable à un homme dont le mandat présidentiel risque d’être affecté par une maladie sérieuse ; je pense que Georges Pompidou, souvent présenté comme un homme qui avait le sens de l’État, aurait dû démissionner quand sa douloureuse maladie a commencé à le priver de ses moyens ; et que Mitterrand s’est un peu moqué du monde quand, après avoir juré qu’il dirait tout sur sa santé, il a sommé le Dr Gubler de se taire au nom de « la raison d’État ».

Ma contribution, souvent contestée, à la transparence du pouvoir politique m’autorise à dire aujourd’hui qu’elle ne doit pas se transformer en inquisition permanente et qu’un président n’est pas tenu de signaler une égratignure, surtout si elle a été soignée et guérie avant même qu’il entre à l’Élysée. Je crois que les médias en font trop sur la question, sans d’ailleurs obtenir un progrès dans l’information relative à la présidence. Cependant, je leur accorde un point : nous avons si souvent été grugés par nos monarques républicains que nous devons redoubler de vigilance.

RICHARD LISCIA

 

 

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2 réponses à Sur la prostate du président

  1. Claude CHRISTOPHE dit :

    A quand les hémorroides, les végétations, la varicelle, les MST,…. ?

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