Le scandale de Panama

Une très bonne recette (Photo AFP)

Une très bonne recette
(Photo AFP)

Cent organes de presse ont compilé 11,5 millions de documents qui témoignent qu’au moins 140 personnalités de haut rang disposent d’avoirs financiers dans des paradis fiscaux. C’est le scandale des « Panama papers », dont « le Monde » a l’exclusivité française et qui rappelle celui des Wikileaks, les révélations sur l’action de multiples diplomaties. Les informations proviennent d’un cabinet d’avocats panaméen, Mossack Fonseca.

LES DOCUMENTS révèlent, pour la France, deux noms, celui de Michel Platini et celui de Patrick Balkany. L’ancien footballeur, qui a perdu son poste à la FIFA pour des raisons comparables, affirme qu’il a régularisé sa situation. L’affaire est vaste, le filet jeté pour pécher les personnes compromises est immense, mais le rapport de l’opération n’est pas à la hauteur de l’effort, d’autant que les dirigeants politiques étrangers mentionnés par les documents sont déjà connus pour leur corruption, Vladimir Poutine par exemple. On dira, sans risque de se tromper, que se livrer à l’évasion fiscale est à la fois immoral et illicite et que le délit est d’autant plus grave si on est riche ou si l’on occupe une position politique. Mais de toute évidence, les leçons de morale n’ont aucun effet sur les fraudeurs. Plus la presse révèle de nouveaux cas, plus on constate que le mal est répandu.

La publicité faite au scandale.

Ce qui compte néanmoins, c’est la publicité faite au scandale, qui ne terrorisera pas M. Poutine, mais va épouvanter tous ceux qui pratiquent l’évasion fiscale dans un État de droit. Ceux-là savent que, tôt ou tard, ils rendront des comptes et la tendance de ces dernières années, c’est la régularisation qui entraîne des redressements fiscaux considérables. Le ministre des Finances, Michel Sapin, s’est tout récemment félicité des sommes élevées (12 milliards en 2014, 10,4 milliards en 2015) que son ministère a engrangées grâce aux déclarations spontanées de milliers de personnes qui ont des comptes à l’étranger et ont préféré le paiement d’une amende à des poursuites judiciaires qui les auraient ruinées et peut-être privées de liberté. Près de 45 000 dossiers ont été ouverts et examinés au cours des deux dernières années. On peut donc dire que, s’agissant des comptes off-shore, nous sommes entrés dans une période de routine. Le rapatriement des avoirs en France diminue en outre les cas possibles de contentieux, car il y a de moins en moins de personnes en situation illégale, comme en témoignent les « Panama papers » qui incriminent plutôt des possédants et des responsables politiques étrangers.

Avertissement sans frais.

François Hollande a pourtant déclaré ce matin que les journalistes avaient fait du bon travail et il les a remerciés car, dit-il, leurs révélations permettront de nouvelles poursuites et des amendes substantielles. « Le Monde » et ses confrères se sont donc livrés avec abnégation à un travail particulièrement fastidieux qui exigeait en outre une coordination complexe entre les équipes de journalistes de très nombreux pays. Le résultat peut-être lu dans le journal de l’après-midi, mais, comme pour les Wikileaks, il n’est pas sûr que la lecture en soit extrêmement distrayante. Disons que c’est un joli coup sur le plan de la moralité publique et un avertissement sans frais à tous les gens tentés par l’évasion fiscale. Il est peu probable, toutefois, que les riches renoncent définitivement à se protéger contre les impôts nationaux. Mais ils sont tous prévenus : la lutte contre la fraude fiscale se poursuivra car elle aide l’État à combler une partie non-négligeable de son déficit. Enfin, la très grande leçon de toutes ces fuites en cascade, c’est que la confidentialité d’un compte bancaire a totalement disparu et que, si on peut savoir ce qui se passe au Panama, on finira par savoir ce qui se passe dans n’importe quelle banque du monde.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Le scandale de Panama

  1. Maxime Mafalda dit :

    Outre un sportif et un politicien sans importance, le seul nom que vous citez est celui de M. Poutine, lequel n’est, à l’heure actuelle, pas impliqué dans l’affaire (simplement, il connaît quelqu’un qui est concerné) ! Qu’à cela ne tienne, nos amis russes ne croient pas vraiment à l’objectivité de la presse française.

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