LE PARCOURS de Nicolas Sarkozy est jalonné de petits succès et d’échecs. Il a été autorisé à changer le nom de l’UMP et il conduit une charge incessante contre le pouvoir. Bien qu’il affiche un optimisme sans réserves quant à son destin, il est contraint de limiter les dépenses de son parti, ce qui réduira la dimension de sa campagne, et il ne sait pas vraiment si les banques vont accepter d’étaler le remboursement des dettes que les Républicains ont accumulées au titre de l’UMP. Il n’en a pas fini non plus avec la justice, qui a avalisé les écoutes de ses conversations téléphoniques avec son avocat en rédigeant des attendus curieux qui, pour le profane, ne semblent pas rigoureusement marquées au coin du droit.
Plaie d’argent…
En revanche, il peut se féliciter de la relaxe de son ami Éric Woerth, ancien ministre, dans l’affaire Bettencourt. Mais sa tâche reste considérable : dans la polémique sur la réforme du collège, c’est son rival à la primaire, Bruno Le Maire, qui a porté le fer avant lui. Et il constate que la popularité d’Alain Juppé, y compris chez les militants de son parti, augmente.
Le congrès de demain fixera sans doute la méthode qui permettra non seulement de faire des économies sur les dépenses, mais de poursuivre le remboursement de la dette aux banques (un premier versement de 5,5 millions d’euros a eu lieu récemment). Comme le dit un conseiller UMP, le meilleur moyen de renflouer les caisses des Républicains, c’est de gagner les élections de 2017, présidentielle et législatives, ce qui augmenterait sensiblement la dotation de l’État à l’opposition actuelle. Le parti est censé verser 27 millions d’euros aux banques en 2017, alors qu’il lui faudra en dépenser beaucoup s’il veut avoir une chance de l’emporter.
Fillon et son procès.
Le problème de fond concerne les orientations politiques et idéologiques à définir pour préparer l’ordre de marche des Républicains, qui devront se prononcer sur l’action économique et sociale, l’immigration, l’Europe et les réformes qu’ils comptent entreprendre en matière de fiscalité, de réduction des dépenses, de créations d’emplois, d’investissements. Ils auront pour autre tâche de définir de façon durable leur alliance avec l’UDI et éventuellement le MoDem. Elle exige des concessions réciproques. Sans cette alliance, l’opposition ne serait pas assez forte pour nourrir l’espoir raisonnable de gagner les élections de 2017. De M. Sarkozy ou de M. Juppé, c’est le second qui semble le mieux placé pour s’entendre avec le centre.
La primaire à droite risque d’être tourmentée. Elle va jeter les uns contre les autres plusieurs candidats à l’investiture du parti, avec un match essentiel entre les trois poids-lourds, Sarkozy, Juppé et Fillon qui, lui aussi, se bat en justice dans un procès en diffamation qu’il fait à Jean-Pierre Jouyet, conseiller numéro un de l’Élysée. Celui-ci a commis l’imprudence de dire à deux journalistes du « Monde » que M. Fillon lui avait rendu visite pour que les procédures judiciaires lancées contre Nicolas Sarkozy fussent accélérées. L’affaire a déjà introduit le poison dans les relations entre Sarkozy et Fillon, qui, déjà, étaient mauvaises. On imagine que l’ancien Premier ministre n’aurait pas engagé une action en justice s’il n’était pas sûr de lui. Mais il faudra bien que l’un des deux, Jouyet ou Fillon, perde le procès.
RICHARD LISCIA