Le dilemme environnemental

Contrôle de police à Paris (Photo AFP)

Contrôle de police à Paris
(Photo AFP)

La pollution de l’air que nous respirons dans les grandes villes ne constitue pas un sujet secondaire. La maire de Paris, Anne Hidalgo, a apporté au pic de pollution par les particules fines une ferme réponse, en l’occurrence la circulation alternée. On a vu pourtant que le civisme n’est pas la vertu la mieux partagée.

L’AFFAIRE, comme il se doit, s’est rapidement politisée. Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, a jugé que l’absence d’une ligne de RER, fermée pour cause de rupture de caténaires, était incompatible avec la circulation alternée. Mme Hidalgo l’a très mal pris, qui manifestement, ne supporte pas le harcèlement de Mme Pécresse. Mais c’est ainsi : Paris est à gauche, la région est à droite et la région a évidemment son mot dire pour tout ce qui concerne la capitale. La maire a pour elle la vocation environnementale : si l’on admet que chaque année quelques dizaines de milliers de nos concitoyens meurent d’un air empoisonné, il faudrait être inconscient pour ne pas lutter contre cette épidémie contemporaine.

Entre deux maux.

Cependant, on ne peut pas nier non plus que les Franciliens, soumis à des trajets interminables qui s’ajoutent à leur temps de travail et parfois immobilisés par la panne du RER, sont victimes d’une décision de la mairie qui, en somme, choisit entre deux maux. Mme Hidalgo ne bénéficie pas des moyens appropriés pour la mise en vigueur de sa mesure draconienne. Les quelques milliers de conducteurs refoulés aux portes de Paris ou punis d’une amende ont surtout servi à démontrer que la police ne disposait pas d’une arme de dissuasion efficace. On a donc assisté à ce qui ressemble bien à un phénomène de désobéissance civile, soit que les conducteurs interdits roulaient dans une relative impunité, soit qu’ils préféraient payer l’amende que perdre leur journée de travail. Comme en outre existent des dizaines de dérogations à la mesure de la mairie (ambulanciers, bien sûr, mais aussi tous les professionnels qui ne peuvent travailler que s’ils se déplacent en automobile), on se retrouve dans un flou absolu dans lequel se perd la pertinence de la justice.

Les moyens d’une politique.

En fait, Anne Hidalgo a pris une décision désespérée que Valérie Pécresse, à tort ou à raison, juge déraisonnable. Désespérée parce que la maire de Paris n’a pas les moyens de sa politique. Qu’elle le veuille ou non, une bonne partie de l’économie des grandes villes dépend de l’automobile et la circulation alternée ne peut être instaurée que si les infrastructures le permettent. Or, non seulement le système francilien des transports publics est loin d’être idéal, mais il commence à souffrir sérieusement de sa vétusté. Une politique de protection de l’environnement exige surtout des investissements colossaux. On ne sache pas que la RATP soit riche. Plutôt que de rénover le système, elle bricole morceau par morceau.
Pour la même raison, l’interdiction aux voitures d’une partie de la voie sur berge ne fait que compliquer la vie des Franciliens. Au total, la pollution de l’air n’a pas diminué, et le nombre de véhicules en circulation n’a pas été réduit, sans doute parce que le nombre de tricheurs est très élevé. Sûrement, il y a quelque chose d’un peu suicidaire dans une population qui exige de rester active tout de suite, quitte à mourir plus tard. On mesure avec angoisse l’impact de l’activité humaine sur l’environnement, mais en même temps, on se rend compte qu’un bon coup de vent qui disperserait les particules nous rendrait un sacré service. Façon de réaliser que, face à la nature, nous sommes décidément bien peu de chose.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Le dilemme environnemental

  1. Elie Arié dit :

    Le marché de l’immobilier ( Mme Hidalgo n’y est pour rien) est en train de chasser de Paris les classes moyennes inférieures; les obligations de circuler en vélo, à pied, ou dans des transports en commun loin d’être totalement aménagés pour eux (escaliers inévitables) en chasseront les vieux et les handicapés. Et ainsi, Paris deviendra une ville réservée aux jeunes, riches et bien portants…

  2. Thomas dit :

    Sans les voies sur berges, il y a autant de voitures mais plus de bouchons. La pollution n’a pas diminué !!

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