Grèce : vers un accord imparfait

Tsipras : gesticulations (Photo AFP)

Tsipras : gesticulations
(Photo AFP)

Le sommet européen de ce soir devrait aboutir à un accord qui évitera à la Grèce à la fois la faillite et la sortie de l’euro. François Hollande a fait tout ce qui était en son pouvoir pour empêcher la rupture et il a été aidé par Angela Merkel, qui, en dépit de la mauvaise humeur de son opinion, hostile au gouvernement grec, ne souhaite pas non plus créer un précédent dangereux pour la zone euro.

L’ACCORD ne résoudra aucun des problèmes structurels qui affectent l’économie grecque, soutenue à bout de bras et depuis des décennies par des prêts étrangers dont le montant cumulé est maintenant colossal. Depuis 2010, la Grèce a bénéficié de deux plans d’aide de 110 et 140 milliards d’euros, ainsi que de l’effacement de la dette de 107 milliards contractée auprès de créanciers privés. En outre, la Banque centrale européenne (BCE), vouée aux gémonies par l’opinion grecque au même titre que la commission de Bruxelles et que le Fonds monétaire international (FMI), assure quotidiennement l’approvisionnement des banques grecques en liquidités, ce qui a permis aux citoyens grecs de retirer plus de 3 milliards d’euros en billets la semaine dernière.

Le chantage de Tsipras.

Entre juin et juillet, la Grèce doit rembourser plus de 8 milliards d’euros au FMI et à la BCE et payer ses fonctionnaires et ses retraités (plus de 2 milliards par mois). L’accord de ce soir ne lui garantirait que 7,6 milliards, à peine suffisants pour passer le cap du mois de juillet. Et après ? Certes, Alexis Tsipras ne gouverne que depuis quelques mois, mais il s’est contenté de chercher de l’argent sans contreparties au lieu de poursuivre les réformes structurelles qui équilibreraient son budget. Il a même exercé un chantage inacceptable en réaffirmant à plusieurs reprises que la faillite de la Grèce entraînerait une explosion de la zone euro et en allant à Moscou conclure un accord sur l’achat par la Grèce d’hydrocarbures, comme si la Russie, très affaiblie économiquement, pouvait lui donner les sommes folles dont il a besoin pour survivre.
Ce matin, les marchés ont réagi très positivement aux rumeurs d’accord. Ils ont peut-être anticipé précipitamment un accord qui n’est pas encore sûr et dont la portée est peut-être limitée à l’urgence du moment.

Des remèdes douteux.

Les contraintes imposées par la troïka (BCE, FMI, Bruxelles) ont-elles contribué à la dégradation de l’économie grecque ? Certains remèdes suggérés par elle, par exemple la baisse des pensions, ne sont sans doute pas des plus judicieuses. En négligeant les provocations du gouvernement de M. Tsipras, on pouvait envisager sereinement une sortie de la Grèce de l’euro, donner à Athènes de se refaire une santé en pratiquant la dévaluation compétitive et en améliorant le recouvrement de l’impôt, quitte à rouvrir les portes de la zone euro à la Grèce une fois qu’elle aurait terminé l’assainissement de ses fondamentaux. Bien entendu, cette option comprenait le risque d’une perte de confiance généralisée dans l’euro et le risque d’une attaque par les spéculateurs contre d’autres pays du sud européen. Mais est-il possible de prêter encore de l’argent à la Grèce ?

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Grèce : vers un accord imparfait

  1. Mattie dit :

    Article fort sympathique, une lecture agréable. Ce blog est vraiment pas mal, et les sujets présents plutôt bons dans l’ensemble, bravo !

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