Une affaire sulfureuse

Thierry Solère : choqué (Photo AFP)

Thierry Solère : choqué
(Photo AFP)

Selon « le Monde », la DGSE, Direction générale de la sécurité extérieure, aurait placé sur écoutes Thierry Solère lorsqu’il était candidat à la députation à Boulogne-Billancourt en 2012. Les soupçons se dirigent vers Claude Guéant, qui était ministre de l’Intérieur et se présentait dans la même circonscription.

M. GUÉANT NIE avoir demandé que M. Solère fût surveillé par la DGSE en recourant aux écoutes et aux autres moyens. L’ancien ministre estime que les informations du « Monde » sont destinées à affaiblir Nicolas Sarkozy, lequel pense, pour sa part, que s’adresser à des services relevant de la Défense quand on est ministre de l’Intérieur n’est pas logique. On s’orienterait vers une manipulation, une de plus, pour disqualifier l’un des candidats de la droite si M. Solère ne semblait pas convaincu par les révélations du « Monde » auquel il a confié qu’il avait été reçu le 26 décembre 2011 par M. Guéant, en présence de Hugues Moutouh, son conseiller police et renseignements. Diverses personnalités avaient en outre conseillé à M. Solère d’être prudent et irréprochable. Elles pensaient que M. Guéant, déjà aux prises avec la justice, avait besoin d’être élu à tout prix pour bénéficier de l’immunité parlementaire et que, dans ces conditions, M. Solère le gênait assez pour qu’il tentât de lui faire lâcher prise par des moyens peu honorables.

Une forfaiture.

M. Solère a été exclu de l’UMP puis réintégré dès qu’il fut élu en 2012. Dans un entretien avec « le Monde », il semble croire à la version des faits telle qu’elle est fournie par le quotidien de l’après-midi et envisage de porter plainte contre X, tout en exprimant son émotion devant ce que François Bayrou appelle une « forfaiture ». On notera que la tentative de déstabilisation de M. Solère a abouti à un échec puisqu’il a été élu et qu’il est chargé aujourd’hui par le parti Les Républicains d’organiser les élections primaires. Mais, bien sûr, ce n’est pas un hasard si cette affaire, vraie ou fausse, sort aujourd’hui dans la presse. En admettant que la DGSE ait bien été saisie d’une demande de surveillance à l’encontre de M. Solère et qu’elle ait consenti à exercer cette surveillance, les informations qu’elle a recueillies n’étaient pas exploitables puisque aucun scandale ne s’en est suivi et que M. Solère a pu poursuivre sa campagne et être élu. Si la méthode est honteuse, elle a été inefficace et d’une insigne maladresse.

C’est la politique qu’on assassine.

En revanche, les répercussions des révélations du « Monde » seront nombreuses, dès lors que le procureur de Paris lance une enquête préliminaire et que M. Solère entend bien défendre ses droits civiques. Un nouveau feuilleton sur les turpitudes de la droite commence, qui va permettre à la gauche d’alimenter une campagne qu’elle amorce avec de sérieux handicaps, parmi lesquels le bilan négatif du quinquennat. La gauche voudrait ouvrir un front de diversion qu’elle ne s’y prendrait pas autrement. Et, une fois de plus, cette affaire va accréditer la thèse selon laquelle la politique n’est que le champ toxique de toutes les bassesses, tous les complots et toutes les tricheries, ce qui aggravera encore la très mauvaise réputation du monde politique en France.

RICHARD LISCIA

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