Rien n’a changé

Rebsamen : départ en douceur (Photo AFP)

Rebsamen : départ en douceur
(Photo AFP)

À mon retour de vacances, je constate que les sujets de l’actualité sont ceux que j’avais laissés en partant : la crise agricole -que le gouvernement n’a pas réussi à juguler, le chômage -toujours aussi élevé- et, surtout le discours du gouvernement, optimiste jusqu’à l’absurde. Après une croissance de 0,6 % au premier trimestre, a succédé une croissance 0 au deuxième. Michel Sapin, ministre de l’Économie, n’y voit aucune raison de se décourager. La crise de l’immigration donne toujours lieu à une coopération franco-britannique dont on n’aperçoit pas les résultats.

CEPENDANT, il y a du nouveau : François Rebsamen, ministre du Travail, a démissionné. Il l’a fait avec grâce, en bon soldat et ami de François Hollande, en faisant valoir qu’il préférait retourner à la mairie de Dijon, où son suppléant est mort, ce qui entraîne une municipale partielle. M. Rebsamen a essayé de proposer des idées nouvelles en matière d’emploi, mais a aussitôt été renvoyé dans les cordes par les syndicats, soutenus par un gouvernement frileux que toute audace inquiète. Déçu, le ministre quittera ses fonctions dans quelques semaines. Il n’a pas dit qu’il avait hérité d’un portefeuille impossible et on ne sait pas qui va le remplacer. Pourquoi pas Emmanuel Macron, le seul qui soit en mesure, par de nouvelles décisions auxquelles M. Hollande ne semble pas prêt, de créer des emplois ?

Le coup de la baisse des impôts.

Ce qui est terrible, en cette fin de vacances, c’est le sentiment national que le meilleur moyen d’éviter toute déception consiste à croire que rien d’utile ne se produira dans l’immédiat. Ce qui est terrible, c’est d’entendre des ministres dire, dans un océan d’incrédulité, que le premier conseil des ministres de la rentrée a été « studieux », « sérieux », comme s’ils devaient montrer de quelles vertus ils sont parés alors que tout ce qu’on leur demande, c’est d’être efficaces et de poursuivre un objectif commun, ce qui n’est pas le cas, celui de réduire le chômage. Ce qui est terrible, c’est d’entendre M. Hollande annoncer à la presse de province qu’il y aura des baisses d’impôts si la croissance réapparaît, comme s’il ne savait pas que l’un des instruments capables d’augmenter l’activité, c’est justement la baisse d’impôts.

L’été de l’immobilisme.

En attendant, des magasins vont ouvrir le dimanche, réforme remportée de haute lutte mais tellement mineure, et des autocars vont pouvoir concurrencer le train et l’avion. Les Français, si l’on en croit les sondages, ne savent pas toujours qu’il y a des élections régionales en décembre prochain et, s’ils le savent, ils s’en moquent. Tout le monde pense à 2017, comme si le pays pouvait s’arrêter de respirer jusqu’aux élections présidentielle et législatives et comme si existait un majorité de rechange. Au Front national, tiens, Jean-Marie Le Pen comparaît une fois de plus devant une sorte de tribunal du parti qui veut sa disparition politique. Qu’il reste ou qu’il parte, le FN poursuivra son ascension, tandis que Nicolas Sarkozy, décidément à court d’idées, continue de courir après l’extrême droite, sans paraître se douter que, s’il efface les différences entre la droite classique et l’extrême, il y aura comme une confusion dans l’esprit de l’électeur.
L’été a contribué à l’immobilisme politique, à l’apathie de nos concitoyens, à une évasion qui, pour ceux qui peuvent s’offrir des vacances, devenait indispensable. Beaucoup songeraient à rester en vacances s’ils ne s’accrochaient à leur emploi avec toute l’énergie que leur donne la peur de le perdre. Les commentateurs se demandent parfois si la multiplicité des crises ne conduit pas à une explosion sociale. Mais, en dehors de quelques corps de métier particulièrement sinistrés, on décèle plus de résignation dans le pays que de volonté d’en découdre avec un pouvoir qui a remplacé l’action par le verbe. Ce qui sauve encore M. Hollande, c’est certes le cadre institutionnel. Mais c’est aussi la routine.

RICHARD LISCIA

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