Sarkozy songe à son retour

On prend les mêmes ?
(Photo AFP)

Un sondage IFOP publié aujourd’hui par le Figaro Magazine indique que 46 % des Français souhaiteraient que Nicolas Sarkozy soit à l’Élysée, contre 27 % qui se prononcent en faveur de François Hollande. Il s’agit non pas d’un sondage chez les militants de l’UMP, mais de l’avis de la population générale, ce qui est beaucoup plus significatif dans le cadre d’un affrontement possible entre les deux hommes en 2017.

LA PROSPECTIVE politique présente l’inconvénient de tirer des plans sur la comète : tant d’événements peuvent se produire d’ici à la prochaine élection présidentielle que tout pronostic est forcément hasardeux. Depuis une quinzaine de jours, des articles paraissent qui soulignent la détermination de M. Sarkozy à se présenter dans quatre ans. Comme l’UMP, son parti, a décidé de choisir son candidat dans le cadre d’une élection primaire, Nicolas Sarkozy, qui ne souhaite pas être confronté à des hommes, comme François Fillon ou Alain Juppé, qui ont travaillé sous ses ordres, envisagerait même de se présenter en dehors de l’UMP, en candidat indépendant, convaincu qu’il serait de l’emporter contre tous ses rivaux éventuels. Un tel projet cadre bien avec son caractère. Ancien président, il estime avoir un contact direct avec le peuple et il serait indigné par les divisions qui sont apparues entre M. Fillon et Jean-François Copé et par la multiplicité des candidatures affichées, comme celle de Xavier Bertrand, ou éventuelles comme celle de Bruno Le Maire. M. Sarkozy pourrait avancer la date de sa candidature, non plus en 2016, mais plus tôt.

S’il avait été réélu…

Le sondage de l’IFOP devrait lui donner des ailes : on a lui a souvent objecté que, s’il est encore capable de faire un tabac dans son parti, sa candidature serait beaucoup plus fragile face au suffrage universel. Mais l’enquête montre davantage une désaffection à l’égard du président en exercice, confronté à des difficultés d’une gravité historique, qu’un enthousiasme à l’égard de son prédécesseur. L’opinion constate seulement que la vie était moins dure du temps de M. Sarkozy, alors que, en réalité, la crise n’avait pas encore produit ses effets dévastateurs. M. Hollande a certes déçu, il n’a pas toujours pris des décisions claires ou fermes en matière économique et sociale, il a été souvent débordé par des ministres plus soucieux d’imposer leurs propres idées que de faire bloc autour de lui et  du Premier ministre, mais on est en droit d’exprimer l’idée que si M. Sarkozy avait été réélu, sa popularité aurait terriblement chuté ensuite, même s’il avait pris des mesures différentes de celles de M. Hollande.

Le même match ?

La commémoration de Nelson Mandela, hier à Soweto, a incité M. Hollande à inviter M. Sarkozy à se rendre en Afrique du Sud en même temps que lui, sinon dans le même avion. Les deux présidents se sont retrouvés à l’aéroport de Johannesburg et ont assisté côte-à-côte à la cérémonie. Les quelques heures qu’ils ont passées ensemble semblent s’être déroulées sans anicroche et les commentaires ont fusé sur cette France civile dont les leaders politiques savent se parler, même s’ils sont adversaires. Ce n’était qu’un moment et, surtout à l’approche des municipales et des européennes, majorité et opposition continueront à s’envoyer des invectives à propos de tout et de rien. La question qui risque de se poser, si M. Hollande se présente pour un second mandat, et si M. Sarkozy tente à nouveau sa chance, c’est que, dans une conjoncture particulièrement troublée, qui devrait logiquement nécessiter du sang neuf, les Français risquent fort d’assister en 2017 à un match qui a déjà eu lieu en 2012.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Sarkozy songe à son retour

  1. A3ro dit :

    Sarkozy s’est certes heurté à des obstacles comme la crise ou l’opposition quasi dogmatique des syndicats, mais son bilan est finalement assez famélique. A la rigueur, l’autonomie des universités et les retraites (même s’il a pris au régime général tout en continuant à favoriser les régimes spéciaux). C’est un politicien très habile, mais loin d’être un bon dirigeant. D’ailleurs, à cet égard, Hollande est un peu pareil.

    Ce qu’il faut, c’est quelqu’un au profil un peu plus technique qui ne s’aventure pas sur des questions sécuritaires mais qui promette du sang et des larmes au niveau économique, tout en sachant ce qu’il fait. S’il n’est pas élu, tant pis pour la France. S’il l’est, alors il a la légitimité pour conduire des réformes douloureuses devant les syndicats. Quelqu’un comme Juppé me semble avoir un profil assez adéquat ; en plus, il a l’expérience des conflits sociaux.

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