Ni Sarkozy ni Hollande

Mélenchon  brouille le jeu (Photo AFP)

Mélenchon brouille le jeu
(Photo AFP)

« Le Monde » daté d’aujourd’hui publie une vaste enquête Cevipof-Ipsos-Sopra Steria portant sur 13 600 personnes. Elle montre que François Hollande serait éliminé au premier tour en 2017, quel que soit le candidat de la droite et du centre. Au premier tour M. Sarkozy serait devancé par Marine Le Pen.

L’AFFAIBLISSEMENT du président de la République semble s’être accentué avec la réforme du code du travail et la déchéance de la nationalité, deux projets qu’il a soutenus avec force mais qui ont été combattus par la gauche pour le premier, par la droite sénatoriale pour le second. Face à M. Sarkozy, le président sortant réalise au premier tour un score de 16 %. Face à Alain Juppé, il ne dépasse pas les 14 %. Il est donc éliminé dans les deux cas. Avec 21 % des suffrages, l’ancien président arrive deuxième au premier tour, après Marine Le Pen, qui recueille 27 % des suffrages. Si M. Juppé est le candidat de la droite, il totalise 31 % des suffrages, et arrive en tête devant Mme Le Pen, à 26 %.

Juppé superstar.

M. Sarkozy peut toujours se dire que, de toute façon, il reste en lice, avec une très bonne chance de l’emporter au second tour. Mais, en dehors du noyau des militants des Républicains, il est dépassé par Alain Juppé dans tous les cas de figure. Le maire de Bordeaux apparaît donc comme le candidat de la droite le plus qualifié. M. Sarkozy souffre d’une défection du centre depuis qu’il a refusé de passer un accord électoral avec l’UDI, laquelle a décidé de présenter son propre candidat, alors que M. Juppé semble pouvoir compter sur les voix centristes. L’enquête du Cevipof apporte au moins une certitude, à savoir que Marine Le Pen est en mesure de battre n’importe lequel des candidats de droite ou de gauche au premier tour, sauf M. Juppé. Elle montre que, à l’heure qu’il est, M. Hollande est incapable d’amener son camp au second tour et qu’un autre candidat de la gauche lui est préférable. Martine Aubry est celle qui incarne le mieux la gauche, selon l’enquête, mais elle n’est pas candidate, ce qui ne l’empêche pas de changer d’avis. Manuel Valls est le candidat de la gauche préféré de l’ensemble de l’opinion, mais l’électorat de gauche lui préfère Mme Aubry, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon.

Le rôle des « petits » candidats.

C’est l’autre aspect important de l’enquête : le rôle des « petits » candidats n’est pas toujours négligeable. Il a une influence sur les scores du premier tour. François Bayrou réunit 13 % des suffrages contre M. Sarkozy, 8 % contre M. Juppé. Mme Taubira n’obtiendrait que 3 %, mais M. Hollande, qui est si bas dans le palmarès, se passerait bien de cette déperdition de voix. Surtout, Jean-Luc Mélenchon apparaît comme le fossoyeur du candidat dit naturel avec 11 % des voix contre M. Sarkozy et 10 % quand même contre Alain Juppé. Ce relatif éparpillement des votes confirme que les divisions de la gauche et de la droite ne profitent qu’à Marine Le Pen. Les primaires dans les deux camps ne résoudront pas le problème car M. Mélenchon a l’intention de se présenter quoi qu’il arrive, ce qui plomberait la candidature de M. Hollande, et M. Bayrou se présentera si M. Sarkozy est le candidats choisi par les Républicains. Et peu leur chaut que, en se présentant, ils favorisent Marine Le Pen.
L’enquête confirme que les Français ne veulent pas rejouer la partie de 2012. Mais leur désaveu est plus prononcé pour le chef de l’État que pour M. Sarkozy qui, avant de renoncer, a encore quelques cartouches à tirer. Le président va devoir se poser sérieusement la question de sa candidature. Il peut fort bien tenir parole et constater que, le taux de chômage ne baissant pas, il s’estime disqualifié. Rien, cependant, dans sa conduite, ne semble annoncer ce grand renoncement. En se querellant sur des sujets certes importants mais où elle a ignoré le plus élémentaire des réalismes, la gauche a préparé sa descente aux enfers. Si M. Hollande maintient sa candidature, elle boira le calice jusqu’à la lie. Tous ceux qui ne souhaitent pas que Mme Le Pen soit élue président savent maintenant que la gauche est incapable de lui faire barrage et que M. Juppé est l’homme qui la renverra à ses chères études.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Ni Sarkozy ni Hollande

  1. RCdoc dit :

    En un temps, M. Juppé a méprisé l’avis des médecins, avec traîtrise et autoritarisme. C’est le souvenir qu’il nous laisse, de même que Mme Touraine (je n’ai même plus envie de l’appeler MST, ce serait lui accorder trop d’importance…) restera la ministre de la Santé la plus haïe des médecins. Leurs erreurs laissent quand même une trace indélébile, c’est la moindre des justices : ils n’échappent pas à la mémoire.

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