Allemagne : migrants ingrats

Une arrestation le 1er janvier à Cologne (Photo AFP)

Une arrestation le 1er janvier à Cologne
(Photo AFP)

Ce que l’on a appris, peu à peu, des agressions sexuelles qui ont eu lieu à Cologne pendant la nuit du réveillon est consternant et alarmant. La longue enquête qui a suivi a permis d’établir que la plupart de ces actes de violence ont été commis par des immigrés, parfois arrivés récemment.

LES RÉACTIONS négatives n’ont pas manqué et il ne faut pas appartenir au Front national pour les partager. Mais ces agressions tombent à pic pour renforcer le parti d’extrême droite Pegida et affaiblir, par contraste les positions généreuses que la chancelière Angela Merkel a adoptées d’emblée, dès le début de la crise migratoire. Les enquêteurs ont prouvé que nombre d’attaques contre des femmes étaient le fait de groupes d’hommes venus d’Afrique du Nord et du monde arabe. Le gouvernement allemand, tout en exprimant son indignation et des sentiments proches de la fureur, et tout en poursuivant les enquêtes qu’il entend mener à leur terme, s’efforce de dire qu’il ne faut pas généraliser et ne pas couvrir l’ensemble des immigrés du même opprobre. Inutile de se voiler la face: l’affaire complique énormément la politique allemande d’immigration. Les crimes commis le soir du 31 décembre sont un affront à la générosité allemande et ils ont de sérieuses conséquences politiques.

Une image désastreuse de l’immigration.

Les coupables ont fait ce qu’il fallait pour donner à l’immigration une image désastreuse. Non seulement ils ont trahi la confiance qui leur a été accordée et en des termes très humanistes par Mme Merkel, mais ils ont compromis le bien-être des millions d’immigrés qui vivent en Allemagne. Il est paradoxal que, depuis que la police allemande renforce sa surveillance, certains migrants se plaignent du contrôle au faciès. Malheureusement pour eux, le crime est signé. Il résulte d’un cynisme incompréhensible pour toute personne qui tente de tenir un raisonnement logique. Visiblement, les agresseurs se sont moqués des conséquences pour leurs coreligionnaires.
Marion Maréchal Le Pen a fini par réagir : « Plusieurs pays européens, a-t-elle affirmé, font face à un phénomène d’émeutes sexuelles de masse », avec cette emphase caractéristique du vocabulaire du Front national. Elle a pris le premier raccourci pour lancer une guerre de religions : « Quand on est catholique, a-t-elle poursuivi, on cherche le bien commun ; le bien commun de notre pays, c’est aussi de réguler l’immigration ». C’est assez dire que les réactions aux viols de Cologne ne sont pas limitées à l’Allemagne. Ils vont contribuer à alimenter les polémiques en France et peut-être apporter de nouveaux suffrages au Front national lors des élections de 2017.

Un coup porté à l’unité européenne.

Il sera difficile aux pays européens de garder la tête froide après de tels incidents, dont la gravité est insigne. S’il est vrai qu’il y a une coïncidence entre l’afflux d’immigrés en Allemagne en 2015 et ces agressions, il est possible de châtier les coupables et d’empêcher toute récidive. Les pays qui se sont déclarés hostiles au partage des migrants sont confortés dans leur position. L’espace Schengen est de nouveau remis en question. Quelles que soient les bonnes et les mauvaises raisons des États-membres de l’Union, celle-ci souffre d’une fragilité extrême qui exige une puissante réforme. Entre les États qui sont intéressés par les avantages de l’UE, et non par ses contraintes, et ceux qui occupent une place centrale mais ne parviennent plus à imposer leur volonté, les dysfonctionnements se multiplient. L’immigration est sans nul doute une affaire très sérieuse, mais n’oublions pas que l’Europe n’est pas à l’abri d’une nouvelle crise financière dont les signes avant-coureurs sont les difficultés considérables de la Chine et des pays émergents.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Allemagne : migrants ingrats

  1. Oj dit :

    En très peu de temps, soit depuis l’affaire Madoff, nous avons été confrontés, par la médiatisation systématique, à ce qu’il y a de plus vil et bestial dans la nature de l’Homme :
    – financier, je siphonne l’économie réelle produite par du travail laborieux,
    – politique, je profite de ma position pour m’enrichir.
    – industriel, je pollue (compagnies pétrolières avec le schiste bitumineux),je trompe les acheteurs de voitures (affaire Volkswagen), je fabrique et je vends des médicaments ou des pesticides au caractère nocif avéré (affaire Servier, Monsanto),
    – petit délinquant en démocratie, pour exister, je lance une guerre de religions pour assouvir ma soif de violence et mes perversions, terreau du totalitarisme.
    Nous avons maintenant les politiques « décomplexés » qui reflètent finalement l’état du monde et des ses habitants.
    Tout cela a dû toujours exister, mais cette concentration de faits dramatiques en si peu de temps, remet en question la conception généreuse et universelle de la démocratie telle que l’on imaginée leurs concepteurs.
    Certaines idées ou principes doivent être toujours présents à l’esprit :
    – non, le libéralisme ne s’autorégule pas et n’est pas spontanément généreux,
    – la religion est une affaire privée, qui intervient certes dans le débat public, mais n’a rien à faire dans la gestion des États, lesquels n’ont pas à favoriser la séparation des sexes sauf à générer des tensions susceptibles de produire les exactions commises en Allemagne.
    – il ne peut y avoir de droits sans devoirs,
    – etc…,
    En tant que médecin, nous sommes un peu dépassés par les évènements avec notre principe : « Primum non nocere » qui convient très bien à la vie en démocratie telle qu’elle a été imaginée par ses concepteurs.

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