L’État de non-droit

Royal contre l'aéroport (Photo AFP)

Royal contre l’aéroport
(Photo AFP)

Des policiers ont manifesté dans la nuit de lundi à mardi à Paris pour se plaindre de leurs conditions de travail, du manque de matériel et de l’absence de moyens propres à lutter contre une violence qui, dans nombre de cas, les dépasse. Effectivement, on assiste, un peu partout en France, à des émeutes spontanées accompagnées par des assauts contre tout ce qui peut, de près ou de loin, représenter l’autorité de l’État.

LE MEILLEUR exemple de cette dérive, c’est, bien sûr, l’attaque au cocktail Molotov contre des voitures de police stationnées à Viry-Châtillon. Un policier a été brûlé très grièvement et, au bout de plus d’une semaine, il est encore entre la vie et la mort. Les policiers manifestants se sont rendus devant l’hôpital parisien où il est soigné. Mais ce cas n’est pas unique. En Corse, une bande de jeunes a attaqué les forces de l’ordre, faisant quatre blessés et incendié plusieurs voitures pour protester contre le procès de trois des leurs jugés en métropole. Tout le monde sait que les cités où est organisé le marché de la drogue est inaccessible pour la police. Tout le monde sait que les manifestations contre la loi Travail ont toutes fini par la destruction de mobilier urbain. L’hôpital Necker pour enfants, à Paris, a même été attaqué et ses vitrines détruites. Dans les lycées et collèges, l’ambiance n’est pas plus sereine. Le nombre d’enseignants attaqués par des parents mécontents des notes de leur enfant ou par des jeunes gens qui n’éprouvent aucun respect pour les professeurs est incalculable. Tout récemment, à Calais, un élève a cassé la mâchoire de son professeur en pleine classe, et à Argenteuil, un enseignant a été agressé devant son école.

Royal contre Valls.

Le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes correspond à une autre crise que le pouvoir politique ne parvient pas à régler. Ce projet existe depuis 50 ans. Il est contesté par les écologistes. Des centaines de recours ont été tranchés en faveur des travaux. Le gouvernement a organisé un référendum régional qui, à 55 % des voix, a approuvé la construction de l’aéroport. Quelques centaines de « zadistes », des écologistes qui ont pris racine sur les lieux et ne détestent pas une bonne castagne avec les policiers, doivent être évacués, par la force s’il le faut. François Hollande et Manuel Valls ont confirmé que la zone serait évacuée et que les travaux commenceraient cet automne.
Les écologistes purs et durs, comme Cécile Duflot, continuent cependant de dire que le projet doit être abandonné, que les zadistes défendent une cause juste, même s’ils s’y prennent de manière violente et au mépris de tous les jugements prononcés par les tribunaux. Là dessus, voilà que Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, déclare qu’il faut en finir avec l’aéroport. Elle n’a jamais craint de se dresser contre le Premier ministre, mais jusqu’à présent, elle a été contrainte de se plier à ses décisions. Si elle lui tient tête, c’est que la rumeur se répand que François Hollande pourrait bien renoncer à se présenter pour un second mandat, que, dans ce cas, Manuel Valls se présenterait et qu’elle a bel et bien l’intention de lui faire barrage et de déclarer à son tour sa candidature.

La loi de la minorité.

On comprend ce qui motive les uns et les autres, à commencer par les écologistes qui désespèrent de faire passer leur message ; on a toutefois le sentiment que le pouvoir politique ne maîtrise plus cette sorte de soulèvement larvé qui, certes, est le fait de minuscules minorités, mais crée des situations d’une confusion extrême. À Notre-Dame-des-Landes, la promesse de M. Valls d’évacuer la zone signifie que l’opération va être très lente, très compliquée parce qu’il s’agit de ne blesser aucun des zadistes en dépit de leur agressivité, très coûteuse. On n’a pas l’impression que M. Hollande et le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, soient enthousiastes. En attendant, c’est l’autorité de l’État qui disparaît, c’est le sentiment général que tout citoyen en colère peut faire impunément ce qu’il veut, depuis ceux qui agressent des enseignants jusqu’aux zadistes qui affirment défendre une cause sacrée et ne sont pas gênés de faire régner la loi de l’ultra-minorité. Si le gouvernement intervient en force, la vox populi lui reprochera sa brutalité, s’il ne le fait pas, c’est l’État de droit qui disparaît.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à L’État de non-droit

  1. DR Jean-Claude ROY dit :

    Voila pourquoi il faut voter Le Pen quoique vous en disiez, en espérant qu’un tel gouvernement de droite soit capable de rétablir un certain ordre…
    Quant à Ségoléne, elle n’a qu’une envie, c’est que l’on parle d’elle.

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