Une France fragile

À New York, les cotations dans le rouge (Photo AFP)

À New York, les cotations dans le rouge
(Photo AFP)

Il est courant, sinon très judicieux, de tout ramener au microcosme: les attentats terroristes profitent-ils au pouvoir ? Le krach boursier chinois menace-t-il l’économie française ? On répondra oui à la première question, sans nier un seul instant que François Hollande s’y entend pour rassembler les Français quand ils sont confrontés à la violence terroriste. Et oui aussi à la seconde car, pour résister à une tempête, il faut avoir un navire solide, ce qui n’est pas notre cas.

LES DIRIGEANTS chinois sont de bons managers. S’ils ne l’étaient pas, ils n’auraient pas, en trente ans, conquis la deuxième place dans le palmarès mondial des pays les plus puissants sur le plan économique. Mais ils sont obnubilés par leur tare de naissance, le communisme totalitaire, incompatible avec les règles du marché. Lucides, ils ont ont vu venir la fin de la croissance à deux chiffres. De 10 % par an, la croissance chinoise est passée, officiellement, à 7 % quand, en réalité, elle serait inférieure à 4 %. Le parti communiste chinois a donc cru qu’il pouvait prolonger les performances économiques en mentant sur les chiffres. Puis, il s’est livré à de curieuses manipulations sur la monnaie qui ont affaibli la confiance des investisseurs. Lesquels sont en train de retirer leurs billes de la bourse pendant que le gouvernement oblige les fonds de pension à acheter des actions, ce qui ne semble pas réduire la chute vertigineuse des cours.

Le camp des faibles.

Sommes-nous concernés ? Oui, dans la mesure où la Chine est sans doute le premier marché du monde et où les autres pays exportent vers elle énormément de marchandises. Moins d’exportations vers la Chine, moins de croissance en Europe et aux États-Unis, plus de chômage. Face à ce très sérieux désagrément, il y a les forts et les faibles. Les forts, comme l’Allemagne, fabriquent des produits performants que la Chine continuera d’acheter, fût-ce en moins grande quantité. Les faibles, comme la France, verront leurs parts de marché diminuer un peu plus. Ce n’est pas non plus une catastrophe. De même que l’on assiste aujourd’hui à une correction salutaire à la bourse chinoise, où la capitalisation a doublé en huit mois avant de dégringoler, de même il finira bien par y avoir une correction dans l’autre sens. Déjà, en Europe et aux États-Unis, les marchés, prompts à la panique, se sont ressaisis.

Des réformes insuffisantes.

La France, néanmoins, se serait bien passée de la chute des marchés asiatiques (les indices des autres places financières d’Asie ont lourdement baissé). Son économie n’a pas vraiment rebondi. Sa croissance a certes été de 0,7 % au premier semestre mais ce chiffre inclut une progression nulle au deuxième trimestre. Le chômage continue de progresser alors qu’il diminue dans d’autres pays de la zone euro, notamment l’Espagne. La balance commerciale ne s’améliore que parce que les importations d’énergie sont moins coûteuses. En fait, comme tout le monde, nous avons bénéficié de « l’alignement des planètes », énergie très bon marché, taux d’intérêt très bas, euro faible, mais ce triptyque de facteurs positifs n’a pas entraîné un redémarrage de l’économie, qui souffre cruellement de l’insuffisance des réformes. Le prix du pétrole continue de baisser, mais l’euro, à cause de la crise, remonte, car il est perçu comme une monnaie-refuge. Le seul point positif (à surveiller), c’est que les États-Unis, compte tenu de l’affaiblissement soudain et brutal de l’économie chinoise, diffèreront peut-être la remontée de leurs taux d’intérêt, ce qui nous permettra de continuer à emprunter à bas coût.
Nous serions mieux préparés au marasme asiatique si nous avions engagé des réformes plus profondes des retraites, de la santé, du marché du travail et des coûts du travail. Bien, que dans une tribune publiée ce matin dans « les Échos », Manuel Valls annonce de nouvelles réformes, on devine que le président, lui, ne songe qu’à sa réélection, qui passe par un rassemblement bien improbable de la gauche et donc, par des gages à donner aux frondeurs du PS et aux écologistes. Ce n’est pas de cette manière que l’on convaincra les entreprises d’embaucher à la rentrée.

RICHARD LISCIA

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