Régionales : fusion droite-gauche ?

"Camba" et Valls pas d'accord (Photo AFP)

« Camba » et Valls pas d’accord
(Photo AFP)

Le combat de Manuel Valls contre le Front national est incessant, ardent, implacable. Il conduit le Premier ministre à envisager des solutions extrêmes au cas où le FN l’emporterait dans une ou deux régions, comme c’est probable. Du coup, le Premier ministre est attaqué, en politique aussi, au sein de son propre camp.

IL NE L’A pas dit publiquement, mais s’est seulement confié à des visiteurs : Manuel Valls estime que, en Paca et en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, si l’avance du FN est trop grande, les listes PS et Les Républicains devraient fusionner.« Comme ça, c’est clair », s’est exclamée Marine Le Pen, qui ne cesse de dénoncer « l’UMPS » mais est privée de son slogan depuis que l’UMP a changé de nom. Xavier Bertrand, qui mène la bataille des régionales dans le Nord pour LR, ne veut pas en entendre parler. François Fillon est contre, les écolos et l’extrême gauche aussi, et le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, déclare : « Je n’ai pas l’habitude de mettre mon caleçon avant mon pantalon », ce qui signifie que la gauche fera tout pour battre la droite et le Front au premier tour et qu’elle avisera pour le second.

Le réalisme de Valls.

Mais au fond, la position de M. Cambadélis n’est différente de celle de M. Valls que pour des raisons de timing : inutile de poser une question prématurée, qui donne le sentiment que les socialistes ont intégré la défaite dès le premier tour. Personne ne sera dupe. M. Valls, comme à son habitude, pose le problème avec réalisme. Premièrement, il ne minimise pas, comme d’autres, le danger que représente le FN, il fait du combat contre l’extrême droite une priorité nationale, ce qui ne pas le cas des communistes et des Verts, plus soucieux de démolir la gauche que d’affronter l’ennemi. Deuxièmement, les socialistes doivent être sincères : s’ils admettent que le Front est plus dangereux que n’importe quel autre parti, il faut accepter de s’associer, ne fût-ce que momentanément, avec la droite.

Logique et vertu.

Le débat est d’autant plus intéressant que le combat de M. Valls semble perdu d’avance. Les mêmes pesanteurs qui l’empêchent, avec Emmanuel Macron, d’engager des réformes économiques décisives, bloqueront tout rapprochement entre la gauche et la droite au second tour des régionales. D’autant que Les Républicains, dans leur majorité, ne veulent pas en entendre parler. L’idée de « front républicain » ayant été très vite abandonnée, on ne voit pas pourquoi la droite accomplirait, avec la fusion des listes, un geste encore plus fort que le désistement en faveur du meilleur. On note cependant que Nicolas Sarkozy a accepté d’assister, en tant qu’ancien président, aux commémorations du 11 novembre, et que, à cette occasion, il a serré (presque chaleureusement), la main de François Hollande. On comprend aussi que, si M. Cambadélis met son caleçon avant son pantalon, rien ne l’empêche de porter un pantalon bleu plutôt que rose. Peut-être que la tentative de M. Valls n’est pas désespérée.
Si vraiment la gauche et la droite s’allient pour battre le FN dans les deux régions qu’il est capable d’emporter, Marine Le Pen criera au scandale, au cynisme, à la fin de la démocratie. M. Fillon estime que deux partis qui ont des programmes diamétralement opposés ne peuvent pas s’associer pour une élection. C’est pourtant ce qui a été fait en 2002, quand la gauche a voté Chirac contre Le Pen. La logique et la vertu ne feront jamais reculer le Front. La proportionnelle est le scrutin le plus juste mais celui qui permet rarement de gouverner. Ce qui compte, ce ne sont pas les moyens, c’est la cause que l’on sert. Débarrasser la France de l’extrême droite, voilà une cause valable.

RICHARD LISCIA +

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2 réponses à Régionales : fusion droite-gauche ?

  1. phban dit :

    Effectivement, Cambadélis fait bien de prévoir un caleçon, car il va se prendre une veste et se retrouver sans pantalon.
    Une fois de plus, Valls est lucide mais il ne peut rien faire, bloqué par les pesanteurs dans son camp.

  2. Num dit :

    Bof ! Pas convaincu…
    Au contraire, fusionner facilitera la victoire du FN en accréditant sa thèse que droite et gauche ne sont que 2 faces d’une même politique et lui permettant de se poser comme unique alternative à des politiques ayant grandement échoué.
    Malheureusement, sa victoire me paraît inéluctable après 5 ans de Sarkozy et 5 ans de Hollande ayant conduit la France dans une impasse. La seule parade possible est l’efficacité, la réforme et l’action. La gesticulation des uns et des autres et les grands discours sont contre productifs et ne font qu’avancer cette échéance.

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