Gauche : primaire incertaine

Macron perturbe le jeu (Photo S. Toubon)

Macron perturbe le jeu
(Photo S. Toubon)

Manuel Valls et Vincent Peillon présentent aujourd’hui leurs programmes, dans le cadre de l’élection primaire qui aura lieu ce mois-ci, les 22 et 29 janvier, et opposera, au total, pas moins de sept candidats.

DROITE ET GAUCHE s’affronteront en avril prochain dans des conditions plus favorables à la première qu’à la seconde, non seulement pour des raisons liées à l’affaiblissement du pouvoir tel qu’il est incarné par un président qui ne se représente pas, mais parce que la primaire, déjà compliquée par des candidatures nombreuses et idéologiquement disparates, n’empêchera pas Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron de se présenter à la présidentielle, sachant que l’un et l’autre feront des scores substantiels. La primaire de la gauche ne clarifiera pas le débat, alors que François Fillon est le candidat unique de la droite et du centre et que seule Marine Le Pen défend les couleurs de l’extrême droite.

La thérapie sévère de Fillon.

M. Fillon s’est employé à rassembler son camp, en se dotant d’une équipe de campagne où toutes les tendances, ou presque, sont représentées, en prenant bien soin de cajoler le centre et de lui offrir des circonscriptions, en s’efforçant d’inclure François Bayrou dans sa stratégie, soit en le laissant se déclarer candidat avec l’espoir qu’il attire une partie de l’électorat de M. Macron, soit en le neutralisant par une offre de poste. Cependant, à mesure que les doutes s’accumulent sur son programme, jugé trop réformiste par certains, qui craignent qu’il ne soit pas applicable, il a procédé à une mise au point lorsqu’il a présenté ses voeux aux Français : ses réformes ne seront pas bloquées par le « mur des critiques ». La victoire fulgurante qu’il a remportée lors de la primaire a confirmé le durcissement de la droite, il n’est pas dit pour autant qu’une majorité existe pour des changements inspirés par le principe d’austérité.
Les électeurs, dans leur majorité, souhaitent donner à la gauche le temps de se ressourcer et de passer quelques années dans l’opposition. Jamais le concept d’alternance n’a paru aussi logique si l’on tient compte des très fortes désillusions causées par la gestion socialiste des problèmes socio-économiques du pays. Que, dans ces conditions, Manuel Valls puise ses arguments dans la défense du bilan de M. Hollande, auquel il est si étroitement associé, peut paraître périlleux, encore que l’ex-Premier ministre n’ait pas le choix. Il pense être capable de réunir un fort noyau de gauche autour de son nom, mais le réalisme oblige à dire que la multiplicité des candidatures fragilise la sienne. Admettons néanmoins qu’il gagne la primaire socialiste, il n’aura fait que la moitié du chemin. Car, au mois d’avril, il devra affronter M. Mélenchon et M. Macron et la dispersion des suffrages au sein d’une gauche qui, depuis longtemps, ne représente plus que 35 % de l’électorat, devrait favoriser François Fillon et Marine Le Pen.

Macron peut-il prendre des voix à droite ?

Pour les électeurs qui ont voté en faveur d’Alain Juppé lors de la primaire de la droite, pour les centristes, pour tous ceux que le programme de M. Fillon effraie, la seule alternative possible est Emmanuel Macron qui, par rapport à M. Valls, a l’avantage d’être un peu moins lié à la gestion de M. Hollande et qui se présente avec un programme certes réformiste mais moins « brutal », comme on se plaît à le dire, que celui de l’ancien Premier ministre. Bien que M. Fillon ait renoncé à chambouler l’assurance-maladie et qu’il ne soit plus très sûr de ne pas remplacer 500 000 fonctionnaires en cinq ans, il affirme, avec une froide détermination, qu’il s’en tiendra à l’essentiel de son programme. Il ne peut faire autrement : il doit respecter le voeu des électeurs qui l’ont préféré à M. Sarkozy et à M. Juppé, il a formé autour de sa candidature un noyau dur de conservateurs catholiques, anti-atlantistes et quelque peu euro-sceptiques et il va s’efforcer de garder à ses côtés ceux qui lui ont apporté sa première grande victoire en donnant des assurances verbales (et des circonscriptions) aux autres tendances de la droite et du centre.
Le parcours que M. Fillon doit encore accomplir est le moins incertain parmi ceux de ses concurrents. Il n’empêche que, si la candidature de M. Mélenchon peut ruiner celle du vainqueur de la primaire à gauche, la candidature de M. Macron, elle, pourrait prendre beaucoup de voix à M. Fillon.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Gauche : primaire incertaine

  1. Andre MAMOU dit :

    En somme , Fillon, Macron, Valls, Mélenchon ..Seuls Macron et Valls auraient pu être réunis dans un ticket ! Les Brutus de Hollande!

  2. Elie Arié dit :

    On sera en tous cas reconnaissant à Fillon d’avoir introduit la politique de santé dans le débat des présidentielles : tous les candidats s’y mettent progressivement ( Valls, Montebourg…); c’est la première fois que je vois cela depuis des décennies !

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