La fin des retraites

Ayrault : réforme dépassée (Photo AFP)

Ayrault : réforme dépassée
(Photo AFP)

Un nouveau rapport du Comité d’orientation des retraites (COR) se montre bien plus pessimiste que celui qu’il avait publié il y a deux mois : il ne prévoit pas de retour à l’équilibre des caisses avant 2030 et il envisage une baisse des pensions dès 2016. Ses auteurs n’hésitent pas à dire que la réforme adoptée en 2013 par le gouvernement Ayrault et qui était censée garantir tous les régimes jusqu’en 2040 est largement insuffisante.

NOUS AVONS été de ceux qui ne croyaient pas que la réforme de 2013 serait efficace parce qu’elle ne mettait pas l’accent sur la prolongation des carrières, alors que, dans un pays où l’on vit plus longtemps et avec une bonne qualité de vie, il était logique de différer les départs en retraite. On nous a objecté que, avec un chômage de plus de 10% qui frappe particulièrement les seniors, parfois considérés comme tels à partir de 50 ans, il était absurde de croire que les salariés pourraient se maintenir en activité au-delà de 60 ans. Mais le casse-tête des retraites est inséparable du marché du travail. Non seulement les Français doivent travailler au-delà de 60 ans mais ils doivent travailler davantage tant qu’ils sont en activité. Le démantèlement de la semaine des trente-cinq heures permettrait de stimuler la production et de baisser le coût horaire des produits finis. Il permettrait d’exporter davantage et, à terme, d’augmenter les salaires, donc les cotisations retraites, donc le pouvoir d’achat.

Pensions peau de chagrin.

Parce que François Hollande n’a pas voulu en 2013 d’un affrontement avec les syndicats, le voici maintenant qui doit songer à une nouvelle réforme (ou à laisser la place pour que d’autres engagent le changement). Il se gardera bien de l’entreprendre parce qu’il refuse tout conflit social qui affaiblirait encore sa popularité avant les élections de 2017. Il pensera donc à diminuer les retraites (déjà gelées depuis deux ans) et à augmenter les cotisations, alors que le discours officiel met l’accent sur la hausse du pouvoir d’achat par la réduction des prélèvements obligatoires. Les pensions vont se transformer en peau de chagrin, les retraités devront diminuer leurs dépenses, ce qui se traduira par une contraction de l’économie (il y a près de 16 millions de retraités en France).
À quoi il faut ajouter que si les régimes de retraite sont assurées par des caisses qui possèdent des réserves de l’ordre de 120 milliards d’euros, la CNAV, qui assure la retraite sécurité sociale et les fonctionnaires n’ont aucune réserve et dépendent donc directement du financement assuré par l’État à travers le budget, c’est-à-dire par les contribuables. Ce qui ne sera pas demandé au retraité ou à l’actif sera exigé au niveau de la feuille de paie.

Des chamboulements à venir.

Le rapport du COR présente plusieurs scénarios envisageant des taux de croissance et de chômage différents. La moindre des prudences consiste à ne pas espérer que nous allons retrouver le plein emploi et une croissance forte. Pour y croire, il faudrait que la réforme du marché du travail soit plus profonde que celle présentée aujourd’hui par Manuel Valls et qui porte sur une plus grande flexibilité de l’embauche et du licenciement et un gel des « seuils sociaux », ceux à partir desquels sont déclenchés de nouveaux coûts pour l’entreprise. Des phénomènes se produisent dans le travail et dans la production qui chamboulent complètement la relation entre l’entreprise et le salarié. Y aura-t-il encore des salariés dans cinquante ans ? L’auto-entrepreneur n’est-il pas l’avenir ? Le contrat à durée indéterminé n’est-il pas appelé à disparaître au profit d’un achat par l’entreprise des heures du salarié, qui « vendrait » ainsi son temps de travail sous la forme d’un produit ? La retraite par capitalisation ne doit-elle pas être encouragée par une défiscalisation complète ? On peut poser ces questions, on n’est pas sûr d’avoir des réponses.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à La fin des retraites

  1. Wolga Jean dit :

    Baisse des pensions dès 2016 ?
    Pour nous médecins elle a déjà commencé en 2012. Nous subissons non seulement un gel des retraites, mais une baisse, et à ma connaissance nous sommes les premiers et les seuls. C’est vrai, presque personne n’est au courant, même des revues professionnelles comme le « Quotidien du Médecin » n’en ont guère parlé.
    Je suis médecin retraité actif, ayant liquidé tous mes droits à la retraite au 1er janvier 2011, et salarié à temps partiel.
    Suite aux négociations, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, entre Xavier Bertrand et les syndicats médicaux résignés, trop contents d’avoir « sauvé » l’ASV, la baisse brutale de l’ASV a entraîné entre le 2ème et le 3ème trimestre 2012 une diminution globale et définitive de la retraite des médecins libéraux de 7,1 % , ce qui équivaut à une amputation de 26 jours de retraite par an !
    Quelle autre profession aurait accepté cela ?

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