Macron agace Cazeneuve

Cazeneuve  n'enverra pas les migrants de Calais au Royaume-Uni (Photo AFP)

Cazeneuve n’enverra pas les migrants de Calais au Royaume-Uni
(Photo AFP)

François Hollande a reçu ce matin Angela Merkel à l’Élysée : il s’agissait de mettre au point une politique migratoire commune avant un sommet lundi avec la Turquie pour que le flux migratoire fasse enfin l’objet d’une politique concertée. Entretemps, Emmanuel Macron et Bernard Cazeneuve se querellent sur l’attitude à adopter à l’égard de la Grande-Bretagne.

LE MINISTRE de l’Économie a pris l’habitude de se prononcer sur tous les sujets, y compris ceux qui ne relèvent pas de sa compétence. Jeudi, il avait cru bon de mettre la Grande-Bretagne en garde contre un « Brexit » qui, selon M. Macron, permettrait à la France d’expédier en Angleterre les réfugiés de Calais. Jeudi, à Amiens, le président de la République et David Cameron, le Premier ministre britannique s’étaient rencontrés pour tenter de trouver une solution à l’afflux en France de migrants qui souhaitent se rendre au Royaume-Uni mais restent bloqués à Calais, ce qui a d’ailleurs conduit le ministre de l’Intérieur, M. Cazeneuve, à commencer l’évacuation de la « jungle ». M. Cazeneuve n’a guère apprécié les remarques de M. Macron. Je souhaite, a-t-il dit, « que le ministre de l’Économie, qui a beaucoup à faire pour la croissance et relever le pays se consacre entièrement à sa tâche comme je me consacre entièrement à la mienne ». Le ministre de l’Intérieur se déclare convaincu que si la France laisse passer les migrants vers la Grande-Bretagne, celle-ci se hâterait de les renvoyer en France, ce qui alimenterait le flux et augmenterait le stock.

L’Europe se réveille.

M. Cameron s’est engagé à verser à la France 22 millions d’euros supplémentaires pour la gestion des migrants. Ce n’est pas ce geste qui résoudra le problème. Mais l’Europe, qui semblait prostrée face à la crise migratoire, se réveille. Angela Merkel a pris fait et cause pour la Grèce, où s’accumulent des dizaines de milliers de migrants qui campent dans le centre d’Athènes. Un budget européen de 700 millions d’euros, dont la Grèce sera la première bénéficiaire, a été débloqué pour venir en aide aux pays européens directement affectés par la crise. Il s’agit maintenant d’associer la Turquie à cet effort général. Le président européen, Donald Tusk, a lancé un appel aux migrants pour qu’ils cessent de quitter les pays dont ils sont originaires. Il a insisté sur le fait que l’Europe ne peut plus en absorber l’arrivée. S’il semble hors de portée de convaincre les 28 membres de l’Union européenne de participer à un plan de partage, M. Hollande et Mme Merkel espèrent qu’un projet associant un plus petit nombre de pays (Grèce, Italie, Allemagne, Danemark et d’autres) verra le jour.

L’Allemagne en pointe.

Certes la crise atteint un paroxysme et il est peu probable que les migrants déjà en route ou prêts à partir aient entendu l’appel de M. Tusk. Il est bon toutefois que l’Europe réagisse et se concerte pour éviter que chacun des pays qui la composent adopte une politique spécifique en ignorant le point de vue des autres. Pour le moment, les pays d’Europe centrale, République tchèque, Hongrie, Pologne ferment leurs frontières, de sorte que le flux grossit en amont, notamment en Grèce. Par ailleurs, un cessez-le-feu parrainé par la Russie et les États-Unis a été conclu en Syrie et il semble respecté pour le moment, ce qui autorise l’espoir d’une diminution des départs de Syriens. Les Européens sont encore loin de tarir le flux, mais ils commencent à prendre des dispositions susceptibles d’améliorer une situation jusqu’à présent chaotique. Cela dit, la France a brillé par son absence. C’est l’Allemagne qui absorbe le plus de migrants, c’est elle qui tente de construire une parade à la crise, c’est Angela Merkel qui s’est rapprochée du Premier ministre grec, Alexis Tsipras, et reconnaît que la Grèce, déjà accablée par sa dette, ne peut pas ouvrir les bras aux Syriens, Irakiens et Afghans qui affluent vers son pays.

RICHARD LISCIA

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