Trump perd pied

Hillary : ouf ! (Photo AFP)

Hillary : ouf !
(Photo AFP)

Hillary Clinton semble bien avoir remporté le troisième et dernier débat qui l’opposait à Donald Trump à Las Vegas. Elle doit être soulagée de ne pas être obligée de le revoir. Sauf imprévu, elle a maintenant une bonne chance d’être élue présidente des États-Unis.

M. TRUMP a commis une erreur stratégique monumentale en confirmant qu’il ne se croit pas tenu de reconnaître le résultat des élections du 8 novembre s’il ne lui convient pas. Mais peut-être l’a-t-il fait exprès, avec un projet destructeur. Son refus, avant le scrutin, de reconnaître sa défaite éventuelle constitue un assaut sans précédent contre les institutions américaines. L’allégeance au candidat victorieux est consubstantielle de la démocratie américaine. Elle scelle la fin des hostilités et le retour à l’apaisement de la société, étant entendu que le président-élu est celui de tous les citoyens. Donald Trump pourrait bien avoir perdu définitivement la partie à cause de cette déclaration. Beaucoup d’élus républicains le désavouent ou se démarquent de lui, car, le 8 novembre, les électeurs renouvellent entièrement la Chambre des représentants et un tiers du Sénat. Une déroute de Trump aurait nécessairement un impact sur leur réélection.

Une menace pour les institutions.

Le projet de Trump de porter atteinte aux institutions et de créer une crise morale et politique le soir même des élections ne peut être contré que par les républicains. Si Trump refuse de concéder son éventuelle défaite, son parti doit le faire à sa place pour mettre un terme à l’invraisemblable pantalonnade à laquelle le monde assiste depuis qu’il est candidat. Il ne s’agit plus, cette fois, de tourner en dérision ses déclarations tonitruantes, mensongères et fantaisistes, il s’agit de protéger la démocratie américaine contre un malfaiteur qui, comprenant qu’il a pratiquement perdu, veut entraîner le pays tout entier dans sa chute. Le noyau dur de quelque 30 % d’électeurs qui continuent à croire passionnément en lui risque de servir de base à cette entreprise de destruction massive. L’admiration qu’il porte à Poutine, l’exagération des vices qu’il attribue à son ennemie, la fureur d’avoir été pris la main dans le sac avec la video sur son sexisme, le projet de jeter en prison Mme Clinton, tout indique qu’il n’a aucun respect des gens, des règles, de la décence, mais aussi des institutions.

Pas un réactionnaire : un autocrate.

Il regrette visiblement de ne pas pouvoir, comme Poutine, fausser un processus électoral pour gagner et d’être obligé de recourir au suffrage universel. Ce serait si commode pour lui de passer en force. Les menaces qu’il adresse à sa rivale, le doigt accusateur qu’il n’oublie jamais de brandir, la violence de sa terminologie (« mauvaise femme », « vous irez en prison quand je serai élu », « elle est corrompue », « je demande un test antidopage avant le débat ») lui aura fait plus de mal qu’à Hillary Clinton, qui n’en a pas moins passé trois moments très désagréables ; mais son comportement montre le genre de pays intolérant, machiste, méprisant pour les minorités qu’il souhaiterait diriger. M. Trump n’est ni un conservateur, ni un républicain, ni un réactionnaire. Il est très précisément ce qu’il reproche à son adversaire quand il prétend lui découvrir des vices qui sont en réalité les siens. Ce n’est pas seulement un bateleur de foire, c’est surtout un autocrate affichant un racisme parfaitement assumé.
Continuer à analyser la séquence électorale de cette année comme les précédentes me semble donc fallacieux. Il n’y a pas eu de bataille d’idées réelle, ou presque pas. L’homme qui n’a jamais été qualifié pour la fonction de président s’est retrouvé en quelques mois à la porte de la Maison Blanche. Il a bousculé le parti qui l’a investi, il a été trop vite considéré comme un candidat « normal », et maintenant qu’il a littéralement perdu la partie, celui qui se flatte d’embrasser les femmes dans les ascenseurs s’apprête à violer la Constitution. Dans ces conditions, il ne faut pas qu’il soit seulement battu, il faut qu’il soit écrasé pour que l’expérience monstrueuse qu’il a proposée à ses 330 millions de concitoyens soit définitivement abolie.

RICHARD LISCIA

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