Sarkozy, période angélique

Des gages de gentillesse
(Photo AFP)

Nicolas Sarkozy et Alain Juppé ont déjeuné ensemble hier et, quelques heures plus tard, le maire de Bordeaux titrait son blog « Une bonne rencontre ». Tout se passe très bien, affirme-t-on à l’UMP, où le tout nouveau président du mouvement a commencé ses consultations pour former le bureau politique (dans lequel vient d’être inclus Hervé Mariton). Il a reçu notamment Nathalie Kosciusko-Morizet et Laurent Wauquiez. Enfin et surtout, l’UMP annonce que M. Sarkozy lui a remboursé quelque 360 000 euros, somme représentant l’amende que le Conseil constitutionnel avait infligée à l’ancien candidat à la présidence pour dépassement de dépenses de campagne électorale.

POUR DIRIGER  L’UMP  et, plus tard, en obtenir l’investiture, Nicolas Sarkozy est  prêt, apparemment, à tous les compromis. En remboursant son parti de la somme qu’il lui avait fait payer, sans doute indûment, il prend la meilleure option pour sa crédibilité. Le geste lui coûte cher mais il salué par toute la droite. Il introduit enfin un peu de vertu et de clarté dans les rapports entre les ténors de l’UMP et permet de dégager l’horizon en attendant les premiers combats avant la primaire. Ils seront rudes. Alain Juppé, qui n’est pas né de la dernière pluie, a publié son blog  immédiatement après son déjeuner avec M. Sarkozy pour prendre date : il n’a que des éloges à adresser à l’ancien président. mais en même temps il grave dans le marbre les engagements, de nature très démocratique, que M. Sarkozy a pris en sa présence, notamment au sujet des primaires de la droite. Le moment venu, M. Juppé n’hésitera pas à les lui rappeler.

Un calme de courte durée.

On peut néanmoins éprouver un peu de scepticisme en assistant à ce déballage de bons sentiments, de discipline, de relations courtoises entre des personnes qui, qu’elles le veuillent ou non, sont appelées à entrer en conflit et même à se battre, et pas à fleurets mouchetés. Il en va de la survie de MM. Juppé et Fillon, au moins jusqu’à la primaire : il faudra bien qu’ils disent en quoi ils sont meilleurs que M. Sarkozy et qu’ils en soulignent les travers, ceux-là même qui risquent de conduire la droite à la défaite. La primaire est un exercice hautement démocratique mais, par la force des choses, elle envenime les rapports entre gens du même camp. Les socialistes en ont fait l’expérience.

Aurait-il changé ?

Le soudain accès d’angélisme de M. Sarkozy signifie-t-il qu’il a enfin changé, comme il l’a affirmé de si nombreuses fois ? Franchement, je ne crois pas, et je ne crois même pas qu’il ait un intérêt personnel à se transformer en candidat guimauve. Sa force, c’est son style, qui ne plaît pas à tout le monde, mais tout de même au plus grand nombre. Il a tout à fait raison de faire patte blanche au début de ce nouveau mandat qu’il vient de conquérir, mais son angélisme actuel est un costume de théâtre qu’il est appelé à ôter un jour. Des sondages quelque peu prématurés indiquent que, si les élections législatives avaient lieu aujourd’hui, la droite classique et le centre remporteraient quelque 500 des 577 sièges de l’Assemblée nationale. Tellement prématurés qu’ils sont incapables de tenir compte de l’identité du président issu de la présidentielle de 2017. Le nom du prochain chef de l’Etat sera pourtant essentiel dans le choix de leurs députés par les électeurs. Mais au moins ces enquêtes d’opinion montrent-elles qu’une occasion unique se présentera alors pour l’UMP. C’est à elle de laminer les rivalités personnelles pour parvenir au but.

RICHARD LISCIA

 

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Une réponse à Sarkozy, période angélique

  1. lionel dit :

    Angélisme ? : ça commence toujours comme ça avec lui…

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