Hollande résiste à la gauche

Hollande à la télé
(Photo AFP)

Le 31 décembre au soir, le président de la République a prononcé un discours dépourvu de tout accent churchillien. Dix-huit mois après son entrée à l’Élysée, il n’est plus en mesure de surprendre. L’occasion de bousculer, en juin 2012, tous les conservatismes de droite et de gauche a été perdue. Car François Hollande est un homme prudent qui ne croit pas du tout à l’efficacité des gestes brutaux et définitifs. 

EN REVANCHE, il a apporté à l’auditoire national un élément d’analyse essentiel pour la suite de son mandat : en plaidant pour une relance de la compétitivité de nos entreprises par une baisse des charges, il tourne le dos, une fois pour toutes, semble-t-il, à la tentation de recourir aux idées de l’aile gauche du PS, il écoeure le Parti de gauche et le PCF, il inscrit son action économique et sociale dans la démarche sociale-démocrate. On a tout à fait le droit de ne pas se réjouir du bilan de François Hollande, on ne peut pas nier que, en désavouant, comme il le fait depuis quelques mois, toutes les suggestions, propositions, objurgations, mises en demeure qui réclament une démarche aventureuse (hausse de la dépense, mise au pas du secteur privé, des impôts encore plus lourds), le chef de l’État rend service au pays. Les choix de l’extrême gauche nous placeraient dans une situation intenable vis-à-vis de l’Europe et de l’euro, sans forcément apporter à ceux des Français qui souffrent le plus une amélioration réelle de leur condition.

Merci, M. Hollande.

Ce rejet de la révolution socio-économique à laquelle l’extrême gauche convie le président est rassurant pour tous ceux qui continuent à croire aux vertus de la démocratie parlementaire en dépit des difficultés sérieuses que ce système doit surmonter. On oublie parfois de remercier M. Hollande : quand une série de rapports mis en ligne par le site de l’Hôtel-Matignon préconisait le voile à l’école et rappelait « la dimension arabo-orientale » de la France, M. Hollande, loin de s’en prendre à l’opposition comme l’avait fait son Premier ministre, a tout simplement dit que les documents en question n’avaient rien à voir avec la position de l’exécutif. Mais, pour que de telles idées circulent dans le pays et gagnent les sphères du pouvoir, il faut qu’existe un mouvement sans nom et sans identification oeuvrant en faveur de quelques bouleversements qu’il croit salutaires mais qui mettraient le pays à genoux. Ce clan prospère depuis la victoire de la gauche aux élections présidentielle et législatives de 2012 et seul M. Hollande est capable de le maîtriser.

Deux bonnes réformes.

En d’autres termes, si le président n’a pas trouvé son souffle historique, il n’est pas non plus inerte et sait fort bien se battre contre telle ou telle tendance inquiétante qui se manifeste à gauche. Mais dix-huit mois d’exercice du pouvoir ont suffi à l’affaiblir considérablement : d’abord parce que, derrière l’alternative révolutionnaire proposée par l’extrême gauche, il y a de nombreux citoyens démunis et désabusés qui ne voient pas d’autre remède ou d’autre moyen d’améliorer leur sort qu’une sorte de grand soir de la redistribution ; ensuite parce que le bilan de François Hollande est très insuffisant. Il a perdu, sur le chômage, le pari qu’il avait fait imprudemment et il en est à nous dire que ça va aller mieux. La complexité des mesures qu’il fait adopter ne donne pas vraiment les coudées franches à la production industrielle. La croissance est pratiquement imperceptible et les économies sur les dépenses relèvent, pour le moment, de l’incantation plus que de la réalité.

Il a néanmoins fait des réformes. Celle des retraites est notoirement insuffisante. Celle du début de 2013 concernant l’accord national professionnel et celle de la fin de 2013 sur la formation sont essentielles, positives, utiles et méritaient plus de compliments que la presse n’en a fait.

RICHARD LISCIA

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