Sarkozy : justice sparadrap

Sarkozy à son arrivée au pôle financier (Photo AFP)

Sarkozy à son arrivée au pôle financier
(Photo AFP)

Au terme d’une longue journée d’interrogatoire par les juges, Nicolas Sarkozy a été mis en examen mardi soir pour financement illégal de sa campagne électorale en 2012. Dans l’affaire Bygmalion, en revanche, le statut de témoin assisté lui a été attribué, ce qui est moins grave que d’être mis en examen.

DEPUIS que les démêlés de M. Sarkozy avec la justice ont commencé, on constate deux types de réactions. Il y a ceux qui pensent que ses confrontations avec la justice sont trop nombreuses pour qu’il n’y ait pas anguille sous roche. Et ceux qui croient que ces multiples procédures engagées contre l’ancien président traduisent un acharnement exceptionnel contre lui, peut-être motivé par une forme de règlement de comptes entre le premier et le troisième pouvoirs. Cependant, on note que, cette fois, en dehors de l’ami Brice Hortefeux, qui a dénoncé le harcèlement de l’institution judiciaire, les meilleurs soutiens de M. Sarkozy ont préféré démontrer que les mises en examen de leur mentor (c’est la deuxième, la première concernant l’affaire des écoutes, lorsque ses conversations téléphoniques ont révélé qu’il tentait de s’informer sur une procédure ouverte contre lui) ne l’empêchent pas de faire campagne ni même d’être élu.

Une bataille dérisoire.

Et c’est vrai. On ne sait pas très bien si M. Sarkozy continue de faire de la politique pour échapper à la justice en espérant une réélection à la présidence de la République qui lui accorderait l’immunité ; ou si, au contraire, une sorte de complot tacite entre ses ennemis politiques et le corps judiciaire n’avaient pour objectif que de le contraindre à abandonner ses ambitions. Des ennemis, il en compte dans tous les camps. Jean-François Copé vient de déclarer que, pour sa part, il ne serait pas candidat à la primaire de la droite s’il avait été mis en examen. Façon d’expliquer que ce qui est autorisé n’est pas nécessairement convenable et que M. Sarkozy, assiégé par les affaires, se livre à une bataille dérisoire qui n’augmentera pas sa popularité. C’est méchant, mais c’est exact. Le chef des Républicains devrait spontanément se retirer de la course électorale et, si son entêtement exprime la traditionnelle vigueur de son tempérament, il traduit aussi son absence de scrupules.

Une vie harassante.

Cependant, il n’y a pas lieu de lui en vouloir. Dans son conflit intime avec l’éthique, on devine aussi une vive inquiétude. On dira qu’il a décidément une vie difficile et harassante (douze heures avec les juges !) mais on pense simultanément qu’il est l’auteur de ses propres mésaventures et que, s’il n’a pas été capable de surveiller ses comptes électoraux, s’il a laissé quelques obscurs lieutenants se livrer à des dépassements tels que sa campagne a coûté deux fois le montant autorisé, comment saura-t-il gérer les comptes du pays quand il sera réélu président ?
Le problème qui se pose de façon lancinante depuis que M. Sarkozy a repris du service est le suivant : les Français, en gros, sont consternés par les méthodes de gouvernement de la gauche, et ils veulent que le pays adopte des changements radicaux pour repartir du bon pied. M. Sarkozy n’est pas vieux, mais il est déjà usé. À cause de ce qu’il a dit et qu’il n’a pas fait et à cause de ses multiples meetings, conférences, prestations radiodiffusées et télévisées. Le moins que l’on puisse dire est qu’il n’a pas de martingale, pas de solution originale aux maux qui accablent le pays. Dans ces conditions, pourquoi élire un homme qui n’est pas un magicien et qui, de surcroît, traîne tant de casseroles ? On verra bien si cette nouvelle mise en examen va lui apporter un torrent de compassion ou au contraire réduire sa popularité. On n’est pas prêt pour autant à miser gros sur lui.

RICHARD LISCIA

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