Écosse : après la bataille

Le triomphe du non
(Photo AFP)

Pour mon analyse de la conférence de presse de François Hollande, je me permets de vous renvoyer à l’édition de lundi du « Quotidien du médecin ». Ce qui m’autorise à revenir sur le référendum écossais et ses conséquences, qui ont une valeur plus historique que les propos du chef de l’État. Certes, le « non » à l’indépendance a triomphé par 55,3% des suffrages. Mais l’Écosse aujourd’hui, est coupée en deux, entre les soulagés et les frustrés. Alex Salmond, Premier ministre écossais, loin de méditer sur ce qu’il a fait à son pays, trouve dans sa défaite de quoi se réjouir.

IL CROIT en effet à la crédibilité de son projet qui a tout de même rassemblé 44,7 % des voix. Il pense que, dans les années à venir, un nouveau référendum conduira l’Écosse à l’indépendance. Il envoie un message à tous les mouvements centripètes d’Europe, des catalans aux basques,  qui ont salué ce matin sa performance. Il contraint le Premier ministre David Cameron, à promettre dans l’immédiat, une « dévolution » plus grande non seulement à l’Écosse, mais au pays de Galles, à l’Irlande du nord et à l’Angleterre. Cette dynamique n’est pas négative dans la mesure où elle accentue la décentralisation du Royaume-Uni. Mais le problème n’est pas contenu dans les rapports entre un gouvernement et ses administrés, même si la menace d’une sécession aura été nécessaire pour améliorer de tels rapports. Il est dans l’exemple donné à l’Europe.

Retour aux principautés.

Quel exemple ? Celui d’une sorte de retour aux principautés qui composaient l’Europe il y a quelques siècles. L’entreprise d’unification du continent est extrêmement ardue, comme chacun peut le constater. Elle ne sera sûrement pas facilitée par un morcellement en provinces et, pourquoi pas ? en villes autonomes, qui poserait en permanence la réintégration de ces zones dans l’Union. Bref, on est dans un cas de figure qui ressemble à un gruyère criblé de trous. Le prochain épisode, c’est la Catalogne. À Madrid, le gouvernement ne veut même pas autoriser l’organisation d’un référendum sur l’indépendance de cette région espagnole. Les Catalans ne pourront donc y procéder que dans l’illégalité, ce qui risque d’entraîner des violences. Ils sont pourtant plus distincts des Espagnols que les Écossais ne le sont des autres Britanniques. Ils ont une langue, des traditions, une histoire. Comme s’ils ne pouvaient pas cultiver ces différences régionales au sein d’un plan grand ensemble.

L’UE menacée.

Du point de vue de l’Union européenne, composée de 28 pays, le risque est de tomber dans la multiplicité des pays représentés aux Nations unies. L’élargissement de l’union à des États périphériques a ralenti l’intégration de ceux qui ont fondé l’UE. La crise de l’euro n’a rien été d’autre que l’impréparation d’une zone euro qui n’avait pas eu le temps d’unifier son système bancaire, ses budgets publics et ses fiscalités. Si en plus, vous avez de nouveaux États dont l’ambition, justement, concerne la « créativité » fiscale, la structure du budget, la création de nouvelles normes éducatives ou de nouvelles lois pénales, le projet européen mourra de sa belle mort. À quoi on peut toujours rétorquer que les habitants d’un pays ont un droit sacré à l’autodétermination et qu’il leur appartient d’assurer leur avenir à leur convenance. Il reste que l’on fait dire ce qu’on veut au verdict démocratique : le non l’a emporté largement, l’indépendantisme triomphe.

RICHARD LISCIA 

 

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