Le « Brexit » s’éloigne

Cameron en vacances en Espagne (Photo AFP)

Cameron en vacances en Espagne
(Photo AFP)

Un sondage MCI-Odoxa pour « le Parisien » indique que 62 % des Européens sont hostiles à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Le même sondage montre qu’une majorité d’Européens sont favorables au maintien de l’euro.

CETTE enquête est d’autant plus intéressante que la date du référendum britannique sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne se rapproche : il aura lieu le 23 juin prochain. L’enquête a été conduite dans cinq pays européens, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. Les questions ont été adressées à 4227 Européens, dont 1 003 Français. Les Britanniques souhaitent à 55% le maintien de leur pays dans l’Union et les Français se prononcent de la même manière, à 54%. Bon présage pour le Premier ministre, David Cameron qui, au terme d’une négociation avec ses partenaires de l’UE, a obtenu des aménagements des règlements européens qu’il a présentés triomphalement aux Anglais avec l’intention de les convaincre des avantages, pour le Royaume-Uni, de rester dans l’Europe.

C’est bon pour Londres.

C’était une démarche quelque peu irritante pour les autres pays européens, mais elle semble avoir éloigné la perspective consternante d’un départ du Royaume-Uni. Une rupture avec l’EU serait catastrophique pour les Britanniques, d’autant que l’Écosse, dans ce cas de figure, se hâterait de se déclarer indépendante, car elle veut maintenir ses liens économiques avec l’Europe. Elle a d’autant moins tort que l’UE est un marché énorme dont les Britanniques ne peuvent pas se passer. Certes, les relations commerciales ne seraient pas interrompues, mais elles se compliqueraient, ce qui, dans un contexte mondial de très forte compétitivité, n’aurait pas aidé la Grande-Bretagne. En outre, bien que le Royaume-Uni n’ait pas rejoint la zone euro et n’ait pas l’intention de le faire, Londres reste la place financière de l’Europe, statut que la capitale britannique perdrait si d’aventure le Royaume-Uni prenait la désastreuse décision d’une sortie de l’Europe.

Une leçon pour les souverainistes.

Les dés ne sont pas encore jetés et la campagne anti-Europe va s’intensifier en Grande-Bretagne où les populistes ne manqueront pas de décrire l’Union sous des traits repoussants, comme ils n’ont cessé de le faire depuis des années, avec l’aide la presse tabloïd qui n’en est pas à une outrance près. Mais le gouvernement de M. Cameron a réussi à faire entendre sa voix, ce que semblent indiquer les résultats du sondage Odoxa. De leur côté, les pays européens ne cessent de mettre les Anglais en garde contre un choix historique qu’ils jugent désastreux, moins pour l’Union elle-même que pour la Grande-Bretagne.
Ceux qui, en France, devraient en prendre de la graine, ce sont les souverainistes de tout bord, de Nicolas Dupont-Aignan à Marine Le Pen qui, sur l’Europe et l’euro, restent intransigeants. On a beau leur montrer les conséquences négatives d’une rupture de la France avec l’Union, ils persistent à en faire leur programme. Si on ne tient pas à ce que le Front national continue à s’adjuger chaque année une part plus grande de l’électorat, il est important de rappeler à quoi Marine Le Pen nous exposerait si, une fois élue présidente de la République, elle prenait le risque d’une rupture tellement périlleuse qu’on a bien de mal à l’imaginer.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Le « Brexit » s’éloigne

  1. Micolle jp dit :

    Je me souviens d’un dessin au moment de l’adhésion de a Grande-Bretagne à l’Europe.
    On voyait de Gaulle au bord d’une rivière avec une canne à pêche et Pompidou l’air préoccupé lui disant :  » Ils hésitent mon général… » Et Charles de répondre
     » Dites-leur oui et vous verrez ».
    Et on voit!
    La Grande-Bretagne, c’est comme la Corse pour moi. Vous voulez être indépendants ? Et bien soit et assumez.
    Que perdrait l’Europe si elle perdait des Anglais qui n’ont jamais été européens ?
    Toujours bravo pour vos analyses pertinentes.
    Jp Micolle

  2. Mafalda dit :

    Ce sondage montre surtout que les peuples européens ne sont pas rancuniers envers cette Europe, vassale des USA, dont la seule bénéficiaire est la finance ultra-libérale mondialisée ! Mais les énormes moyens par lesquels elle maintient ces peuples dans l’incapacité de réagir ne parviendront peut-être pas à les empêcher un jour de se libérer !

    Réponse
    C’est vrai, ça : arrachons-nous au joug étranger qui fait de nous des esclaves !

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