La victoire annoncée de la droite

Ultime débat
(Photo AFP)

La campagne électorale touche à sa fin, l’ordre de bataille pour le second tour est établi et le pronostic ne devrait pas être démenti: lourde défaite de la gauche, ascension du FN, victoire de la droite annonciatrice de succès aux régionales et aux sénatoriales. Un résultat différent de celui qui est prévu constituerait une immense surprise. Le gouvernement compte sur le vote au second tour d’une partie des abstentionnistes du premier, mais les raisons de leur défection n’ont pas changé.

LE DÉBAT de cette semaine sur le front républicain avait quelque chose de désuet : le PS n’en avait pas plus tôt fait son cheval de bataille que, dans deux ou trois localités, des élus de son camp maintenaient leur liste avec la certitude de contribuer ainsi à la victoire des candidats du Front. De même à droite : des élus UMP ont, ici et là, fait alliance avec le FN ou se sont maintenus en dépit du bon sens, rejetant le principe du « ni ni » de Jean-François Copé. Ils ont été désavoués ou expulsés du parti. En d’autres termes, les plus belles déclarations de foi sont souvent inopérantes sur le terrain. On dit que les élections municipales sont un scrutin local. Cela n’enlève rien à la violence des batailles. Le pouvoir municipal ne soulève pas moins les passions que le pouvoir gouvernemental.

NKM : bataille perdue ?

Marseille va reconduire son maire, Jean-Claude Gaudin, et peut-être élire un candidat du FN dans un secteur. Paris va sans doute rester une mairie socialiste en dépit de l’avance en nombre de voix de Nathalie Kosciusko-Morizet au premier tour. NKM a livré, avec un imperturbable et éternel sourire,  un combat très difficile. Elle a rencontré des obstacles énormes, qu’elle avait peut-être sous-estimés, dans la marche pour le rassemblement de son camp, alors que Anne Hidalgo a su passer des accords qui ont renforcé la cohésion de ses troupes. NKM est trop intelligente pour ne pas savoir qu’elle va perdre (le contraire serait une autre surprise), mais elle a continué à ferrailler, quelquefois à côté de la cible, jusqu’à la dernière minute, un peu comme si le plaisir de la bataille lui convenait autant que celui de gagner. Son courage a été remarquable.

Il me semble donc que, dimanche soir, le PS n’aura que Paris à brandir comme trophée, alors qu’il espérait Paris, Lyon (Gérard Collomb est assuré d’être réélu) et Marseille. Et il lui faudra bien reconnaître que la carte des municipales a changé de couleur : la droite est en passe de reconquérir quelque 110 villes. Elle devra son succès davantage à l’échec général du gouvernement qu’à ses propres mérites ; pour remettre l’UMP en selle, ses électeurs lui ont provisoirement pardonné, et ne l’ont pas trahie pour rejoindre le FN, qui a profité de l’abstentionnisme et de la défection d’une partie du vote ouvrier, comme en témoigne l’élection dès le premier tour de Steve Briois à Hénin-Beaumont. Ce transfert d’une (faible) partie de la gauche déçue vers l’extrême droite est une très mauvaise nouvelle : il risque en effet de convaincre le président de la République de revenir aux fondamentaux socialistes pour gérer le pays, ce qui achèverait notre économie.

La république n’est pas en danger.

François Fillon demandait ce matin que l’on arrête de « brandir l’épouvantail de la république en danger ». Son rejet du front républicain lui avait déjà valu une volée de bois vert socialiste. Je reconnais que, compte tenu de la violence des débats droite-gauche de la campagne et de l’instrumentalisation des « affaires » par la gauche, le rapprochement autour d’un principe, fût-il salutaire, semble exclu. Il faudrait pacifier les relations droite-gauche avant de respecter le front républicain. Le problème vient de l’évolution remarquable du Front sous la houlette de Marine Le Pen. Il s’est habillé dans le chatoyant vêtement de la respectabilité ; il a mis une sourdine à des revendications extrêmes et, surtout, aux imprécations ; il n’a même pas pris parti ouvertement contre le mariage homosexuel. Pour ma part, je ne suis pas dupe de ce déguisement. Je crois qu’un Front national au pouvoir appliquerait une politique d’immigration et de sécurité qui réduirait considérablement nos libertés et un programme économique qui nous conduirait à la ruine. Le devoir de l’UMP est donc de ne pas pactiser avec Marine Le Pen et d’apporter une offre politique susceptible de détourner du Front une partie de son électorat. Tâche considérable.

RICHARD LISCIA

 

 

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