De Nadine à Marine

Marine tombe le masque (Photo S. Toubon)

Marine tombe le masque
(Photo S. Toubon)

Au terme d’une longue attente de onze jours, Nadine Morano a donc été privée de son investiture aux élections régionales. Elle a refusé en effet de corriger des propos tenus le 26 septembre où elle évoquait une France « de race blanche » aux racines judéo-chrétiennes. Le problème reste entier, car nombre de militants du parti Les Républicains sont exaspérés par la décision du comité d’investiture (adoptée par 22 voix contre trois).

MME MORANO aura le destin qu’elle a choisi et qui n’intéresse qu’elle-même. On peut discuter ad aeternam du fond idéologique de son discours qui porte sur sa vision d’une France qui n’existe plus depuis longtemps et nous contraindrait à croire qu’Aimé Césaire ou Alexandre Dumas ne sont pas français. En se réclamant d’un gaullisme pur et dur, et en allant se recueillir sur la tombe du Général, elle se livre à une manoeuvre qui ne trompe personne. La question ne porte pas sur ce qu’elle pense et qui est son affaire. Elle concerne le coup de massue qu’elle vient de porter à son parti en pleine campagne des régionales, en conduisant une stratégie qui n’a qu’un objectif, sa survie politique en tant que candidate probable aux primaires des Républicains, au mépris du travail de rassemblement qui a été accompli par la droite et par le centre pour gagner le prochain scrutin. Elle n’a pas non plus été clouée au pilori. Par le passé, on a vu des cas d’indiscipline bien plus sévèrement sanctionnés par les partis où l’exclusion est la riposte la plus fréquente. Bref, il n’y aurait pas de quoi en faire une montagne si la zizanie qu’elle a semée pour son son seul avantage ne risquait d’avoir des conséquences fâcheuses.

Ce que Sarkozy doit faire.

Les militants du parti Les Républicains qui la défendent devraient se rappeler qu’un éclatement de la coalition droite-UDI se traduirait par un renforcement de la gauche et de l’extrême droite et qu’ils ne peuvent pas à la fois rester dans une formation modérée et exiger un programme comparable à celui du Front national. Leur fureur laisse percevoir cependant ce que pourrait être la primaire des Républicains : une consultation où les modérés comme Alain Juppé n’auraient pas leur place. Forment-ils pour autant une majorité ? Et seront-ils aveugles au point de rompre le lien avec l’UDI, ce qui affaiblirait fatalement le candidat de la droite quel qu’il soit ?
Face au soulèvement d’une partie de ses troupes, Nicolas Sarkozy risque d’être tenté, comme il le fait la plupart du temps, par une surenchère droitière. Il lui appartient au contraire de convaincre ses militants que, pour l’emporter contre la gauche, l’effet de masse ne peut être obtenu que par l’unité, dans un paysage politique où il n’y a plus deux, mais trois partis. Que, plus que jamais, le FN est non pas un co-équipier de la droite, mais son poison.

Marine pratique l’insulte.

Marine Le Pen nous a offert de son extrémisme un exemple utile lors d’une réunion du Parlement européen où elle a agressé Angela Merkel et François Hollande en des termes qui insultaient leurs fonctions plus que leurs personnes. En désignant le président de la République comme le « vice-chancelier de la province de France », elle a moins impressionné M. Hollande qu’elle n’a abaissé notre pays devant des centaines de parlementaires étrangers. Le FN, c’est ça. C’est décrire la France comme la nation la plus faible, la plus malade, la plus exsangue d’Europe. C’est matraquer le peuple français avec un discours incessant qui les déprime. C’est déclencher chez eux une neurasthénie que rien ne justifie car nos problèmes économiques et sociaux ne sont ni plus graves ni différents de ceux d’une bonne partie du monde. C’est gagner des voix en distillant la terreur. C’est, enfin, exprimer des idées qui conduisent au résultat que l’on dénonce : la France va mal, elle est sur les genoux, elle est vassalisée par l’Allemagne, par l’Amérique, par qui vous voulez et, en le répétant, en inoculant le venin dans toutes les âmes, on aboutit à la crise que l’on prétendait déceler. Il suffit, pour résister à cette dépression, d’imaginer ce que ferait le FN s’il parvenait à conquérir le pouvoir. Il ressemble à ces charlatans ou à ces Drs Knock qui, ayant découvert en vous une maladie inexistante, vous prescrivent le remède qui la déclenchera.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à De Nadine à Marine

  1. Lilith dit :

    Origine du nom de famille Morano: « Catalan, brun comme un maure, foncé de peau ».
    Drôle, non?

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