États-Unis : coup de théâtre

Comey : c'est moi qui décide (Photo AFP)

Comey : c’est moi qui décide
(Photo AFP)

La décision de James Comey, directeur du FBI, de révéler que de nouveaux courriels d’Hillary Clinton allaient être examinés par ses services, a ravivé les attaques de Donald Trump contre sa rivale et provoqué un resserrement de l’écart entres les deux candidats. Le résultat de l’élection est donc imprévisible.

GRAND (2 mètres), sûr de lui et plutôt arrogant, le directeur du FBI s’est livré à une manipulation électorale qui laissera des traces dans l’histoire des États-Unis. On ne doit pas forcément vénérer Mme Clinton pour trouver abjecte la démarche du directeur du FBI. Il la justifie par le fait qu’il ne voulait pas qu’on lui reproche plus tard de ne pas avoir révélé au public un élément d’information qui n’a été porté à sa connaissance qu’il y a quelques jours. Mais il sait que, ce faisant, il a pesé de tout son poids dans le processus électoral. Comme en outre il ne cache pas que ses sympathies vont au parti républicain, sa manoeuvre relève d’une tentative de fausser le résultat du scrutin. D’autant qu’il s’est empressé de dire, avec une hypocrisie extrême, qu’il ignore encore le contenu des courriels en question et que leur examen prendra du temps, ce qui signifie sans doute que, si le FBI admet que, s’ils ne sont pas compromettants pour Mme Clinton, comme cela a été le cas pour d’autres emails en juillet dernier, les électeurs ne le sauront qu’après le 8 novembre.

Une bataille de caractères.

Les conséquences de son action sont en tout cas désastreuses pour le camp démocrate et très positives pour le camp républicain, qui savait la partie perdue et reprend espoir aujourd’hui. M. Comey a donc apporté son grain de sel à une campagne qui, loin d’opposer deux programmes de gouvernement, n’a porté que sur le caractère, la personnalité, les moeurs de chacun des deux candidats. Il était établi que Donald Trump ne supportait guère la comparaison avec Hillary Clinton, voilà maintenant que l’on tente de faire croire au public qu’elle est aussi odieuse que lui et que, en conséquence, il n’y a pas de raison ne pas choisir le candidat républicain. Depuis le début de la campagne, la délation, la diffamation, les attaques personnelles, le mépris pour l’adversaire, le sexisme, l’abondance des injures lancées par Trump sans la moindre considération pour les personnes, principalement les femmes et Mme Clinton, ont presque remplacé les problèmes économiques et sociaux, la politique étrangère des États-Unis, les questions de défense et de sécurité.

Une élection atypique.

Le camp démocrate n’est pas gagné par la panique, parce que Mme Clinton continue à compter sur la fidélité d’un électorat composé de minorités, de femmes et de salariés. Il n’empêche que la voie royale qui était censée la conduire à la victoire se rétrécit singulièrement et que l’on ne peut plus exclure sa défaite, même si les enquêtes faites par les instituts d’opinion continuent à lui accorder une avance suffisante pour emporter la majorité absolue des grands électeurs, soit plus que 270 sur 538, et une majorité relative en voix populaires. Selon les mêmes sondages, elle devrait aussi reconquérir le Sénat, la Chambre des représentants restant à majorité républicaine. Le vrai problème est institutionnel. Jamais une élection ne s’est déroulée dans un tel climat de haine et de coups bas. Jamais le fonctionnement des institutions n’a été autant bafoué par des individus qui ont mis leurs fonctions élevées au service du pourrissement du processus électoral. Jamais le populisme, de droite et de gauche, n’a envahi à ce point la sphère politique. Jamais ce pays n’a eu besoin de réformes aussi profondes.

RICHARD LISCIA

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