Obama, Trump : la transition

Obama en larmes (Photo AFP)

Obama en larmes
(Photo AFP)

Barack Obama a choisi Chicago pour prononcer son discours d’adieu, en tant que président des Etats-Unis, au peuple américain. La gravité du moment a été quelque peu occultée par de nouvelles « révélations » sur les frasques, réelles ou imaginaires, de Donald Trump, qui s’en expliquera cet après-midi.

FONFLONS, larmes et émotion, il y avait dans le discours de M. Obama tous les ingrédients d’une communication efficace. Il y avait aussi un effort d’auto-justification destiné à contrer les critiques multiples dont il fait l’objet. Pour ma part, je n’ai aucun doute sur la place que l’histoire lui réservera dans la longue chaîne des présidences américaines, mais, pour démontrer l’utilité de ses deux mandats, je crois davantage au recul du temps qu’à une rhétorique forcément partisane. Il a sans doute pensé que l’on n’est jamais si bien servi que par soi-même et que, s’il ne présentait pas sa propre argumentation, il ne resterait de son travail que le champ de ruines que ses détracteurs et ennemis nous décrivent. « Yes, we did ! », s’est-il exclamé en écho à son slogan de campagne de 2008, « Yes, we can ! ».

L’enjeu, c’est la démocratie.

Les Américains feraient bien de se souvenir en effet que, si M. Obama n’avait pas guéri leur économie de la crise de 2008, ils auraient disposé de meilleurs arguments pour rejeter avec hargne la candidature de Hillary Clinton. Mais, en définitive, peu importe. Donald Trump a été élu, dans les conditions que l’on sait, mais qui ne changent rien et ne doivent surtout pas changer la force et la qualité des institutions du pays. L’enjeu de 2016 était moins la nature du Donald que la stabilité de la démocratie. Cependant, il faut être aveugle pour ne pas voir combien la présidence Obama a soulevé d’ardeur, parfois élégiaque, quand celle de M. Trump commence dans un désordre inouï. Et si sa présence au pouvoir, le 20 janvier, est controversée, c’est principalement à cause du personnage lui-même, qui a construit son image sur des positions et attitudes iconoclastes qui font que personne n’est jamais trop surpris d’apprendre qu’il est mêlé à tel ou tel scandale.

Une campagne de rumeurs.

Je ne crois pas que, pour le moment, il faille prendre très au sérieux les « révélations » selon lesquelles M. Trump aurait eu des comportements sexuels déviants ou soit mêlé à des compromissions commerciales. La nouvelle vague d’informations le concernant vient d’un ancien espion britannique, lui-même aux ordres d’ennemis, parfois républicains, de M. Trump. Une fois encore, c’est de Russie que proviennent les rumeurs, un peu comme si Vladimir Poutine avait des moyens de pression sur le nouveau président, qu’il n’aurait aidé à être élu que pour mieux exercer sur lui, par la suite, quelque forme de chantage. Ce qui est vrai, c’est qu’il ne faut dîner avec le diable qu’avec une très longue cuillère et que la sympathie excessive de Trump pour le maître du Kremlin demeure inexplicable. Ce qui est vrai aussi, c’est qu’il y a des problèmes qui n’arrivent qu’à Trump : le personnage qu’il joue sur la scène politique avec le cynisme de son ancienne émission de télé-réalité est de nature à attirer vers lui tous les soupçons car, qu’ils aient voté ou non pour lui, ses concitoyens ne sont jamais étonnés d’apprendre l’une ou l’autre de ses turpitudes.
Les électeurs américains, en tout cas, regretteront ou non Obama, ils ne savent pas trop ce que Trump leur réserve. S’il ne fait que le dixième de ce qu’il annonce, il chamboulera durablement les relations de l’Amérique avec le monde. Ceux qui, ici en France, ont eu des mots si durs pour Obama, notamment à cause de la Syrie, ne trouveront jamais les termes pour décrire les effets du protectionnisme, de l’isolationnisme ou de l’anti-écologisme de Trump. Dans cette cascade d’événements imprévisibles et même incroyables qui se produisent dans le monde depuis quelques années, le meilleur moyen de ne pas céder à la panique, c’est de relativiser l’influence d’un seul homme sur la planète, fût-il le chef de la plus grande puissance militaire.

RICHARD LISCIA

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