Le retour de la politique

Marion Maréchal-Le Pen
(Photo AFP)

Nicolas Sarkozy a donné le signal du retour aux bonnes vieilles habitudes politiques en contestant certains aspects du traitement de la crise sécuritaire par le gouvernement. Il a déclenché une riposte du PS et de Manuel Valls. Le temps aidant, les partis reviennent à leurs querelles. C’est peut-être trop tôt, ce n’est pas de très bon goût, mais c’est normal : nous avons célébré la liberté d’expression, elle reprend ses droits et nous aurions tort de nous en plaindre.

ON DEVINE ce qui traîne dans les arrière-pensées de la droite, de l’extrême-droite et de la gauche d’opposition : l’idée horrible que François Hollande, Manuel Valls, Bernard Cazeneuve et le gouvernement en général tirent un profit démesuré d’un malheur national qui a coûté la vie à 17 Français. Personne ne peut exprimer publiquement cette idée, car elle signerait la cruauté de la vie politique, mais personne non plus ne peut l’ôter de son esprit. Nicolas Sarkozy voit le regain de popularité du pouvoir comme une injustice personnelle qui lui est faite. Il ne cesse de répéter qu’il est trop noble pour sombrer dans ces chamailleries, mais il a un réflexe d’enfant jaloux. Ne sous-estimons jamais la qualité de l’analyse de l’ancien président. Il a perçu un danger sérieux pour l’opposition, il  ne perd pas de temps à tergiverser et reprend le leadership du combat (électoral). Il n’a pas tort de croire que les attentats ne changent rien à la situation économique et sociale du pays, et même sur la riposte contre le djihadisme, il a une opinion différente de celle du président.

Hortefeux à la rescousse.

Nous signalions hier qu’il s’y est très mal pris. Brice Hortefeux, son ami fidèle, s’est empressé de soutenir chacun de ses propos, pour que M. Valls et le PS n’aient pas, en la matière, le dernier mot. Tout cela revient à beaucoup d’agitation pour peu de choses : les Français continueront de penser que la séquence Charlie Hebdo et Hyper Cacher a été bien gérée par le gouvernement, sans d’ailleurs se faire la moindre illusion sur les perspectives de croissance ou de création d’emplois.

Quant aux autres partis, ils sont déjà sur une autre planète. EELV est plus que jamais déchiré entre ceux des Verts qui souhaitent entrer au gouvernement et ceux qui, comme Cécile Duflot, le leur interdisent après y avoir été. Le Front national s’est littéralement cassé sur les événements de janvier, comme s’il était incapable de partager le chagrin national avant de reprendre le combat politique.  Marine Le Pen était seulement obsédée par l’invitation qu’elle réclamait de François Hollande à participer aux manifestations du 11 janvier. Son appétit pour la consécration du Front en tant que parti républicain identique aux autres a submergé tous ses autres réflexes, opportunistes ou non. Hollande lui a refusé l’invitation pour une très bonne raison : il ne souhaitait pas faire de la marche républicaine une affaire institutionnelle. Il  y est parvenu. C’est spontanément et dès le 10 janvier que les Français se sont rassemblés ou ont défilé. Du coup, Marine Le Pen est allée manifester dans une mairie FN, celle de Beaucaire où l’on n’a vu que des partisans du Front national, d’ailleurs sifflés par ceux qui le combattent. Piètre performance.

Marine affaiblie.

La députée Marion Maréchal Le Pen pense-t-elle que sa tante est quelque peu affaiblie ? En tout cas, elle ne lui fait pas de cadeau. Le préposé du Front aux affaires étrangères, Aymeric Chauprade, a diffusé le 15 janvier sur Internet une vidéo évoquant une « cinquième colonne islamiste » en France. Marine Le Pen a obtenu le retrait de la vidéo et privé M. Chauprade de ses fonctions de chef des euro-députés FN. Patatras ! Marion soutient M. Chauprade et conteste la sanction prise par sa tante, pendant que Jean-Marie Le Pen, père et grand-père de ces dames. continue à faire des siennes et qu’un conseiller de Marine passe chez M. Dupont-Aignan. Le FN est-il affaibli au point de perdre des électeurs potentiels ? C’est trop vite dit. Mais l’apparente perte de contrôle de son parti par Marine Le Pen améliore les perspectives de l’UMP et du PS.

RICHARD LISCIA

 

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2 réponses à Le retour de la politique

  1. Robert SAINT-JACQUES dit :

    Chassez le naturel de notre classe dite politique…
    Un jour, que je souhaite prochain, et plus par volonté murie que par impérieuse nécessité, l’union nationale qui associera républicains responsables et démocrates de tout bord, gouvernera la France et la réformera, comme cela est nécessaire et comme elle en a exprimé le besoin, non par les urnes – qu’elle ressent comme muettes – mais par la rue, ainsi qu’elle le fait, lorsque besoin est, depuis plus de deux siècles.

  2. A3ro dit :

    Ce pays est éminemment frustrant parfois, mais force est de constater que dans des moments comme ça, le réflexe premier des gens n’est pas de courir dans les bras du FN, bien au contraire. Et même si les actes islamophobes augmentent, c’est plus le fait d’une minorité débile que d’une lame de fond populaire.

    Quand on voit le discours et les militants d’Aube dorée, par exemple, ce qui se passe en France fait plutôt chaud au coeur.

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