Sarkozy en campagne

Sarkozy ce matin (Photo AFP)

Sarkozy ce matin
(Photo AFP)

Hier à Saint-André-lès-Lille, Nicolas Sarkozy a prononcé un discours dont la force et la conviction font le démarrage de sa campagne. Ses concurrents, au sein des Républicains, lui reprochent de se comporter en candidat sans l’avoir dit et tout en bénéficiant des avantages liés à sa fonction de président du parti.

L’ANCIEN PRÉSIDENT semble penser que c’est en dénonçant la pagaille nationale qu’il séduira l’électorat de droite. Avec le mécontentement qui monte, il n’a pas tort de vouloir mettre de son côté ceux que les grèves scandalisent. À droite, toute!, telle est la devise du candidat Sarkozy qui, à défaut de réinventer l’idéologie de son camp, lui sert un plat réchauffé. On comprend que le souvenir des racines, les attaques contre le communautarisme, et l’hommage rendu à « l’identité morale, culturelle et spirituelle » de la France fasse vibrer une corde dans le coeur de ceux qui constatent que, effectivement, ces « valeurs » s’effritent. Mais on se souvient que le grand débat voulu et obtenu par le président Sarkozy pendant son mandat portait sur les mêmes thèmes, a été très critiqué et n’a rien apporté. Une fois de plus, M. Sarkozy court après le Front national, ce qui indique qu’il ne s’est guère renouvelé et qu’il fait peser un risque sur l’ensemble de la droite.

Seul problème, l’emploi.

Pour justifier un tel discours, l’ex-président s’est fondé sur le mécontentement profond des Français dont l’hostilité à leur gouvernement actuel n’est plus à prouver. Mais ce n’est pas en exaltant l’identité nationale, en visant des minorités, en contribuant à leur exclusion que l’on viendra à bout des maux sévères dont nous souffrons. M. Sarkozy semble préférer caresser son électorat dans le sens du poil, dans un domaine théorique où il ne lui coûte rien de durcir son discours, au lieu de nous dire comment il va rétablir le plein emploi quand il aura été élu président. Les Français ne songeraient pas à redorer leur statut et à se dresser contre les minorités si le chômage ne faisait dans les familles des ravages financiers et moraux. Ils ne craindraient pas le « grand remplacement » si souvent invoqué par l’extrême droite et ses théoriciens s’il y avait des emplois pour tout le monde, y compris dans les groupes issus de l’immigration et accusées de vivre aux crochets de la sécurité sociale.

Comment revenir à la croissance.

Beaucoup de nos concitoyens sont séduits par le discours sur l’identité nationale parce que l’immigration massive les épouvante et parce qu’ils entretiennent l’idée, jamais démontrée, qu’elle nuit à l’emploi. Mais ils ne vagabonderaient pas dans les zones de l’intolérance si leur statut social n’était pas menacé par une crise interminable, s’ils étaient assurés d’avoir un avenir convenable et si leurs acquis économiques étaient irréversibles. De sorte que, si la droite peut légitimement nourrir son ambition de diriger le pays, il ne faut pas qu’elle nous conte des sornettes sur l’identité, il faut qu’elle nous dise comment elle va créer des emplois, relancer la croissance, réformer à tout-va sans provoquer une révolution et, tout en même temps, mettre un terme à la dérive de nos dépenses publiques. On comprend que M. Sarkozy se sente plus à l’aise dans des thèmes propices au lyrisme et assortis à son tempérament. On comprend moins qu’il ressorte un débat vieux de plus de cinq ans sur l’identité nationale alors qu’il a déjà abouti à un fiasco. Et on comprend encore moins qu’il ne démissionne pas immédiatement de ses fonctions de président de LR de manière à ne pas financer sa campagne avec les fonds du parti. C’est lui demander un retour à l’éthique qu’il ne semble pas avoir accompli, en dépit de ses démêlés avec la justice. S’il se met en accord avec les règles et cesse de se moquer de ses concurrents, peut-être que l’honnêteté retrouvée de sa campagne laissera présager une présidence transparente.

RICHARD LISCIA

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3 réponses à Sarkozy en campagne

  1. Lefrançois dit :

    Sarkozy n’est plus crédible, il n’est plus (et de loin) le bon communicant qu’il fut, son arrivisme forcené transpire plus que jamais, et en quoi et comment ferait-il ce qu’il n’a pas fait quand il était aux responsabilités, alors que l’état de la France était beaucoup moins délabré que maintenant, et risque bien de se dégrader encore ?
    Qu’il passe son chemin, ce qui lui évitera d’être ridiculisé.
    Pour information : j’avais voté pour lui en 2007.

    Dr Jérôme Lefrançois

    • TAMBURINI dit :

      Parce que Juppé est crédible peut être ? Ce vieux politicard qui en 1995 a mis les médecins dans la rue.
      Moi je ne suis pas devenu fou et jamais je ne voterai Juppé, ni Fillon qui s’oppose à Sarko aujourd’hui mais qui n’as pas osé démissionner quand il était premier ministre (quand on n’est pas d’accord on s’en va ou on ferme sa gueule).

  2. Andre MAMOU dit :

    Pour être élu Président de la République, le candidat de la droite et du centre que la primaire désignera devra expliquer aux Français comment il fera pour faire repartir l’économie et amorcer une véritable descente du taux de chômage. Ce n’est pas sorcier et l’ Allemagne, l’ Italie, l’ Espagne, la Grande Bretagne et également Israël ont choisi la voie du libéralisme et ont obtenu des résultats très encourageants . François Fillon a présenté les mesures principales qu’il prendrait s’il était designé. Mais dans l’esprit de Nicolas Sarkozy, il y a la conviction qu’on ne peut être élu en promettant de la sueur et des larmes et que le peuple français est crispé sur ses avantages acquis. Il sait que pour les réformes , les Français sont d’accord à condition que ce ne soit pas eux qui en payent le coût et que seuls les sacrifices demandés aux autres leur conviennent. Il lui faudra un autre discours que celui de vérité de Fillon ou de sagesse de Juppé, il lui faudra un souffle nationaliste , populaire qui ramène à à la droite les troupeaux égarés au FN . Car, il est convaincu. L’élection se jouera à droite et sur l’identité .

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