L’exemple italien

Un atout : la vitesse
(Photo AFP)

Tout nouveau président du Conseil italien, Matteo Renzi, 39 ans, a annoncé un plan de relance de l’économie de son pays qui prévoit que tous les Italiens gagnant moins de 25 000 euros par an recevront une prime de 1 000 euros (coût : 10 milliards). L’impôt sur les PME baissera de 10 % ; l’État va régler aux entreprises les 60 milliards qu’il leur doit ; 3,5 milliards seront consacrés à la rénovation des écoles, 1,5 milliard aux zones sismiques ou inondables, 1,7 à une aide aux jeunes pour qu’ils trouvent un emploi.

LE FINANCEMENT de ces généreuses mesures est moins précis : 7 milliards seront gagnés grâce à une réduction du train de vie de l’État (dont la suppression pure et simple du Sénat), 6,4 viendront d’un déficit de l’État inchangé qui, au lieu de descendre à 2,6 % du produit intérieur brut (PIB), restera à 3 % ; 2,4 milliards seront obtenus grâce à la baisse des taux d’intérêt que paie l’Italie ; 6 milliards résulteront de la TVA produite par le paiement de l’État des arriérés de factures des entreprises. Angela Merkel, qui a reçu la visite de M. Renzi, tout comme François Hollande, s’est déclarée impressionnée par le plan du président du conseil italien. Le jugement de la chancelière allemande est d’autant plus utile à M. Renzi qu’il se distingue de ses prédécesseurs, Mario Monti et Enrico Letta, par l’abandon des politiques d’austérité. Or l’endettement de l’Italie représente 132 % de son PIB. Mais M. Renzi a décidé de combattre la récession en priorité : en 2013, la croissance a été négative de 1,8 %.

Et chez nous ?

L’exemple italien est-il applicable en France ? Il l’est davantage par sa philosophie générale (baisse de la fiscalité, relance économique) que par la nature de chacune des mesures adoptées. En outre, l’économie italienne présente des atouts et des défauts qui sont différents des nôtres. Le commerce extérieur de la péninsule est excédentaire de 30 milliards quand le nôtre est déficitaire de 60 milliards. Sa dette est de 35 % supérieure à la nôtre (en proportion du PIB), mais son déficit annuel est largement inférieur. M. Renzi peut réussir en donnant à la croissance un coup de fouet qui équilibrerait les dépenses élevées qu’il veut engager. Il peut échouer si la réalité des faits dépasse ses prévisions et plonge l’Italie dans un abîme de déficits.

Cela ne réduit en rien son courage et, surtout, l’extraordinaire rapidité de son action politique. François Hollande nous a parlé de divers chocs (de compétitivité, de simplification), mais le choc le plus convaincant est celui de l’Italie dont M. Renzi expose avec talent et clarté le nouveau plan de relance, qui prendra effet dans moins de deux mois. Alors que M. Hollande, au bout de deux ans de gestion, ne peut exciper d’aucun résultat, M. Renzi entend utiliser les premières semaines de sa présidence (du conseil) pour changer l’Italie de fond en comble. C’est ce qui aurait dû être fait dès juin 2012 en France et qui n’a pas été fait pour diverses raisons idéologiques et liées au caractère benoît et patelin de notre président.

Réduire les impôts.

Le président de la République qui, lui non plus, n’a pas recommandé la prudence à Matteo Renzi, pourrait au moins tirer de sa conversation avec lui l’idée que, même en période de déficits, il vaut mieux s’attaquer à la dépense publique et diminuer les impôts, et non les augmenter, en principe en puisant chez les riches, mais en réalité en taxant tout le monde.  Il est préférable, cependant, qu’il n’en vienne pas à penser qu’il n’est pas urgent de réduire la dépense en France. Le ministre de l’Économie, Pierre Moscovici, a accordé une grande interview au « Figaro » dans laquelle il s’efforce de démontrer que le plan de diminution de la dépense de 50 milliards est en bonne voie, que les coupes sont décidées et ciblées et que ce plan sera soumis et probablement accepté par la Commission européenne.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à L’exemple italien

  1. guinard dit :

    « Une réduction du train de vie de l’État (dont la suppression pure et simple du Sénat) », mentionnez-vous. Voila une mesure qui serait applicable et largement saluée en France, tant cette institution paraît anachronique et d’un conservatisme suranné ! Commençons par de tels exemples « de salut public » !
    « Le premier pas est la moitié de tout », disait Pythagore.

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