EN EFFET, une majorité sera trouvée grâce au concours d’une majorité de la gauche et d’une minorité de la droite qui, cette fois, a compris qu’elle ne pouvait pas s’opposer à une loi sécuritaire dont le pays a un immense besoin. Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, vient encore de répéter que, si le texte lui avait paru liberticide, il ne l’aurait pas soutenu. Existe-t-il une défiance du gouvernement à l’égard des juges ? Il y a surtout le sentiment de plus en plus répandu que la répétition des actes de terrorisme nous contraint collectivement à renoncer à une partie de nos libertés pour que notre sécurité soit assurée. Le sentiment aussi que, dans un monde ou tout le monde espionne tout le monde, les précautions normalement souhaitables ont perdu de facto de leur importance : faut-il s’assurer que le pouvoir a de bonnes raisons d’espionner le citoyen lambda quand le même citoyen est de toute façon écouté, suivi à la trace par des services secrets étrangers?
Les libertés et la vie.
La vérité est que, dans ce climat de guerre intérieure, qui n’est pas récent, nous avons déjà été privés de quelques libertés essentielles : ce n’est pas de gaieté de coeur que nous nous soumettons à des contrôles de plus en plus insidieux aux frontières. Nous ne sommes pas vraiment libres quand des services de sécurité nous fouillent et nous scannent dans les aéroports. Mais si nos acceptons de bon gré ces contrôles, c’est parce que nous savons qu’ils sont indispensables à notre sécurité. Visiblement, Manuel Valls n’a pas été tenté, en l’occurrence, d’agir comme le plus brillant élève de la classe européenne, celui qui, en prévoyant le contrôle des contrôleurs, aurait à la fois protégé la vie et les libertés de ses concitoyens.
La pédophilie à l’école.
Il pouvait néanmoins prendre le temps de peaufiner le texte de manière à faire taire les objections formulées par les magistrats et par les défenseurs du droit. Je ne sais pas si la quadrature du cercle est possible dans cette affaire. Mais ce qui a prévalu, en définitive, c’est un point de vue qui accorde plus de place aux victimes qu’aux criminels. Il s’agit de doter la police et la justice d’instruments efficaces contre une forme de criminalité qui inquiète de plus en plus les Français. Si l’usage de ces instruments n’est pas d’une rapidité extrême, on peut craindre qu’ils ne suffisent pas. On rejoint dans ce domaine une demande de sécurité de plus en plus explicite de la population. Les cas récents de pédophilie à l’école qui ont indigné le pays ont trouvé leur aboutissement dans des mesures annoncées conjointement par la ministre de l’Éducation, Najat Vallaud-Belkacem et par la ministre de la Justice, Christiane Taubira qui, tout attachée qu’elle soit aux libertés, a bien compris que l’opinion ne pouvait se satisfaire d’un manque de coordination entre la justice et l’éducation nationale. Il n’y aura plus de non-signalement de cas de pédophiles restés dans le circuit de l’enseignement. Ils en seront désormais bannis. C’est autour du même principe qu’a été bâti le projet de loi sur le renseignement, qui sera adopté aujourd’hui à l’Assemblée nationale avant d’aller au Sénat.
RICHARD LISCIA
Voilà donc un bon article, bien passionnant. J’ai beaucoup aimé et n’hésiterai pas à le recommander, c’est pas mal du tout ! Elsa Mondriet / june.fr
Comme toujours un article très instructif. Merci sincèrement d’avoir pris le temps d’écrire ces quelques mots. Au plaisir de lire le prochain article ^^. Cédric de http://www.seo-rennes.org/