Les séquelles du 13 novembre

Hollande et Cameron ce matin à l'Élysée (Photo AFP)

Hollande et Cameron ce matin à l’Élysée
(Photo AFP)

L’attentat au Mali, le siège de Bruxelles, la fuite de Salah Abdeslam, resté introuvable, montrent que la lutte contre le terrorisme est une tâche ardue alors que les gouvernements de plusieurs pays, notamment celui de la Belgique, craignent de nouveaux attentats. Infatigable, François Hollande va tenter cette semaine de former la coalition internationale qui nous permettrait de porter des coups sévères à l’État islamique (EI). Il n’est pas certain d’y parvenir.

AUJOURD’HUI en compagnie de David Cameron, Premier ministre britannique, mardi à Washington chez Barack Obama et jeudi à Moscou chez Vladimir Poutine, le président de la République s’efforce de compléter ses efforts de prévention sur le territoire national par une vaste alliance militaire contre l’EI en Syrie et en Irak. La France est encore en deuil, elle est crispée, stressée, frustrée, sa population ne peut s’exprimer que par des manifestations en province et, comme la Belgique, elle vit dans la peur ou tout au moins l’appréhension. Ces terroristes féroces nous donnent beaucoup de fil à retordre. Ils sont difficiles à repérer et à capturer. Ils sont heureux de l’épouvante qu’ils ont semée en France et en Belgique. Ils entendent nous attaquer encore.

Il n’y a rien à comprendre.

Les Français ont réagi du mieux possible à des crimes de masse qui auraient pu déclencher une vague de représailles individuelles. Ils ont refusé tout amalgame. Ils sont conscients que plusieurs musulmans sont au nombre des victimes du 13 novembre. Il ne faut pas tomber pour autant dans une analyse, hélas très partagée, selon laquelle nous aurions mérité ce qui nous arrive, sous le prétexte que nous avons été un pays colonisateur ou que nous n’avons pas donné aux jeunes des quartiers dits sensibles des chances d’insertion suffisantes. C’est faire injure aux victimes qui, tout à coup, porteraient une part de responsabilité dans le malheur qui les a frappées. Chaque fois qu’un attentat est commis en France, cette opinion s’exprime. Elle est à la fois fausse et contre-productive. Les criminels qui tirent sur des innocents attablés à une terrasse de café se moquent complètement de ce que pensent leurs victimes. Ils tuent sans faire de distinction ethnique ou religieuse entre leurs proies. Le 13 novembre a donné lieu à une déferlante de commentaires pleins d’un savoir impressionnant mais incapable de donner une signification acceptable de la terreur. À force de vouloir comprendre, ou expliquer, ou rationaliser la folie criminelle des terroristes, nous courons le risque de banaliser le mal et de ne pas le traiter, en conséquence, en tant que ce qu’il est, une peste à extirper.

Conséquences politiques et économiques.

Nous n’avons pas fini de souffrir du terrorisme. Le 13 novembre aura des conséquences politiques : la cote de François Hollande a augmenté de sept points, celle du Front national en Paca est de 40 points. Les régionales risquent de consacrer l’extrême droite tandis que le chef de l’État va tirer du rassemblement autour de sa personne son meilleur argument aux élections de 2017. Ce qui, pour des raisons sans rapport avec la gestion du pays, va affaiblir la droite et le centre. De même, l’impact économique des attentats se fait déjà sentir. Il entraîne une baisse de la consommation qui va se traduire par une diminution de la croissance attendue. Le gouvernement a jugé un peu vite que la crise causée par les événements du 13 novembre le déchargeait de toute rigueur budgétaire. Les mesures qu’il a annoncées ne coûteront pourtant que 600 millions l’année prochaine, ce qui ne devrait pas être suffisant pour renoncer au calendrier de résorption du déficit budgétaire. Le prix de la lutte anti-terroriste sera élevé.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Les séquelles du 13 novembre

  1. Jipé dit :

    François Hollande se démène cette semaine pour former une coalition contre EI. Le bien finira par vaincre.
    Mais d’un petit village limite Paca, je vois des sondages qui me font peur. Samedi nous avons fait une marche silencieuse /vendredi 13, avec des « barbus » des représentants de la communauté musulmane, qui n’ont rien à voir avec ces criminels, qui veulent vivre dans leur tradition de paix.
    Pourquoi 40% , alors qu’il est urgent pour l’avenir de nos enfants de préserver la différence, la fraternité, le mélange. Je n’ose pas envisager une France FN.

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