Immigration : mieux vaut tard que jamais

Hollande au musée de l’immigration
(Photo AFP)

François Hollande a inauguré hier le Musée de l’histoire de l’immigration qui a ouvert ses portes en 2007. Ce qui signifie que Nicolas Sarkozy, pendant son quinquennat, s’est abstenu de lier son nom à une immigration dont il a combattu beaucoup d’aspects, et que son successeur à l’Élysée ne s’est pas dépêché non plus de réparer cet « oubli ». Dans son discours, le président de la République a néanmoins mis l’accent sur l’enrichissement que l’immigration a apporté au pays et sur la nécessité de combattre la peur qu’elle inspire.

M. HOLLANDE n’a fait que rendre à la gauche ce qui lui appartient. Ce sont la gauche et ses valeurs égalitaires qui soutiennent les droits des immigrés et qui militent en faveur de leur droit de vote dans les élections locales. C’est la droite qui a inventé la notion d’identité nationale et fait des réserves sur la capacité de la France à accueillir la misère du monde, même si l’expression vient de Michel Rocard. C’est l’extrême droite qui voit dans l’immigration un danger pour le bien être des Français dits de souche. Mais une fois qu’on a rappelé ces quelques points, on voit aussi que la question de l’immigration ne clive pas l’opinion en deux groupes irréconciliables. Les reconductions à la frontière sont à peine moins nombreux aujourd’hui qu’elles l’étaient du temps de M. Sarkozy. La France a toujours soutenu par les actes l’application du droit d’asile. Les couches d’immigration successives se sont bien intégrées, sauf les plus récentes. La proportion de citoyens qui n’a pas de sang étranger dans les veines ne serait que de 25 %.

Un os à ronger pour la gauche.

Le discours de M. Hollande n’était pas dépourvu de toute arrière-pensée. Dès lors qu’il a lancé une politique économique incarnée notamment pas la loi Macron, ce qui lui est très vivement reproché par une partie du PS, par les Verts et par l’extrême gauche, il espère se rabibocher avec eux en leur donnant un os à ronger au sujet de l’immigration, domaine où, de toute façon, la gauche ne peut exprimer que des idées humanistes, face à la « zemmourisation » de la société française. Il ne peut pas, pourtant, négliger les problèmes de sécurité posés par un fragment de la population issue de l’immigration. Les actes accomplis par des djihadistes formés en réseaux et qui vont égorger des Occidentaux en Syrie ou en Irak échappent à toute mansuétude, fût-elle inspirée par une idéologie qui se prétend humaniste dans l’absolu.

L’humain dans chaque homme.

M. Hollande a néanmoins voulu apporter une réponse positive à tous ceux qui estiment que la France ne peut pas nier son métissage, pas plus qu’elle ne doit ignorer l’apport culturel et économique des immigrés. Et qui posent une bonne question : est-il possible à une société comme la nôtre de tourner le dos à tous ceux qui espèrent échapper à la mort en venant, fût-ce clandestinement, en France ? Existe-t-il une société digne de ce nom qui soit capable de ne pas reconnaître ce qu’il y a d’humain en chaque homme ?

Nous sommes donc condamnés à combattre les extrêmes, laxisme dans le contrôle des frontières ou répression aveugle des innocents ; à donner des règles permanentes à l’immigration et à en surveiller les flux attentivement ; à trouver l’équilibre entre l’humanitaire et la nécessité sociale, dans ce pays accablé par le chômage et la stagnation économique. Mais la peur de l’intégrisme, fondée sur des risques réels, ne peut pas être comparée à la peur causée par le plombier polonais qui, naguère, puisait son carburant dans le fantasme. Le terrorisme et ses méfaits incessants ont démontré largement que notre protection à tous passe par une vigilance extrême en matière d’immigration.

RICHARD LISCIA

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