L’espoir vient des vieux

Une vie de patachon ?
(Photo S. Toubon)

Un rapport du Commissariat général à la stratégie et à la prospective expose une idée qui se veut originale : il suggère d’inciter les seniors à consommer davantage ou à épargner autrement afin de développer ce qu’il est convenu d’appeler la « silver économie ». À lire le rapport, les retraités pourraient entrer dans un âge d’or de la consommation en s’offrant notamment tous les conforts proposés par la domotique, les merveilles du tourisme et la culture haut de gamme.

IL Y A UN HIC. Tous les retraités ne sont pas des nantis, il s’en faut, et la plupart d’entre eux tirent le diable par la queue. Jamais à court d’idées, nos technocrates proposent de donner un prolongement à la « silver économie », lancé par les ministres Arnaud Montebourg et Michèle Delaunay, en ciblant « les seniors les plus aisés, seule clientèle solvable ». Voilà qui réduit déjà leur ambition. De toute façon, le gouvernement ne peut pas dire aux gens comment ils doivent se comporter : tant que les seniors sont vaillants, ils ne vont pas changer leur baignoire et ne feront pas appel à l’aide à domicile, celle-là même que le gouvernement vient de brider en la taxant davantage. La plupart des retraités espèrent transmettre à leurs enfants la partie de leur patrimoine que l’État ne leur prendra pas par une imposition élevée. Riches ou non, les septuagénaires et octogénaires qui paient l’impôt sur la fortune (ISF) avec un fort pourcentage de leur retraite, se sentent moins à l’aise qu’ils pourraient l’être et essaient d’économiser plus pour laisser davantage d’argent à des enfants qui n’ont pas les moyens d’acheter un logement.

Une question familiale.

L’ISF, en effet, n’atteint pas que les riches qui ont fait des affaires toute leur vie ; il concerne des épargnants qui ont économisé sur leur salaire de cadre pour financer leur retraite et bâtir un patrimoine familial. Ils savent que la transmission de ce patrimoine sera taxée. Le senior moyen, affectueux, raisonnable, ne croit pas pouvoir s’offrir des objets ou des habitudes luxueuses dont il n’a même plus le goût. Il veut seulement contribuer au bien-être de sa famille. En 2010, le Crédoc a publié une enquête selon laquelle les personnes âgées assureront une majorité des dépenses nationales (54 %) sur les marchés de la santé, de l’alimentation, de l’équipement, des loisirs et de l’assurance. Le gouvernement croit voir dans cette catégorie de la population un gisement de dépenses alors qu’il désindexe les retraites, augmente les impôts payés par les vieux, les oblige,  en comprimant les dépenses sociales, à payer chaque année plus cher leur mutuelle.

L’État n’est pas cruel avec les Français, il essaie simplement de revenir aux grands équilibres budgétaires. Mais, pour que la silver économie se développe, il faut stimuler la consommation par une réduction d’impôt. L’une, en gros, exclut l’autre. Les quelques milliers d’euros payés au titre de l’ISF ne seront pas consacrés à un voyage. La chambre individuelle à l’hôpital empêchera une réfection du logement. Les contraintes que l’on va apporter à l’assurance vie, au mépris des engagements fiscaux pris par l’État au moment de la signature ne risquent pas de faciliter la consommation des personnes âgées. L’État croit pouvoir avoir le beurre et l’argent du beurre. Il doit mettre de la cohérence dans ses décisions.

RICHARD LISCIA

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